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26/05/2014

BULL, symbole de l'informatique "française" !

Après plusieurs nationalisations, BULL finit dans les bras d'une autre société d'informatique...

Bull, DPS 6.jpg

La notoriété d'une société est liée à la qualité des produits, qu'elle commercialise... à l'époque des cartes perforées, elle vend des perforatrices de carte et des tabulatrices, qui rivalisent avec celles d'IBM.

Au début des ordinateurs, elle met au point le Gamma 10, qui se programme à l'aide d'un tableau à fiches ! 300 cartes à la minute, 300 lignes à la minute... une machine très productive !

Pour les grands centres, elle fabrique le Gamma 60, un monstre, qui sera vendu seulement à 6 exemplaires à différents services publics français... un échec commercial, en raison du différentiel technique (technologie à lampes) avec la gamme concurrente d'IBM 1410 et 360 (technologie à transistors) et qui précipitera la déconfiture financière de BULL.

Adossée à General Electric, elle fabrique et commercialise les ordinateurs américains GE100, GE200, GE400 et GE600, dont une partie du logiciel système est conçu par BULL. Le "time sharing" du GE 200 est lui aussi mondialement connu ! Elle garde la conception et la fabrication de "petits systèmes" 53, 55 et 58, destinés à l'informatisation de la gestion des petites entreprises. Ce sera un succès, imité avec retard par IBM et sa série 34, 36 et 38, donnant naissance ensuite à la série I.

Honeywell récupère l'affaire et impose les H1000 et H2000, et surtout l'encodage sur bande magnétique, qui signe la mort définitive de la carte perforée !

Une partie de ses recherches sur un ordinateur de taille moyenne est revendue à la Russie et au bloc de l'Est sous le nom de TESLA 100 !

A l'époque, elle dispose d'une très grande renommée en raison de la qualité de ses équipes d'entretien et de réparation (le SEC), 1500 personnes, qui interviennent en clientèle.

Elle détient également de très nombreux brevets recherchés, comme celui de l'écriture magnétique CMC7, encore utilisée sur les chéquiers en service (sauf aux Etats Unis, qui préfèreront la lecture de caractères optiques...).

Elle fait parler d'elle également lors du lancement du premier micro-ordinateur, mais passera à côté de cette invention...

Ce qui la tue définitivement, c'est le développement des micro-processeurs de plus en plus puissants, mis au point outre atlantique, rendant préhistorique l'assemblage de composants discrets...

La "plus-value" se situe dans cette recherche, dont le coût n'est plus accessible à des entités, comme BULL !


OPA d'Atos sur Bull, fin d'une saga de l'informatique française
Le Monde.fr du 26 mai 2014

Le groupe de services informatiques Atos va lancer une offre publique d'achat amicale sur le dernier constructeur informatique français, Bull, souhaitant profiter des compétences que ce dernier a développées en matière d'informatique dématérialisée, de cybersécurité et de traitement de grandes masses de données (big data).

Atos propose 4,90 euros par action Bull, ce qui valorise l'ensemble de la société à 620 millions d'euros. Issu du plan "Calcul" lancé par le général de Gaulle, Bull a connu une existence agitée, mais a néanmoins réussi à développer quelques compétences fortes dans les services, tout en conservant une petite activité sur certains créneaux très pointus du hardware : supercalculateurs et installations informatiques "durcies" pour les besoins des militaires et services de sécurité. Bull a réalisé l'an dernier un CA stable de 1,26 milliard d'euros, mais son bénéfice net a été divisé par trois à 10,9 millions d'euros et le groupe a dû mettre en œuvre un plan sur trois ans pour redresser sa rentabilité. Atos espère du rapprochement avec Bull des synergies de coûts de 80 millions d'euros. "Le rapprochement des deux entreprises donnera naissance au n° 1 du cloud en Europe et à l'un des principaux leaders dans la cybersécurité", indique un communiqué commun d'Atos et Bull.

Bull, un emblème national maintes fois revenu d’entre les morts
Les Echos du 26 mai 2014
Solveig Godeluck

Bull, un constructeur informatique né pour être une alternative à IBM, a longtemps été contrôlé par des Américains, General Electric puis Honeywell. La nationalisation a précipité le déclin.

