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31/07/2014

La "course des canards"...

Les "Dardanelles", la guerre oubliée...

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Saint Goustan, les joutes du Loch.jpg

Un siècle après, on spécule à Saint Goustan sur le succès de "son canard" en matière plastique !

Le décor des Dardanelles est impressionnant ! Pour un marin, c'est la rencontre de deux mers dans un détroit resserré, avec souvent un fort clapot et un vent violent, dû à l'effet Venturi... quelques défenses encore sur la rive gauche en remontant et un monument "géant" en mémoire des évènements !

Winston Churchill, côté britannique, Mustapha Kemal, côté ottoman... des hommes de guerre, dont on reparlera plus tard !

Pour la France, c'est un deuxième voyage après l'épopée de Napoléon III...

La première guerre mondiale, sa complexité nous échappe toujours !


Joutes du Loch, 25 équipages et 500 canards...
Télégramme du 24 juillet 2014
Véronique Le Bagousse

Rendez-vous estival alréen, les joutes du Loch attirent toujours la foule des grands jours sur les rives de Saint-Goustan. Cette année, ce sera le 3 août.

« L'an passé il y avait environ 7.000 à 8.000 personnes, on espère faire aussi bien cette année. Mais c'est toujours difficile de quantifier puisque l'entrée est gratuite et que les gens vont et viennent à leur guise. Et puis il y a la météo, un facteur que l'on ne maîtrise pas ». Jean-Michel Sérazin, le président des Kiwanis, association organisatrice des joutes du Loch, présentait lundi soir le programme aux bénévoles dans la salle Jean-Macé, espérant bien sûr attirer un maximum de personnes, le 3 août prochain. « Nous avons chaque année une soixantaine de bénévoles pour encadrer quelque 240 jouteurs et informer les spectateurs », affirme le président.

Course de canards
Nouveauté de l'année, la course de canards - « en plastique » rassure le président -, devrait être un intermède remarqué. Les commerçants proposeront à leurs clients de parrainer des canards qui seront ensuite lâchés en amont du pont. Un chemin entre des chicanes leur sera réservé... Les premiers arrivés seront récompensés par différents voyages. Pour tenter sa chance il suffit d'acheter un ou plusieurs canards chez les commerçants. Le bénéfice des ventes sera reversé aux commerçants pour l'organisation de leurs animations annuelles. 500 canards sont déjà vendus...

25 équipages
Outre cet intermède, dont on pourra profiter après les matchs de poules, les joutes accueilleront, pour cette huitième édition, six équipages féminins et 19 équipages masculins qui s'affronteront dans le port de Saint-Goustan à partir de 9 h 30, le 3 août. La plupart des communes du Pays d'Auray seront représentées par une embarcation où l'on trouvera un barreur, six rameurs et un jouteur.

Prix pour les communes
Dès le 2 août, les équipages pourront s'entraîner sur le plan d'eau et se familiariser avec les lieux. Les meilleurs équipages seront récompensés. Leurs prix seront reversés à leurs communes respectives pour financer des actions pour les enfants en difficulté. « C'est l'une des missions des Kiwanis », assure Jean-Michel Sérazin. Enfin, comme chaque année, un classement des meilleurs déguisements permettra également d'attribuer des prix.

Pratique
Le 2 août de 9 h 30 à 13 h et de 14 h à 18 h entraînements, et Joutes le 3 août de 9 h 30 à 19 h. Course de canards entre 13 h et 14 h.

Dardanelles
Le Figaro du 17 juillet 2014
La guerre oubliée
François Cochet

L’expédition franco-britannique, imaginée par Winston Churchill pour créer un front oriental en 1915, se solde par un échec retentissant.

