Cette sculpture est une belle ombre !
01/08/2016
"Laisser du temps au temps " !
A Latché, proche de Soustons dans les Landes, le souvenir de François Mitterrand est incarné par une statue, où le chien "Baltique" a sa place.
"Le chien est le guide de l'homme dans la nuit de la mort après avoir été son compagnon dans le jour de la vie".
La France d'aujourd'hui, molle, laïque et paresseuse, est au fond l'héritière directe des options prises sous Mitterand... Profiter des dividendes de la paix, partager les fruits de la croissance...
Les 35 heures, la cinquième semaine de congés payés, l'armée de métier et la fin de la conscription, la protection du statut de fonctionnaire, la nationalisation, puis la privatisation des mêmes activités ont sonné la fin "de la récompense", fondée sur la valeur d'un travail, d'un effort individuel au profit du "partage"...
Le quinquennat, qui s'achève, y a ajouté naturellement la hausse des impôts, la continuation d'une France, divisée entre agents publics et agents privés, l'augmentation incessante des rémunérations "hors travail", la réduction de l'horizon des perspectives économiques ! Le sentiment aujourd'hui d'une malédiction, provoquée par la concurrence des autres travailleurs du marché commun.
Dans la mollesse, l'enseignement fait tomber les sanctions du "non-apprentissage", accepte des perspectives de réussite pour tous, et cherche surtout à profiter de la diminution du temps de travail !
Le chien est le guide de l'homme dans la nuit de la mort !
Mitterrand, l'homme qui marche
Le Figaro du 1er août 2016
À Soustons, dans les Landes, où se situe sa bergerie de Latché, une statue de bronze figure l'ancien président de la République et son chien, Baltique.
Crédits photo : Lucas Barioulet pour Le Figaro
Elle étonne, par sa présence, sa dimension, sa mise en scène. La statue de François Mitterrand à Soustons est une curiosité. Il faut dire que ce gros village landais de 10.000 habitants s'est si bien appliqué à ne pas communiquer du vivant de l'ancien président sur son nom que rares sont ceux à faire le rapprochement. Latché, où se situe la «bergerie» de l'ancien dirigeant socialiste, est un lieu-dit sur la commune de Soustons. Or, de l'acquisition du domaine en 1966 par Danielle et François Mitterrand jusqu'à la mort de ce dernier le 8 janvier 1996, les as de la communication ont brouillé les pistes. «Nous n'avions même pas besoin de faire attention. Nous disions Latché, et personne ne posait de question», s'en amuse le maire, Jean-Yves Montus, élu PS depuis 1983.
À Soustons comme ailleurs, Mitterrand a tenu les médias à distance de son intimité. Son fils Gilbert y habitait déjà. Ses deux petites-filles, Pascale et Justine, y allaient à l'école, dans la classe du maire instituteur. Le grand public n'en a rien su. On lui parla seulement de Latché, nombril du monde quand le président y reçut le premier ministre israélien Shimon Pérès, le chancelier allemand Helmut Kohl, l'ancien premier ministre du Portugal Mario Soares, ou encore l'ancien chancelier fédéral allemand Willy Brandt. Tous sont en photos dans le livre de souvenirs Autour de Latché, Terre de sérénité, François Mitterrand et les Landes (éditions Gaïa), vendu à la maison de la presse où le premier des Français achetait ses journaux. Une fois, Soustons s'est vraiment retrouvé dans la lumière du monde: quand y dormit Mikhaïl Gorbatchev avec cinq cents personnes qui l'accompagnaient. Une plaque au centre nautique témoigne de la conférence qui s'y tint entre le président de l'URSS et son homologue français en octobre 1991. Et l'office du tourisme conserve encore des pin's avec les deux drapeaux. Mais naturellement, le village est à l'écart: «À Soustons, on ne passe pas. Il faut y aller. Cinq routes départementales y arrivent, ce ne sont pas des routes de transit», note le maire. Ses administrés ont doublé en vingt ans, venant des grandes villes, du bassin parisien, parce qu'ils y trouvent précisément la quiétude.
«Un hommage à l'homme»
Nous sommes donc allés voir, par le train jusqu'à Dax, puis la départementale qui traverse un paisible paysage de grands pins et de chênes chatouillés de fougères sur le sol sableux. La statue se dresse devant l'office de tourisme. L'effigie de bronze du président et de son inséparable chien, Baltique, est au bout du panneau «Mémorial». «Les gens du Nord sont surpris: ils pensent à quelque chose de plus gros, de plus imposant, à l'image de ce qu'ils connaissent dans leur région», dit-on à l'office.
