16/02/2015
Presse locale, rentabilité difficile ?
Le Télégramme se diversifie pour gagner sa vie !
Avec la concurrence de l'internet gratuit, vendre un "papier" de chiens écrasés, avec portage à domicile est une "galère" ! et surtout ne permet plus de gagner assez pour assurer le renouvellement des investissements...
La migration du Télégramme vers un journal Internet est une opération délicate pour une organisation "ringarde", baignant dans le papier depuis des lustres, les sous-officiers locaux chargés d'interviewer "les grosses légumes, les journalistes de terrain, à la recherche du "scoop" local et dont les soirées sont meublées par tous les spectacles locaux.
Le service "dématérialisé" ressemble ainsi à une copie "d'étudiant", mal fagotée et peu avenante !
Les "blogs hébergés" ont reçu congé le 31 décembre 2014, probablement pour raison d'économie.
La diversification est donc la "porte de sortie", vers l'évènementiel "marin"...et les bénéfices !
Dure potion pour l'activité "Presse", qui est la base du métier du "Télégramme de Brest"...
Le Télégramme réalise un quart de son activité dans l’événementiel
Le Figaro du 16 février 2015
Édouard Coudurier, PDG du groupe de presse breton, est l’invité du « Buzz Média Le Figaro ».
Alexandre Debouté Édouard Coudurier, président-directeur général du groupe Télégramme. François Bouchon/Le Figaro
Édouard Coudurier est le président-directeur général du groupe Télégramme, qui édite le titre breton Le Télégramme, l’un des premiers quotidiens régionaux français. En 2014, son groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 150 millions d’euros, dont un quart provient désormais des diversifications, notamment dans l’organisation d’événements sportifs. L’éditeur souhaite par ailleurs s’impliquer dans le mouvement à venir de consolidation du secteur des télévisions locales.
LE FIGARO. - La diffusion du « Télégramme » est restée stable ces dernières années, au-dessus de 200 000 exemplaires par jour. Comment expliquez-vous cette belle résistance dans un contexte de baisse des ventes des quotidiens ?
Édouard COUDURIER. - Nous avons toujours eu une diffusion qui progressait davantage que le reste de la presse quotidienne régionale et de la presse en général. Nous avons acquis des positions fortes dans notre zone. Nous avons aussi fait en sorte de régulièrement faire évoluer nos formules. La dernière, qui a concerné tant le papier que notre site Web, date de l’an dernier.
Nous bénéficions par ailleurs d’un portefeuille de 160 000 abonnés en portage à domicile qui représentent 80 % de la diffusion. C’est évidemment moins volatil que la vente au numéro (ventes dans les kiosques, maisons de la presse, rayons des grandes surfaces… NDLR). 4 000 abonnés sont livrés par la Poste.
Dans le numérique, comment évolue votre offre ?
Notre offre multimédia a contribué à la fidélité de nos lecteurs. Nous avons été l’un des premiers éditeurs à tester l’information sur Internet en 1996. Nous avons donc été l’un des premiers sites de presse en France. Depuis la nouvelle formule lancée début 2014, nous proposons un abonnement commun papier et numérique qui donne accès à tout le contenu, rafraîchi en cours de journée. Nous ne voulons absolument pas opposer les deux supports, papier et numérique. Ils vont ensemble. Ils sont complémentaires. Il est d’ailleurs intéressant d’observer dans nos zones de diffusion des consommations différentes sur les deux supports. Ce qui est sûr, c’est que le numérique permet de faire de nouvelles choses. Pour notre projet éditorial, il était important de mobiliser toute la rédaction - soit un peu plus de 220 journalistes. L’ensemble de la rédaction s’investit dans ce projet.
En termes d’organisation, comment cela se traduit dans vos équipes ? Vous faites cohabiter deux rédactions ou bien ont-elles fusionné ?
Nous avons un desk pour le Web relativement réduit. En fait, c’est l’ensemble de la rédaction qui est amenée à travailler sur le numérique, avec des alertes en cours de journée, de la vidéo et tous les compléments que l’on peut offrir.
Vous êtes un groupe rentable, qui réalise 150 millions d’euros de chiffre d’affaires. L’une de vos spécificités est d’avoir constitué un pôle de diversification dans l’événementiel. Pourquoi cette stratégie ?