Le 19 février 1915, une flotte de 16 cuirassés britanniques, 4 français et un croiseur russe bombarde à une distance de 8 à 12 km les fortifications turques de Koum-Kalé et de Sedd-ul-Bahr. Sans grand résultat. Un mois plus tard, le 18 mars, 18 bâtiments de ligne pilonnent les forts turcs au prix de 3 navires coulés. La réussite n’est pas plus au rendez-vous, même si les tirs sont plus efficaces. Un corps de débarquement, préparé dès le 26 février, mais qui a été bien long à mettre en place, est finalement porté à terre le 25 avril 1915. Les combats des Dardanelles battent alors leur plein.

Que vont donc faire les Britanniques et les Français sur le Bosphore ?

L’entrée en guerre de l’Empire ottoman aux côtés des Empires centraux, le 1er novembre 1914, après plusieurs provocations militaires depuis l’automne, a changé la donne. Non seulement la Grande Guerre connaît un élargissement géographique considérable, mais désormais les questions stratégiques sont plus compliquées encore. L’Empire turc, désormais hostile, constitue une triple menace pour les Alliés. En contrôlant les détroits, il met en péril le ravitaillement de l’allié russe par les Franco-Anglais. Il vient aussi menacer les possibilités de déplacements de la flotte russe de la mer Noire. Mais la menace turque pèse aussi sur les Anglais. La Palestine est alors ottomane et le canal de Suez n’est pas très loin. C’est donc une artère vitale pour l’Angleterre qui est directement menacée. Cet ensemble de considérations amène Londres à envisager une opération dans les Dardanelles.

Par ailleurs, par ambition personnelle, mais aussi pour relever un défi intellectuel et stratégique, le premier secrétaire de l’amirauté britannique, Winston Churchill, est persuadé que la seule puissance de la Navy peut permettre de trouver une issue à la guerre. Il a déjà proposé un plan d’attaque le 25 novembre 1914, et devant le manque d’enthousiasme de son gouvernement, a envisagé en décembre 1914 une opération sur la Baltique. Les amiraux anglais l’en ont dissuadé rapidement. L’affaire rebondit en janvier 1915, lorsque le gouvernement russe de Petrograd, inquiet de voir ses armées en difficulté dans le Caucase face aux Ottomans, entrés en guerre en novembre 1914, demande aux Anglais une opération qui permettrait de soulager la pression turque sur eux.

Les débats sont houleux parmi les dirigeants civils et militaires britanniques. Lord Kitchener of Kartoum, considérant que la priorité militaire absolue se situe sur le front occidental, est d’abord très réticent. Winston Churchill obtient le soutien de l’amiral Sackville Carden, qui commande une escadre en Méditerranée. Il s’agit d’abord de forcer les Dardanelles avec des navires relativement anciens, afin de ne pas mettre en péril les plus beaux cuirassés britanniques, pour imposer aux Turcs une paix séparée. À partir de là, les projets de Churchill sont plus grandioses. Il envisage que cette opération, forcément victorieuse, doit impressionner fortement les autres puissances balkaniques encore neutres à cette époque et les amener à se rallier aux Alliés. Des armées alliées, sous commandement britannique, bien entendu, pourraient alors progresser en remontant le long de la vallée du Danube et parvenir à Vienne pour menacer ensuite l’Allemagne. Marquée encore par des déplacements d’armées à grandes distances, la pensée de Churchill ne tient guère compte du principe de réalité et des possibilités de défense induites par les plus récentes technologies armurières.

En tout cas, les Anglais arrivent à convaincre, tant bien que mal, Joffre de participer à l’opération. C’est en fait l’incapacité des Alliés à forcer les détroits par la seule puissance navale qui les amène à envisager de débarquer des troupes. Le général Ian Hamilton et ses troupes du Mediterranean Expeditionary Force (MEF), stationnés en Égypte, sont d’abord rassemblés sur la presqu’île de Gallipoli. Mais les lignes logistiques sont complexes et fragiles depuis l’Égypte et il faut plus d’un mois pour rassembler les 70 000 hommes ; plus encore pour acheminer leurs équipements.

