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30/10/2010

Aff Mar ! Les pauvres ?

Affaires maritimes du Morbihan, grève des sorties la nuit
Télégramme de Brest du 30 octobre 2010
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Le conflit fait peu de vagues mais pourrait coûter très cher. Depuis plus de six mois, les affaires maritimes ne contrôlent plus le soir et la nuit. En jeu, le paiement des horaires décalés.

Les vingt unités de terrain des affaires maritimes ont volontairement suspendu le contrôle de la pêche en France le soir et la nuit! Entrées dans un bras de fer avec leur ministère (celui de l'Écologie) depuis le 6 avril, elles ont adopté des horaires de bureau puisqu'on cherche à les assimiler à des administratifs. La situation fait désordre, cinq ans après que la France a été lourdement condamnée par l'Europe pour manquement au contrôle des pêches. Reconnue coupable de n'avoir pas fait correctement son travail, la France a dû verser la bagatelle de 90M€ à l'Europe, une ardoise partagée entre différents ministères. Depuis plus de six mois maintenant, les contrôleurs des affaires maritimes refusent de travailler le soir et la nuit. Jusqu'à 8h du matin, puisqu'on ne leur reconnaît pas l'existence de contraintes et d'horaires décalés. La première sanction d'un chef d'unité est tombée en Loire-Atlantique. Celui qui était devenu l'un des porte-drapeaux du mouvement a subi une importante retenue sur salaire pour vacations de nuit et de week-end non effectuées. La contre-attaque est engagée avec une procédure devant le tribunal administratif. Au lieu de se mettre en grève longue durée et de subir financièrement le mouvement engagé, les fonctionnaires des «aff' mar» ont choisi d'effectuer des heures de bureau, puisqu'il est question de ne pas les rémunérer sur les horaires décalés. Primes que touchent leurs collèges gendarmes maritimes ou employés de l'Equipement.

«Trop délicat pour en parler»
Les conséquences sont loin d'être mineures quand on sait que le déchargement du poisson se fait majoritairement de nuit et que les contrôles de criée s'effectuent la plupart du temps en dehors des heures normales de bureau. Carte blanche, donc, aux contrevenants et aux trafics en tous genres! Dans combien de temps l'Union européenne infligera-t-elle une nouvelle amende? La situation qui perdure fragilise une dynamique de surveillance et de contrôles façonnée depuis des décennies. Les hommes de terrain en sont conscients. Mais ils ont décidé de prendre leurs responsabilités. On ne peut pas en dire autant des autorités qui, autant sur le plan départemental (préfecture), régional que national (ministère de l'Écologie) restent muettes comme des carpes. Pire, dans un bureau feutré du ministre Borloo, un attaché de presse nous répond tranquillement que «le sujet est trop délicat pour en parler».

Discrétion préférable
Craint-on que l'affaire n'arrive aux oreilles des commissaires européens qui ne se gêneront pas pour infliger une nouvelle amende en récidive? Surtout que le personnel des «aff'mar» exige le paiement de ces primes depuis quatre ans pour un total de 20M€. En haut lieu, on ne cesse de minimiser le mouvement en expliquant que les autres services de l'État peuvent pallier les manques actuels. En sachant pertinemment que le contrôle des pêches est le coeur de métier et la raison d'être des aff'mar. Et surtout que les réformes engagées ont alourdi la charge de travail des autres corps d'État.

Au bon souvenir de Borloo
Un récent courrier a, malgré tout, calmé le jeu et laissé entrevoir une sortie de crise. Les unités littorales ont aussitôt accepté de travailler en journée continue mais toujours pas au-delà de 16h30. Le remaniement ministériel envisagé n'arrange rien. «Notre espoir, c'est que Borloo devienne Premier ministre», résume André Godec, porte-parole du mouvement national, au nom de la CGT. «L'homme est abordable, on espère qu'il se souviendra de nous!».

Stéphane Jézéquel

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