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21/11/2015

Peut-on faire fortune dans le recyclage ?

Eco-Emballages vient de se faire voler 30 millions d'euros !

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Une Société anonyme, au but non lucratif, qui exécute une mission d'intérêt général, contrôlée par un commissaire aux comptes, fait des placements dans des paradis fiscaux !

La révocation de son Directeur général en 2008 entraine une plainte en 2009, et sa mise en examen en 2015 !

Le "recyclage" n'est vraiment pas une activité sans risque...


L’ancien directeur d’Eco-Emballages mis en examen

LE MONDE ECONOMIE du 20 novembre 2015

Isabelle Rey-Lefebvre

Après une instruction de plus de six ans, Bernard Hérodin, l’ancien directeur financier puis directeur général de la société Eco-Emballages, spécialiste du tri et de la collecte de déchets, a été mis en examen le 15 octobre pour abus de biens sociaux, et placé sous contrôle judiciaire, comme l’a révélé Olivier Guichardaz, rédacteur en chef de la revue Déchets Infos, dans son édition du 18 novembre.

L’affaire débute en 2008, lorsque le commissaire aux comptes découvre qu’une partie de l’abondante trésorerie d’Eco-Emballages a été placée depuis 1999, par M. Hérodin, sur des fonds spéculatifs logés dans des paradis fiscaux, avec d’importantes dépréciations. La crise financière de 2008 étant passée par là, les fonds sont gelés et, des 70,8 millions d’euros investis, Eco-Emballages n’a à ce jour pu en récupérer que 43,1 millions d’euros, avec l’espoir de glaner encore 2,2 millions d’euros.

Ces placements se sont faits, à l’époque, par l’intermédiaire d’un conseiller financier, Michael Kraland, Néerlandais domicilié en Irlande, à qui la commission bancaire avait d’ailleurs retiré son agrément pour la France en août 2002. Non seulement ces investissements se sont révélés calamiteux, mais M. Hérodin est aussi soupçonné d’avoir touché des rétrocommissions de plusieurs millions d’euros sur des comptes personnels au Luxembourg, aux Pays-Bas et en Suisse. La lenteur de l’instruction, confiée au juge Guillaume Portenseigne du tribunal de Nanterre, s’explique par la complexité des flux financiers à démêler, nécessitant des commissions rogatoires adressées à divers pays.

Fonds publics

Fait aggravant, les fonds transitant par Eco-Emballages sont quasi publics. Créé en 1992, l’organisme est une société anonyme gérée par les industriels producteurs de déchets mais dont le but est non lucratif et qui accomplit une mission d’intérêt général. Eco-Emballages collecte la contribution (670 millions d’euros en 2014) des entreprises productrices d’emballages, essentiellement des secteurs de l’agroalimentaire et de la distribution (50 000 entreprises), soit une forme de taxe qu’il verse aux collectivités locales pour financer le tri et le recyclage.

  1. Hérodin, qui se dit spécialiste de la gestion de trésorerie – sujet sur lequel il a écrit deux ouvrages –, a donc pris des risques avec de l’argent destiné aux collectivités (ce qui n’est plus possible aujourd’hui car le ministère de l’environnement a, depuis cette affaire, interdit tout placement de ce genre dans des produits spéculatifs non sécurisés). Le juge devra aussi établir la responsabilité des administrateurs d’Eco-Emballages, issus de groupes comme Carrefour, L’Oréal, Nestlé ou Coca-Cola : étaient-ils au courant, comme l’a prétendu M. Hérodin lors des procédures qu’il a engagées à la suite de sa révocation et de son licenciement, survenus le 14 décembre 2008 ?

L’association Amorce, qui conseille près de 600 collectivités locales sur, entre autres, la gestion des déchets, s’était mobilisée sur ce dossier dès 2009 et avait porté plainte : « Nous n’avons eu aucune nouvelle pendant trois ans, avant d’apprendre que notre plainte avait été perdue ! » s’étonne Nicolas Garnier, son délégué général.

C’est finalement la plainte d’Eco-Emballages, déposée le 30 juin 2009 avec constitution de partie civile, qui a abouti. « Nous souhaitons que l’Etat contrôle mieux ces organismes gérés par les industriels, qu’il y ait une sorte d’autorité de régulation comme il en existe dans les télécommunications, l’audiovisuel ou l’énergie, revendique M. Garnier. La question est d’autant plus d’actualité qu’à partir de 2016, Eco-Emballages aura des concurrents. »

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/11/20/l-ancien-directeur-d-eco-emballages-mis-en-examen_4814209_3234.html#p86swldmYRovbRZl.99

 

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