Inaugurée le 21 mai 1996 par Danielle Mitterrand, «la statue a attiré des dizaines d'autocaristes durant deux ans. Depuis, une vingtaine de personnes par semaine en moyenne vient exprès». Des mitterrandolâtres en pèlerinage, passés par Jarnac, en Charente, où il est né et enterré, Château-Chinon dans la Nièvre dont il fut maire. À Soustons, beaucoup cherchent un musée et n'ont que la statue.
Il a été figé vieux, fatigué dans sa peau de bronze, le dos courbé, appuyé sur sa canne
L'office les console avec un pâle polycopié sur l'historique de La Bergerie de Latché. On y lit que «le nom véritable est “Lache” (prononcer Latieu) que l'on peut rapprocher du gascon “Laque” (du latin lacus), en référence à une petite étendue d'eau ou mare qui devait exister jadis.» Et aussi que Latché est une maison traditionnelle en briquettes rouges à colombages sise au cœur du site classé des étangs. Mais circulez, il n'y a rien à voir! La propriété est privée et la maison, masquée par la dense végétation, s'aperçoit mal. L'office cependant vante la balade sur la route inchangée depuis que François Mitterrand l'empruntait au volant de sa Méhari verte.
Les gens ne la voient pas: elle tourne le dos à l'office de tourisme, à l'ombre de pins, de chênes et de tilleuls plantés sur une levée de terre à la place d'un parking. Hélène Rigal, directrice de l'office de tourisme depuis 1985, observe: «Nous sommes dans une ancienne ferme landaise. L'architecte urbaniste, Michel Cantal Dupart, a voulu faire comme si François Mitterrand sortait de chez lui…» L'idée est venue du maire. «Je voulais un hommage à l'homme comme il vivait ici, pas au chef de l'État», souligne Jean-Yves Montus. Pour financer le projet, l'édile a créé l'association landaise des amis de François Mitterrand, qu'il préside toujours. «Nous sommes actuellement cent quatre-vingts adhérents. Au début nous étions trois cents. Beaucoup sont morts. Mais grâce à cette association, nous avons voyagé à travers tous ses grands travaux», s'enorgueillit ce fan de «Tonton». «La France n'a connu sous la Ve République que deux grands chefs d'État: le général de Gaulle et François Mitterrand», soutient-il avec une faconde à la Galabru. Pas étonnant que les 2,20 mètres de la statue ne le dérangent pas.
Mais il a été figé vieux, fatigué dans sa peau de bronze, le dos courbé, appuyé sur sa canne. Le sculpteur Jacques Raoult, spécialiste des commandes publiques dans le Grand Ouest, s'est inspiré d'une photo de reportage, «un œil qui scrute, l'autre qui rêve», écrit-il dans sa note d'intention. «Je crois que l'esprit de la statue était avant tout de décrire l'homme qui réfléchit et l'homme qui marche», songe Hélène Rigal. On pense à L'homme qui marche, bronze de 1960 de Giacometti. Cette œuvre incarne la fragilité de l'homme, mais son pas décidé le porte vers l'avenir.
Cette sculpture, c'est une belle ombre
Une fragilité certaine se dégage aussi de la statue de François Mitterrand à l'automne de sa vie. Rien n'indique où il va, mais il marche derrière son chien. Or, «le chien est le guide de l'homme dans la nuit de la mort après avoir été son compagnon dans le jour de la vie», écrit encore Jacques Raoult. «C'est la première fois qu'on a statufié un chien de son vivant», croit savoir le maire. Les Soustonnais ironisent: «Le chien est le mieux réussi», remarquent certains. «Les enfants y montent à califourchon, voyez son dos tout lustré! Et les chiens aboient devant», s'amusent d'autres. L'aubergiste Michel Batby, du temps où il s'impliquait à l'office du tourisme, avait proposé qu'on la décline en figurines. En vain. Plaît-elle? Elle suscite surtout beaucoup de questionnements.
