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21/04/2014

Chaos idéologique et pratiques religieuses...

L'église catholique est en grandes difficultés en Bretagne, la beauté du cadre de vie, aussi !

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Dans une société "en déclin", les conflits de génération s'amplifient et la sociabilité diminue...Les valeurs communes, transmises en famille, disparaissent et conduisent à des comportements de moins en moins sociaux !

L'archaïsme en campagne est patent et le conservatisme prédominant... ils font fuir les jeunes générations et vident les églises... c'est ainsi que des associations laïques (les restaurants du chœur) prennent petit à petit la place de l'action sociale de l'église catholique...

Les églises sont vides, les pratiques religieuses de plus en plus ténues, les enterrements à la limite de la décence...

D'un autre côté, la grande distribution et le commerce péri-urbain magnifient la "consommation et l'acte d'achat" ! La "fête" est dans les courses et les caddies ventrus ! Le "matérialisme" gagne la périphérie dans la laideur de ses hangars et ses parkings.

Le "centre-ville" se vide et ressemble de plus en plus à ces églises abandonnées !


Eglise catholique, un Breton sur trois sans religion
Télégramme du 21 avril 2014

Après sa crise spectaculaire des années 70, l'Église catholique en Bretagne vit aujourd'hui une révolution moins visible mais plus profonde. Un tiers des Bretons se disent désormais « sans religion ». Et leur rapport au sacré a bien changé.

En 20 ans, l'Église catholique a été bouleversée, soulignent Yvon Tranvouez et André Rousseau, deux des auteurs de « Religion (s) en Bretagne aujourd'hui » (*), enquête réalisée par la section Religion de l'Institut culturel de Bretagne.

Qu'est-ce qui a changé ?
Entre 1996 et 2009, la proportion des Bretons qui se disent catholiques, dans les sondages, a chuté de 84 à 67 %. Mais ceux qui sortent du catholicisme ne se dirigent pas vers les autres religions : toutes ensemble, celles-ci ne totalisent que 3 % des déclarations d'appartenance, comme en 1996. Il y a donc une perte d'emprise des institutions religieuses.

Est-ce pour autant un rejet total du sacré ?

Non, il semble plutôt que le sacré
se reporte ailleurs. L'ésotérisme se vend bien dans les librairies, et plus encore, les livres sur le bien-être et la psychologie. La santé remplace le salut : on est passé de la préoccupation de la bonne mort au souci de la bonne vie. Et on ne supporte plus de se voir imposer des normes de conduite sexuelle, par exemple. Les gens bricolent eux-mêmes leur spiritualité, en libre-service. Ce n'est pas par hasard si nous avons choisi la Vallée des Saints, à Carnoët, comme photo de couverture du livre. Ce site, de plus en plus fréquenté, restera-t-il une simple attraction touristique ou deviendra-t-il un sanctuaire ? Tout dépendra de la façon dont les visiteurs se l'approprieront.

Qui sont les « cathos » en 2014 ?
En simplifiant, le catholique pratiquant statistiquement le plus présent est une veuve de 70 ans. Les retraités sont majoritaires. Il y a tout de même des jeunes (43 % des 18-25 ans se disent catholiques), plus attirés par des regroupements ponctuels et festifs que par la messe dominicale. Les mouvements caritatifs, comme le Secours catholique, se portent bien, tout comme le scoutisme. En revanche, l'Action catholique est en profond déclin. Les groupes charismatiques, qui donnaient beaucoup d'espoir, commencent eux aussi à vieillir. On observe, en revanche, une réelle vitalité dans des paroisses urbaines de centre-ville, plutôt bourgeoises et de sensibilité traditionnelle, où s'affirme un catholicisme identitaire.

Quel est le poids du clergé ?
Prêtres, religieux et religieuses sont de moins en moins nombreux et leur moyenne d'âge est très élevée. Leur diminution implique de recourir à un personnel diocésain laïque et de plus en plus professionnalisé. Cette redistribution des tâches ne va pas sans conflits, notamment parce que les jeunes prêtres sont souvent plus traditionnels que les laïcs bénévoles qui s'investissent dans la vie paroissiale.

Les Bretons sont-ils toujours attachés à leurs églises ?
Oui, ou en tout cas à leur clocher. On l'a vu lors des référendums de Plounérin et de Plouagat : les habitants préfèrent assumer les lourdes dépenses de remise en état de leur église plutôt que de se résoudre à sa destruction. Le clocher, c'est l'emblème du village.

Quel avenir pour le catholicisme en Bretagne ?