Comme tous, nous avons cherché à diversifier nos activités. Nous avons commencé à le faire dans notre région dans les années 1990 en investissant dans les radios, la presse gratuite et la distribution de prospectus. Mais nos marchés étant trop étroits, nous avons développé des activités au niveau national depuis une quinzaine d’années. L’une de nos premières diversifications a été Regionsjob.com, un site Web d’offres d’emplois et de gestion de carrières que nous avons lancé il y a quinze ans et dans lequel les groupes Le Monde et L’Obs détiennent encore chacun 6 %. Le numérique offre énormément de perspectives. Mais c’est aussi un domaine assez risqué, avec de grands acteurs qui ont des moyens financiers et technologiques colossaux. Nous avons donc souhaité nous appuyer sur un troisième pôle dédié à l’événementiel.
Quel poids pèse-t-il dans vos activités ?
Il représente désormais 40 millions de chiffre d’affaires, soit un quart environ de notre activité. Nous nous sommes d’abord développés dans la voile, en rachetant la société Penn Duick, qui gère plusieurs courses à la voile dont la Route du rhum, la Transat AG2R ou la Solitaire du Figaro. L’an dernier, nous avons également acquis OC Sport, qui réalise 90 % de son activité à l’étranger. Ce qui nous a plu dans ce projet, c’était d’abord l’équipe, que nous connaissons depuis des années. Cette société développe des projets importants à l’international. OC Sport gère par exemple le bateau chinois sponsorisé par Dongfeng (l’actionnaire de PSA Peugeot Citroën, NDLR) dans la Volvo Ocean Race, course autour du monde qui se déroule actuellement, et dont l’équipage mixte franco-chinois est en tête après avoir gagné la troisième étape en Chine. Aujourd’hui, le premier client du groupe Télégramme est Dongfeng. L’un des produits phares d’OC Sport est l’organisation des Extreme Sailing Series. La dernière course a eu lieu à Singapour, les prochaines à Oman ou en Chine. Ce sont des opportunités de développement sur lesquelles nous souhaitons continuer à avancer.
En dehors de la voile, vous vous intéressez à d’autres sports ?
Il y a le cyclisme, pour lequel OC Sport organise des épreuves dans les Alpes et les Pyrénées. La société s’est aussi positionnée dans l’athlétisme avec des marathons, comme celui de Genève ou le Nice-Cannes. D’une façon générale, nous voulons nous développer dans le sport outdoor.
En dehors du sport, nous avons aussi créé la société C2G avec Morgane Groupe, dans laquelle sont logés les festivals des Francofolies de La Rochelle et Le Printemps de Bourges.
Vous avez également deux télévisions locales. Quels sont vos projets dans ce domaine ?
Nous avons lancé Tébéo dans le Finistère il y a cinq ans et fin 2012 nous avons racheté Ty Télé, renommée TébéSud, une chaîne locale morbihanaise. Ce sont des télévisions qui ont une bonne audience et ont trouvé leurs publics. Nous essayons de faire fonctionner au mieux les synergies avec le journal et le numérique, ou encore avec Bretagne Magazine comme cela est possible. Les télévisions locales ont un modèle économique qui n’est pas encore stabilisé. Aujourd’hui, nous souhaitons participer à la consolidation d’un réseau national susceptible d’apporter des recettes publicitaires nationales car sans cela, elles ne s’en sortiront pas.
Comment ont évolué vos recettes publicitaires en 2014 ?
Sur le journal, la baisse de nos recettes s’est limitée à 1,5 %, ce qui est relativement acceptable sur un marché en recul de 8 % à 9 %. Cela reste néanmoins notre difficulté. Mais la publicité représente désormais un peu moins de 25 % de notre chiffre d’affaires. Nous devenons donc moins dépendants.
Et sur le Web ?
La publicité en ligne reste encore marginale pour nous. Mais elle progresse. Nous avons adapté nos formats, notamment en développant la vidéo. Mais les prix de vente étant faibles, ils ne parviennent pas toujours à couvrir les coûts de production. Là encore, il faut prendre des initiatives au niveau national et faire en sorte que la très forte audience des sites de la presse régionale - qui attirent 15 millions de visiteurs uniques mensuels - soit mieux vendue par la régie commune PQR 366 qui vient d’être mise en place. Il y a de belles perspectives sur le Web… Les marques investissent, mais elles le font davantage via une régie nationale.
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