«Cette sculpture, c'est une belle ombre», observe le graveur sur pierre, Jacques Bies, qui a réalisé le cube attenant en marbre d'Arudy. Il avait été repéré par la mairie pour avoir travaillé sur des monuments aux morts. Nous l'avons retrouvé dans le village voisin de Messanges, où il anime des ateliers de modelage et de calligraphie. «Qu'a-t-on voulu représenter? À un moment, nous sommes tous des silhouettes, tous des ombres», poursuit-il. Parce que graver les inscriptions officielles ne le satisfaisait pas, Jacques Bies a ajouté une épitaphe, très mitterrandienne, à la base d'un cadran solaire équatorial: «Laisser du temps au temps.» Cette statue «me fait penser aux Bourgeois de Calais, de Rodin», précise-t-il. Lui aurait «poussé plus loin le visage, la main, un pli de vêtement permettant de s'engager dans les plis de l'homme. On n'est pas allé au bout de l'idée. On ne s'est pas assez demandé pourquoi ce personnage a marqué son temps.» À Soustons, Mitterrand a laissé l'empreinte d'un homme de terroir, simple et discret.
35 heures, ce que dit le rapport secret de l’IGAS
LE MONDE du 18 juillet 2016
Le chef de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), Pierre Boissier, ne voulait pas qu’un rapport, réalisé par deux de ses pairs, soit diffusé. C’est raté. Le Monde a pu prendre connaissance de ce document d’une centaine de pages (sans les annexes), qui évalue les « politiques d’aménagement [et de] réduction du temps de travail dans la lutte contre le chômage ».
Une étude fouillée et prudente, qui parvient au constat que des dispositifs tels que les 35 heures, instaurées par les « lois Aubry » de 1998 et 2000, peuvent, sous certaines conditions, contribuer à réduire le nombre de demandeurs d’emplois. Est-ce à cause de cette conclusion, sur un sujet sensible politiquement et source de controverses acharnées, que le rapport avait été bloqué ? Certains membres de l’IGAS le pensent. Quoi qu’il en soit, l’affaire plonge ce service de hauts fonctionnaires dans un climat pesant.
En se lançant dans cette mission d’expertise, les deux inspecteurs des affaires sociales poursuivaient un objectif : soupeser « le potentiel » de création d’emplois des divers outils « relatifs au temps de travail ». Conscients que le sujet est, « depuis une quinzaine d’années », matière à « polémique », ils se sont efforcés « de reposer les termes du débat (…) de manière dépassionnée ». Durant leurs travaux, ils ont auditionné une quarantaine de personnalités qualifiées et passé au tamis la littérature disponible sur cette thématique, en scrutant les actions à l’œuvre dans d’autres pays européens. Plusieurs dizaines d’accords d’entreprises et de branches ont également été étudiés.
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« Vive bataille idéologique »
De cette masse d’informations, plusieurs enseignements se dégagent. D’abord, la France n’est pas la seule nation à avoir réduit la durée du travail. Cette tendance, engagée depuis des décennies, a touché les autres Etats européens : entre 1998 et 2013, la baisse a oscillé entre – 9,2 % et – 13,3 % en Allemagne, en Espagne, dans l’Hexagone, en Italie et aux Pays-Bas ; seul le Royaume-Uni se distingue avec un recul beaucoup plus faible (– 2,8 %).
Dès lors, écrivent les auteurs du rapport, « la question n’est pas tant de se prononcer pour ou contre la réduction du temps de travail, mais plutôt d’identifier quelles sont les modalités d’une réduction la plus efficace possible ». Plusieurs leviers peuvent être actionnés, l’un d’eux consistant à proposer aux employeurs de baisser la durée du travail de 10 %, tout en allégeant les cotisations sociales. Deux curseurs sur lesquels les « lois Aubry » ont joué.
Or, celles-ci ont permis de créer 350 000 postes « sur la période 1998-2002 », d’après les deux inspecteurs des affaires sociales, qui se prévalent de plusieurs études considérées comme « robustes » – l’une de la direction des statistiques du ministère du travail (Dares), l’autre de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). « Ce chiffre n’est aujourd’hui plus tellement remis en question », affirment les signataires du rapport, même si la mesure de l’impact des « lois Aubry » constitue « l’enjeu d’une vive bataille idéologique ».
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Au passage, ils contestent l’idée selon laquelle les 35 heures auraient eu un effet négatif sur la compétitivité de notre économie. Selon eux, « la France est l’un des pays qui a le mieux maîtrisé l’évolution de ses coûts [salariaux] ». De plus, ajoutent-ils, le prix des produits n’est pas le seul paramètre qui influe sur les performances des entreprises à l’exportation. Et si la France a subi des « pertes de parts de marché, (…) elles n’ont rien d’exceptionnel par rapport aux autres pays européens », abstraction faite de l’Allemagne, « et dans une moindre mesure », de l’Espagne.
