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12/11/2010

Réseaux, à Saint Pierre ?

Livre à Quimper, «de la lutte à la guerre des classes»
Télégramme de Brest du 11 novembre 2010
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Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, sociologues, anciens directeurs de recherche au CNRS, sillonnent la France pour promouvoir leur livre «Le président des riches», redoutable outil contre la «classe dominante».

«Il y a une guerre des classes, c'est un fait, mais c'est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner». Les propos de Warren Buffet, un Américain parmi les plus riches du monde ouvrent le livre «Le président des riches» de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Le couple de sociologues spécialistes de la bourgeoisie française se lâche dans ce 16e ouvrage qui évoque la nouvelle «guerre des classes» qui s'ouvrent. Ils seront à Douarnenez lundi et à Quimper mercredi.

Qu'est-ce qui a changé avec Nicolas Sarkozy?
La fameuse soirée du Fouquet's en mai2007 le soir de l'élection marque une rupture. Il y avait là de nombreux patrons des plus grosses entreprises françaises, les politiques étaient minoritaires. Ce qui caractérise ce président c'est le côté systématique de la collusion entre le monde de l'argent et celui de la politique, une collusion assumée, visible, décomplexée. De la lutte des classes nous sommes passés à une guerre des classes avec un niveau de violence jamais atteint.

Quelle est cette classe des riches?
Elle pratique une sorte de collectivisme, de solidarité par cooptation. C'est une addition de pouvoirs. L'individualisme est bon pour les pauvres. Nicolas Sarkozy est révélateur de ces réseaux quand il fait l'éloge du mérite pour réussir tout en voulant placer son fils de 23 ans, inexpérimenté, à la tête de l'Établissement public du quartier d'affaires de la Défense. On remarque qu'un Dominique Strauss-Kahn a les mêmes réseaux. C'est un enfant de Neuilly et de la grande bourgeoisie. Tous les amis de Sarkozy sont passés par le cabinet de DSK à une époque. Nous sommes dans la même toiled'araignée.

Comment avez-vous pu travailler sur la bourgeoisie?
Nous avons commencé en 1987. 1968 était déjà oublié, la pensée unique se mettait en place avec l'idée que le marché faisait disparaître définitivement le socialisme. Cette classe est dominante. Elle n'a pas besoin de se théoriser pour exister. Mais elle a été intéressée par la théorie de la domination à partir de laquelle nous travaillions. La publication du «Président des riches» ne nous a pas fermé ces portes.

Vous êtes engagés?
Je ne vois pas comment on peut être sociologue sans être engagé car nous sommes témoins d'une grande violence des rapports sociaux. Mais quand nous sommes partis à la retraite il y a trois ans, l'axe de travail sur les classes sociales a disparu à nouveau du CNRS. Pourtant, la population se reconnaît dans le terme de classe sociale. Les gens en ont marre d'une langue de bois cotonneuse.

Votre discours est pessimiste?
C'est un cri d'alarme. Nous assistons à la marchandisation de la planète. Une classe dominante s'accapare toutes les richesses, matières premières, nourriture. Il est important que les milieux dominés, qui sont comme tétanisés par ce qui se passse, réfléchissent à la sociabilité au niveau des partis, des associations, des réseaux citoyens. Ce qui se passe actuellement est étonnant. La faille c'est que le PS ne relaie pas.

•Recueilli par Ronan Larvor Pratique Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot seront lundi, à 20h30 à la salle des fêtes de Douarnenez à l'invitation du Front de Gauche, PCF, PG et des Alternatifs et mercredi à 19h à la librairie Ravy. Entrée gratuite. Leur livre est accessible gratuitement sur Internet : www.editions-zones.fr

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