C'est difficile à prévoir. Pour le moment, l'allongement de la durée de la vie amortit la chute. Mais après 2030, que se passera-t-il, avec des générations élevées à l'écart de la religion ?

* Édité par le Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC) et l'Institut culturel de Bretagne.

La France reine de la laideur et de l’aberration économique
Le Figaro du 19 avril 2014
Natacha Polony

Qui n’a jamais été effaré, à l’abord d’une ville, de cette succession de blockhaus aux couleurs criardes, de ces panneaux à perte de vue, de ces parkings aux dimensions soviétiques ? Qui ne s’est jamais senti agressé par ces publicités hurlant leurs slogans en lettres disproportionnées ? Qui, alors, n’a jamais songé que l’Occident, en ce XXIe siècle, avait inventé un nouveau genre d’univers concentrationnaire, d’autant plus dangereux que l’enfermement y est volontaire ?

Les privilégiés qui peuvent s’échapper de leur pays défiguré auront sans doute remarqué que ni l’Italie ni l’Espagne ne subissent cette agression dont le « plus beau pays du monde », le pays aux 80 millions de touristes, s’accommode sans plus de protestations. Ah si, à chaque nouvelle implantation, une association de riverains tente un baroud d’honneur, fait valoir la survie des commerces locaux, la qualité de vie, l’esthétique… Peine perdue. Dans le sud de la France, dans ce pays de Giono, de Pagnol, de Mistral, l’horreur est un mode de vie. Manosque, ville martyre. Mais le constat vaut partout ailleurs. Quel lecteur de ces lignes, s’il vit dans une commune de moins de 30 000 habitants, n’a eu vent du projet de construction d’une nouvelle grande surface dans son secteur ?

Le bassin d’Avignon compte 250 000 habitants. Son offre de grandes surfaces équivaut à celle d’une ville de 600 000 habitants. Et les achats de foncier se poursuivent. Autour de Carpentras, ville de 30 000 habitants qui compte déjà tout ce qu’il faut d’enseignes diverses et de laideur urbaine, on vit avec le projet d’un nouvel hypermarché et d’une galerie marchande. Pendant ce temps, le centre-ville se désertifie, les commerces ferment, et l’ambiance s’assombrit. Dans toute la France, plus de 50 grandes surfaces sont actuellement en construction, au point que la surface commerciale augmente tous les ans de plus de 3 %, alors que la consommation évolue à moins de 1 %. Et l’équivalent d’un département entier recouvert de goudron en l’espace de dix ans, pour les routes et les parkings. Dans la colère que les Français ont exprimée aux élections municipales, sans doute y avait-il un peu de cette impuissance face à la dégradation inexorable de leur cadre de vie.

Mais ce sont des emplois, rétorquera-t-on, de l’activité, de la croissance ! C’est en général l’argument des maires qui se laissent convaincre de s’ouvrir à cette merveilleuse modernité. Passons sur les éléments qui peuvent faire basculer leur décision, financement d’une route d’accès ou d’un rond-point, quand on ne soupçonne pas quelque proposition moins avouable. Au nom de l’emploi, donc. Mais à ce compte-là, la France devrait manquer de main-d’œuvre !

Précisons donc qu’au titre du crédit impôt compétitivité emploi, Auchan aurait touché quelque 25 millions d’euros. Carrefour, lui, s’est fait rembourser 125 millions. Pour la création d’emplois non délocalisables, non soumis à la concurrence internationale, et dont 40 % sont des emplois précaires. Pour le dire autrement, le choix de la France est de favoriser un système qui détruit son urbanisme, sa qualité de vie, son agriculture, ses emplois de proximité (trois emplois détruits pour un emploi créé dans la grande distribution), au profit d’emplois non qualifiés, précaires et générateurs d’une frustration immense.

Le choix de la France, mais pas le choix de ses citoyens. Car tel est le paradoxe : ce phénomène d’enlaidissement généralisé et de désertification des centres-villes est partout dénoncé. 8 % de vacance de commerces dans les villes françaises, plus de 10 % dans certaines villes comme Béziers ou Perpignan. Quiconque y verrait un lien avec le vote de ces villes aux élections municipales n’aurait sans doute pas complètement tort.

Dans le sentiment de désespérance qui frappe de nombreux Français, dans la crise identitaire qui les mine, il entre pour une part l’impression que ce qui faisait la beauté de leur cadre de vie, le cœur de leur sociabilité, est en train de disparaître. S’en inquiéter ne relève plus d’une coupable nostalgie pour un monde révolu, d’un manque de sensibilité aux merveilles de la modernité et d’un refus obtus de considérer les nécessités économiques, mais du minimum de responsabilité politique pour qui veut éviter le chaos idéologique.


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