Au fil des pages sont démontées les positions de plusieurs économistes connus – Pierre Cahuc, Francis Kramarz, Stéphane Carcillo, entre autres – qui ont mis en doute les effets sur l’emploi des 35 heures. Laurent Bigorgne, le directeur de l’Institut Montaigne – un think tank libéral – en prend pour son grade pour avoir soutenu que « les Français ne travaillent pas assez » : « Conclusions erronées », estiment les deux auteurs du rapport. A leurs yeux, « les politiques du temps de travail » peuvent ouvrir « des pistes d’amélioration (…) qui ne doivent pas être négligées », même si elles sont « loin de fournir » à elles seules des solutions au chômage de masse.
Danger
Fait extrêmement rare, ce rapport, bouclé au mois de mai, n’a pas été communiqué au gouvernement. Pourquoi ? Sollicitée par Le Monde, la direction de l’IGAS n’avait pas souhaité livrer les raisons qui avaient joué, en l’espèce. Elle s’était bornée à rappeler, d’une manière générale, que « des travaux insuffisamment achevés ou présentant des faiblesses méthodologiques ne sont pas transmis par le chef de l’IGAS ». Elle avait ajouté, s’agissant de cette mission d’évaluation sur le temps de travail dans les entreprises, qu’un relecteur, un comité des pairs et une commission ad hoc, récemment mise en place au sein de l’Inspection, s’étaient tous prononcés dans le même sens, « celui de la non-transmission ».
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C’est faux, objecte le Syndicat des membres de l’IGAS (Smigas), dans son dernier bulletin d’information : « L’avis du relecteur, dont nous disposons, ne demande pas la non-transmission du rapport au gouvernement. » Même chose pour l’avis du comité des pairs, mais celui-ci, présidé par Louis-Charles Viossat, comporte « une formulation très atypique et particulièrement contestable », juge le Smigas, sans plus de précision.
Quant à l’avis de la commission ad hoc, il « est peu étayé » et « pose en lui-même » la question du « bien-fondé » de cette instance, créée il y a quelques semaines. Le Smigas et la CFDT ont d’ailleurs réclamé le retrait de l’arrêté fondant cette commission, car elle n’offre, selon eux, aucune « garantie » (absence de critères sur la non-transmission au gouvernement, pas d’indication sur la motivation des avis…). Le Smigas y voit même un danger, car la procédure nouvellement instaurée tend « vers une instrumentalisation dans le sens du jugement en opportunité politique sur ce que les membres de l’inspection auraient ou non le droit d’écrire ». Sale ambiance.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/07/18/35-heures-ce-que-dit-le-rapport-secret-de-l-igas_4970978_823448.html#uJP2rB5SJv6HxTRJ.99
Nous payons aussi un budget de la Défense sacrifié au profit de dépenses clientélistes
Le Figaro du 21 juillet 2016
Yves de Kerdrel Face à la menace terroriste, il est urgent de réallouer à la police, à la gendarmerie et au renseignement des moyens engloutis dans des politiques qui ont échoué.
Beaucoup de lecteurs se souviennent de cette apostrophe de Laurent Fabius, alors président de l'Assemblée nationale, demandant que les pays développés touchent enfin«les dividendes de la paix». Cette déclaration faite en 1990 intervenait dans le contexte d'un monde débarrassé sinon du communisme, du moins de la guerre froide, juste un an après la chute du mur de Berlin. Elle s'inscrivait dans la droite ligne de tous les propos péremptoires tenus à cette époque-là affirmant que la planète allait vivre désormais des décennies de félicité, de prospérité et d'absence totale de conflit. Le paroxysme de ces inepties a été atteint par la publication en 1992 du livre de Francis Fukuyama annonçant La Fin de l'histoire .
Bien sûr, toutes ces déclarations ont eu d'autant plus de retentissement que les mouvements pacifistes, liés aux écologistes et aux altermondialistes, avaient largement préparé le terrain. Bien sûr, tout le monde à gauche ou à droite trouvait formidable l'idée de pouvoir desserrer les contraintes budgétaires en coupant dans les dépenses militaires, à l'exception de Jean-Pierre Chevènement, qui a fait preuve d'une remarquable lucidité. Bien sûr, aux États-Unis comme en Europe, beaucoup voyaient là le moyen de réduire enfin la puissance - souvent fantasmée -du complexe militaro-industriel.