Neuf mille salariés, 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires, et une marque chargée d’histoire. C’est tout ce qui reste de Bull et du grand rêve de créer une industrie informatique nationale en France. Thierry Breton n’en fera qu’une bouchée. Le repreneur, qui connaît la société de l’intérieur pour l’avoir dirigée en second de Jean-Marie Descarpentries dans les années 90, est bien placé pour savoir que Bull est plusieurs fois revenue d’entre les morts.

Avant de devenir l’emblème de l’informatique française, Bull a eu une histoire européenne. La société porte le nom de l’ingénieur norvégien qui déposa les premiers brevets lui ayant donné naissance en 1921. Sa machine, une « trieuse-enregistreuse-additionneuse à cartes perforées » permettait à son employeur, une société d’assurance, d’éviter de louer du matériel auprès d’IBM. La technologie est revendue à des Suisses après la mort de Fredrik Rosen Bull. Elle atterrit en 1931 à Paris, avec des actionnaires français. La Compagnie des Machines Bull devient alors le premier concurrent du géant américain sur le sol français et en Europe.

General Electric prend la majorité du capital

Après la seconde guerre mondiale, l’industrie des calculateurs se développe rapidement. Le petit Bull peine à investir au même rythme qu’IBM, et son titre décroche en Bourse. Les administrations clientes, comme EDF ou la Marine nationale, ne vont plus pouvoir travailler avec cette société en manque de fonds propres. Il faut la recapitaliser de toute urgence. Le ministre des finances de 1963, un certain Valéry Giscard d’Estaing, refuse de la laisser tomber aux mains de General Electric. Mais comme il n’a pas grand chose à offrir en échange - une garantie des emprunts de Bull a minima -, la direction de l’entreprise finit par offrir 49 % du capital au conglomérat américain. Quatre ans plus tard, la société a creusé ses pertes : GE la recapitalise et prend la majorité. Quand l’Américain décidera de sortir de l’informatique en 1970, c’est un de ses compatriotes, Honeywell, qui reprendra ses parts.

L’« affaire Bull » fait grand bruit. A tel point que le président De Gaulle décide de lancer le « plan Calcul », en 1966. Doté de 300 millions de francs par an, il a pour but de créer une informatique nationale, puis d’offrir une réponse européenne à l’hégémonie américaine. L’Etat imagine une Compagnie internationale pour l’Informatique (CII), qui s’allie en 1972 à Siemens et à Philips pour fabriquer des ordinateurs européens. C’est un échec. Honeywell Bull est donc appelé à la rescousse pour sauver la CII en l’avalant, trois ans plus tard. Des efforts récompensés par une nette augmentation du budget du plan Calcul, à 2 milliards de francs par an. Les PC de Bull envahissent l’administration française.

Las, la nouvelle entreprise n’est pas aidée par ses actionnaires. L’un d’eux, la CGE, vend ses actions à Saint-Gobain, qui ponctionne la trésorerie. En 1982, Bull est nationalisée en quasi-faillite. Le gouvernement socialiste en fait un instrument de sa politique économique (rachat d’entreprises, embauches en série, implantation d’une nouvelle usine) tout en apportant des capitaux.

Zenith, une acquisition catastrophique
Alors que Bull a retrouvé la santé en pariant sur Unix, une acquisition catastrophique le fait replonger à partir de 1989. Il va perdre des milliards de francs à cause du numéro deux mondial des PC portables, Zenith Data Systems. A peine acquis par le Français, ce dernier perd son principal client, l’US Air Force, et s’enfonce dans les pertes. C’est le début des charrettes de salariés. Le Pdg Francis Lorentz est débarqué en 1992.

Pour sauver Bull, l’Etat va apporter 7 milliards de francs de capitaux frais, et France Telecom 1,6 milliard de plus. En contrepartie, l’entreprise sera privatisée en 1994. Thierry Breton entre en scène dans le feu de l’action. A force de cessions et de réductions de coûts, l’entreprise est remise sur les rails.

