15/10/2010
Trop tôt ou trop tard ?
Tempêtes, E. Le Cornec interroge la mémoire des sites
Télégamme de Brest du 7 octobre 2010
Géographe installé à Étel, Erwan LeCornec mène des études sur les espaces littoraux. Il se penche notamment sur l'histoire des tempêtes. Sa petite entreprise, GeosAel, est présente au Salon européen du littoral, à Lorient.
Quand une collectivité territoriale ou l'État s'interroge sur les risques d'inondation liés aux fortes houles ou sur les causes de la disparition d'une plage ou encore sur la réalisation d'un ouvrage de défense côtier, Erwan Le Cornec apporte des éléments de réponse et des suggestions.
Du Morbihan aux polders du Nord
Le géographe a longtemps travaillé seul. Aujourd'hui, il collabore régulièrement avec des bureaux d'études et un conseiller en environnement, afin de répondre aux appels d'offres de plus en plus techniques. Parmi ses clients, Erwan Le Cornec compte le pays de Lorient, «un territoire en pointe au niveau national sur les réflexions en matière de gestion du littoral face aux risques d'érosion côtière et de submersion marine». Mais son domaine d'intervention ne se limite pas au trait de côte morbihannais. Le géographe a participé à une étude sur la connaissance des risques d'érosion du littoral vendéen: «On a commencé six mois avant Xynthia». Inquiet pour sa zone de polders, le Nord-Pas-de-Calais a aussi fait appel aux services d'Erwan LeCornec pour une étude sur les conséquences du changement climatique sur le littoral. Actuellement, le géographe participe à l'élaboration d'un atlas des risques littoraux dans le Morbihan et s'implique dans le programme européen Ancorim, qui vise à créer un réseau d'échanges d'expériences et de gestion des risques littoraux.
«On a perdu la mémoire des tempêtes»
Photos aériennes, déplacements sur le terrain, observation en bateau, recherches aux archives... Erwan Le Cornec est à la recherche de tous les éléments qui permettent de comprendre l'évolution du trait de côte. Sa préférence va à l'histoire des tempêtes. «Elle est essentielle pour avoir une bonne connaissance des risques. Aujourd'hui, on a perdu la mémoire. Il y a eu une tempête le 1er janvier 1867 bien pire que Xynthia à certains égards. Mais le littoral était moins occupé qu'aujourd'hui». Afin de mieux comprendre la disparition d'une plage, la destruction d'une digue ou toute autre modification notable du littoral, Erwan Le Cornec se met en quête de documents anciens. Il va fouiller dans les archives des journaux où à la Bibliothèque nationale, à Paris. Il compulse régulièrement des documents des services historiques de la Marine. «Pour un secteur, ma recherche peut porter sur les effets de 120 tempêtes». Sur la base de ses recherches et d'une modélisation informatique des effets de la houle, un diagnostic est posé. Et des propositions formulées: «Parfois, nous préconisons d'intervenir de manière limitée, d'autres fois, nous proposons de stopper ou de détruire les constructions proches de la mer. Mais là, ce sont les élus qui décident...».
Flore Limantour