Il était tellement plus facile d'expliquer que nous allions donner plus d'argent aux professeurs et moins aux armées
Seul un économiste français, Charles Gave, connu aujourd'hui pour son aversion à l'euro et ses convictions libérales, avait alors publié une note dénonçant cette théorie des «dividendes de la paix» et expliquant que, compte tenu de la démographie et des flux migratoires observables en Europe, nous allions passer d'une menace extérieure à une menace intérieure. Cela signifiait que c'était une chose de fermer le plateau d'Albion. Mais que, parallèlement,il fallait renforcer nos forces de police, de gendarmerie et tout ce qui touchait au renseignement de proximité.
Naturellement, cette note a été vite oubliée dans les cabinets des ministères concernés, alors tenus par la gauche, mais aussi par les ténors de l'opposition de l'époque, alors dirigée par Jacques Chirac. Il était tellement plus facile d'expliquer que nous allions donner plus d'argent aux professeurs et moins aux armées. Et il faut reconnaître que si Michel Rocard, alors premier ministre, avait beaucoup de qualités, il n'a pas eu la lucidité lui permettant de faire face à cette doxa ambiante consistant à redonner aux électeurs ce qu'on affectait jusque-là pour assurer notre protection et notre sécurité.
Certains économistes ont récemment fait le bilan économique de ces fameux «dividendes de la paix». Il s'avère que si l'effort budgétaire en faveur de la Défense était resté le même aujourd'hui qu'en 1989 (3,7 %du produit intérieur brut), nos armées auraient bénéficié de 200 milliards d'euros de plus pour s'équiper et éviter la fermeture de garnisons entières,la dissolution de régiments, le non-remplacement de bâtiments de guerre électronique et pour financer la construction d'un deuxième porte-avions. Mais surtout une grande partie de cette manne aurait pu être investie à bon escient dans le renforcement de notre sécurité intérieure, avec une véritable agence comparable à la NSA américaine, et dans le renseignement de proximité.
Il est temps de rembourser les dividendes de la paix. Pour notre sécurité et celle des générations à venir
Au lieu de cela, ces 200 milliards d'euros ont été consacrés pour un quart à la politique de la ville. À fonds perdu, lorsque l'on constate qu'il existe sur notre territoire 650 zones de non-droit où les gendarmes, les pompiers, les ambulanciers et les médecins ne peuvent plus intervenir sans se faire caillasser à tout bout de champ. Un autre quart a été consacré à accroître le budget de l'Éducation nationale en recrutant plus de professeurs alors que jamais le nombre d'enfants scolarisés n'a autant diminué dans le sillage de la fin du baby-boom. Mais c'était compter sans le poids politique de Jack Lang et le poids électoral du corps professoral. Quant aux 100 milliards restants, ils ont été redistribués à certains Français sous forme d'un accroissement inconsidéré des allocations, des subventions et de toute autre prestation sociale.
Le problème, c'est qu'aujourd'hui l'histoire, dont beaucoup pensaient la fin arrivée, frappe à notre porte. Une histoire tragique avec 253 Français assassinés par des terroristes, par des islamistes radicaux, par des ennemis de l'intérieur depuis janvier 2015. Le chef de l'État l'a bien compris qui semble déterminé à remonter le budget de la Défense à 2 % du produit intérieur brut dans les meilleurs délais. Mais nos technocrates de Bercy, qui préparent la prochaine loi de finances, seraient bien inspirés de réallouer à la police, à la gendarmerie et au renseignement des moyens toujours engloutis dans une politique de la ville qui a été d'échec en échec jusqu'à nourrir des apprentis terroristes. Il est temps de rembourser les dividendes de la paix. Pour notre sécurité et celle des générations à venir.
5 commentaires
Quelle magnifique sentence ....qui permet plusieurs variantes.
Par exemple:"Le chien est le guide de l'homme dans la vie du jour avant de l'être dans la mort de la nuit."
Ca sonne pas mal non plus, hein?
Ou "L'homme est le guide du chien dans la vie de la mort avant de l'être dans le jour de la nuit."
Ou ...
Qui prend le relais?
Cher monsieur Hennel,
Avec tout le respect du à un mort, Mitterand était avant tout une fripouille au passé trouble et qui entretenait un rapport ambiguë à l'argent.
Les nationalisations que vous évoquez ont eu pour conséquence directe de transformer les industriels rachetés par l'état en financiers avec toutes les dérives que nous avons eu à constater depuis.
Et pour conclure : "La mort est le guide de la nuit du chien dans la vie de l'homme" comme l'a dit Confucius.
Confucius!
Mazette! Je ne me savais pas en si noble compagnie!
Gasp !
Gasp ou gast?
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