Mais le répit est de courte durée. En pleine bulle Internet, l’emblème de l’informatique nationale qui n’est plus que l’ombre d’elle-même renoue avec les pertes. Bull doit de nouveau tendre la sébille à l’Etat, qui lui avance 100 millions d’euros en 2001, puis 350 en 2002 pour éviter le dépôt de bilan. Les dirigeants successifs, Pierre Bonelli puis Didier Lamouche, vont assainir les finances et réorienter l’activité. C’est finalement Philippe Vannier qui touchera les fruits de la restructuration. En 2009, sa holding Crescendo prend 22 % du capital de Bull, en échange d’une petite société, Amesys , qui sera dépréciée dans les comptes de Bull par la suite. Entre temps, Philippe Vannier est devenu président de Bull . C’est lui qui scellera l’accord de cession à Atos avec Thierry Breton.

La saga Bull, des cartes perforées au rachat d'Atos
01 Net du 26 mai 2014

Des tabulatrices à l'OPA d'Atos en passant par le plan Calcul du général De Gaulle, Bull a connu une existence tourmentée, entre plans sociaux et changements de propriétaires. Retour sur 83 ans d’histoire du dernier constructeur français.
Marie Jung

Atos vient d’annoncer une OPA amicale sur Bull. En plus de 80 ans, l’histoire de Bull a été plus que mouvementée entre une fusion avec General Electric, une nationalisation puis une privatisation de la société. Bref rappel des périodes et dates clefs de l’un des pionniers des systèmes d’information.

1931 : une genèse européenne

Bull est créé en 1931. Au départ, la société commercialise des machines à statistiques appelées tabulatrices. C’est l’époque des cartes perforées. Les entreprises européennes y voient une alternative aux produits de l’américain IBM (International business machines). Les actionnaires de Bull sont français, suisses et belges. Les PDG sont recrutés parmi les officiers de l’armée française.

La société doit son nom à Fredrik Rosing Bull propriétaire du brevet des trieuses à cartes perforées en 1921. À l’époque, cet ingénieur norvégien cherche à accélérer les prises de décision de certaines sociétés d’assurance scandinaves. À partir de 1927, le Belge Émile Genon est propriétaire des droits relatifs aux brevets Bull, mais les revend au Suisse Oscar Bannwart qui construit la première machine Bull en 1929.La fabrication est transférée à Paris la même année.

De la deuxième guerre mondiale au début des années 60 : l’heure de gloire

En 1940, Bull met au point les premières calculatrices électroniques. Et en 1960, la société est classée neuvième entreprise française à la Bourse de Paris. « Bull est alors le deuxième constructeur informatique mondial et le numéro un européen » précise l’AFP. Elle se voit comme un rempart face à l’hégémonie américaine dans le traitement de l’information. C’est l’époque de la guerre froide. Le français vend ses équipements à l’Union soviétique, à la Chine et au Japon. Il pratique le prêt gratuit de machines et gère correctement le lancement de nouvelles générations de matériel en ralentissant les ventes. Entré dans l’entreprise en 1936, Joseph Callies sera PDG de 1948 (ou 1949) à 1964. Il développe le paternalisme social pour tirer parti du talent de chaque salarié.

Des années 60 au début des années 80 : la période américaine
Fini l’époque des tabulatrices et des cartes perforées, place à l’électronique, aux ordinateurs avec leur mémoire et leurs unités de stockage. Annoncé en 1957, mais lancé en 1961, Gamma 60 est le premier ordinateur multitâches (capable d’exécuter plusieurs programmes en même temps). Mais, trop compliqué à utiliser, il ne réussit pas à percer. C’est l’IBM 1401 qui rafle la mise.

Dans les années 62 et 63, c’est l’effondrement du cours de l’action et des bénéfices. Bull subit de plein fouet la bulle de l’électronique. L’américain General Electric (récupère 49 % du capital de la société. Les autres actionnaires sont français, la Compagnie générale des eaux, la Caisse des dépôts, la CSF. General Electric s’intéresse au haut gamme des machines et laisse la gamme moyenne à Bull.

En 1964, Bull devient une filiale de General Electric et s’appelle alors Bull General Electric. En 1969, Bull fournit les machines qui contrôlent les organes de la fusée Saturn V développée par la NASA. La société est alors présente sur les segments du calcul pour l’espace et la recherche en physique, mais ne propose pas de logiciels pour les entreprises.