C’est donc seulement le 25 avril 1915 que la 29e division britannique, les soldats de l’ANZAC (Australian-New Zealand Army Corps), ainsi qu’une division française, commandée par le général d’Amade, débarquent sur cinq plages des Dardanelles. Sur quatre plages, les soldats britanniques sont rapidement bloqués par le feu ottoman après avoir progressé de quelques centaines de mètres. Les Français progressent un peu mieux sur la plage de Koum-Kalé. Des tranchées sont creusées à la hâte pour protéger les hommes des tirs ennemis. Durant trois mois, le général Hamilton tente de percer la défense turque. Dotés de pièces d’artillerie d’origine allemande très efficaces, ayant truffé les détroits de nombreuses mines qui occasionnent des pertes importantes à la flotte alliée, les Turcs sont de redoutables combattants. Le général Henri Gouraud remplace le général d’Amade au début du mois de juillet 1915. Dès le 30 du même mois, il est très gravement blessé par un obus ottoman. Il y perd le bras droit et devient le plus célèbre manchot de l’armée française. C’est Gouraud qui suggère au général Hamilton une manœuvre de débordement en débarquant des troupes sur les arrières turques à Souvla. Ce deuxième débarquement commence assez bien, mais très rapidement la défense, organisée par le colonel Mustafa Kemal, tient les alliés en échec.
L’opération se solde par un fiasco. Les pertes sont très lourdes de part et d’autre, sans aucun résultat tangible pour les Alliés. 180 000 Alliés sont tués, blessés ou disparus. Les Néo-Zélandais et Australiens surtout ont payé un très lourd tribut. Les pertes turques sont sans doute deux fois plus importantes. Les rêves de grandeur de Churchill sont oubliés. En décembre 1915, seul véritable succès de l’opération, les Alliés réussissent à évacuer les Dardanelles sans que les Turcs ne soient alertés jusqu’au dernier moment.
Les enseignements de cette malheureuse affaire sont nombreux. L’opération des Dardanelles montre les limites de la seule puissance navale. Par ailleurs, elle innove dans les manœuvres de débarquement. Ainsi le navire de transport River Clyde est-il échoué volontairement et des ouvertures y sont pratiquées pour permettre aux troupes de débarquer.

Au plan stratégique, l’idée n’était pas si mauvaise que cela, puisque, en octobre 1918, le général français Franchet d’Esperey, partant de Salonique, perce effectivement le front bulgare et atteint le Danube le 19 octobre, puis Belgrade. Dans la réalisation de la stratégie périphérique de Winston Churchill, les difficultés d’approvisionnement peuvent être tenues pour largement responsables de l’échec. Outre l’opiniâtreté et le courage des soldats ottomans, ce sont les défauts de la logistique des Alliés qui sont largement responsables de leur échec. L’eau potable doit venir d’Égypte par bateaux-citernes, par exemple. À partir de septembre, les Alliés déplacent leurs troupes du front d’Orient vers Salonique et les reconstituent.
Hamilton et Churchill paieront leur échec. Le premier est remplacé à la tête des armées britanniques du secteur par le général Michael Monro. Le second est contraint de démissionner de son poste de lord de l’Amirauté et se fera oublier en prenant le commandement, durant quelque temps, d’un régiment britannique sur la Somme. L’échec des Dardanelles ne fait pas renoncer Winston Churchill à ses idées de stratégie périphérique. On sait combien il les mettra en pratique, comme premier ministre, durant la Seconde Guerre mondiale.

L’opération des Dardanelles connaît aujourd’hui un traitement mémoriel très contrasté. En France, le « poilu d’Orient » est négligé, rejeté dans l’ombre au profit de celui de Verdun, de la Somme ou du Chemin des Dames. Peu d’études universitaires lui sont consacrées. En revanche, en Australie et en Nouvelle-Zélande, les Dardanelles sont érigées en repères essentiels de la mémoire collective. L’âpreté des combats, les conditions de vie difficiles dans des paysages arides où les tranchées sont difficiles à creuser, et les pertes très lourdes subies par les deux nations de l’hémisphère austral, demeurent aujourd’hui des images très vivantes de l’histoire australienne et néo-zélandaise.

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