1966. Au nom de la souveraineté nationale et pour la force de frappe nucléaire française, le général de Gaulle crée de la Compagnie internationale pour l'informatique (CII) à partir de filiales des groupes Schneider, CGE et CSF. Un an plus tard, il lance le "plan Calcul", convention entre l'État et la CII pour développer des ordinateurs scientifiques et de gestion. L'aide de l'État sera reconduite sous son successeur, Georges Pompidou, dans un second "plan Calcul".

En 1970, GE cesse toute activité informatique. L’américain Honeywell rachète les parts de son compatriote et fusionne avec Bull. Au milieu des années 70, Honeywell Bull absorbe la CII pour devenir CII-Honeywell-Bull.

Des années 80 à nos jours : nationalisation puis privatisation
Puis c’est au tour de Saint-Gobain de prendre une majorité du groupe pour tenter la construction d’un IBM européen. « Saint-Gobain est alors un vaste conglomérat cherchant à prendre un tournant technologique », précise l’AFP. Le groupe se spécialise sur les serveurs moyens et haut de gamme.

En 1982, l’État nationalise Saint-Gobain et « détache le groupe informatique qui prend son nom actuel Bull ». Bull naît du regroupement de CII-Honeywell Bull, SEMS et Transac. L’Etat français devient majoritaire dans le capital. En 1989, Bull acquiert Zenith Data Systems, constructeur américain de micro-ordinateurs, qu’il revendra en 1996 à la société Packard Bell NEC. En 1993, l’entreprise est en difficultés et l’État recapitalise l’entreprise dont il est l’actionnaire principal.

En 1994, la société ouvre son capital aux actionnaires privés. Aux débuts des années 2000, l’activité cartes à puces est revendue à Schlumberger, pendant qu’une partie des activités de services en Europe est récupérée par Steria. Le groupe se restructure, revient à la profitabilité en 2003 et en 2004, c’est la privatisation totale. Bull se spécialise dans les supercalculateurs (HPC) et concentre ses activités sur la France et ses voisins. En 2010, le Tera-100 succède au Tera-10. Comme lui, c’est le supercalculateur le plus puissant d’Europe. Il est installé au CEA et sert dans le cadre de simulation nucléaire.

Lors du printemps arabe, « Bull connaît un nouveau coup dur avec l'affaire Amesys, nom du système de surveillance d'internet vendu en 2007 à la Libye de Kadhafi par la société du même nom, que le groupe a rachetée en 2010. Une enquête pour "complicité de torture" a été ouverte en janvier 2013, écornant l'image du groupe alors qu'il recommençait tout juste à se reconstruire » rappelle l’AFP.

En janvier 2014, Bull lance un plan de développement pour devenir l’opérateur de confiance de la donnée en entreprise. Avec le programme One Bull, la société fait le pari du Cloud et du Big Data et veut s’appuyer sur ses trois compétences principales : le calcul haute performance, l’intégration d’architectures complexes et la sécurité.

En plus du secteur des HPC, la société est très présente dans les domaines de la sécurité (via sa filiale Evidian) et du Cloud (avec une solution Iaas et via sa filiale Agarik).Evidian, propose des solutions de sso (single sign on) pour les entreprises. Le salarié n’utilise alors qu’un seul mot de passe pour accéder à l’ensemble de ses applications. Et Agarik est spécialisée dans l’infogérance et l’hébergement Cloud. Elle accueille les SI (Système d’information) de clients comme Dassault. Son chiffre d’affaires 2013 s’élève à 1,262 milliard d’euros et à des activités dans plus de 50 pays.

En mars de la même année, l’organisation One Bull est mise en place avec deux segments d’activités : Data infrastructure et Data Management.

Et le 26 mai, Atos lance une OPA (Offre publique d’achat) amicale sur Bull. PDG d’Atos depuis 2009, Thierry Breton connait bien Bull. De 1993 à 1998, il est successivement nommé directeur de la stratégie aux côtés du président du groupe Jean-Marie Descarpentries, puis directeur général adjoint, administrateur et enfin vice-président du conseil d’administration.

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