L'Etat, très mauvais gestionnaire...
05/12/2015
CloudWatt et Numergy, 150 millions d'euros investis en pure perte !
SFR, qui détient 46% de Numergy, rachète le reste à la barre ! et s'assoit donc sur une très belle perte...
De profundis, le cloud souverain à la Française, qui avait pour principe de "relocaliser" les données confidentielles de l'Etat, comme si les électrons détenaient un passeport !
Après les "renifleurs", le citoyen français finance par l'intermédiaire de ses hauts fonctionnaires et des politiques du moment des projets, qui font gonfler le torse de nos décideurs...
Dans le même style, la "méthanisation" pourrait rejoindre le cimetière des innovations franchouillardes, mortes au trébuchet de l'économie... s'ajoutent également les vapeurs des "hydroliennes", immergées dans les zones à fort coefficient de marée, les "centrales solaires" gigantesques à la durée de vie et de production incertaines, les "champs d'éoliennes" en mer, dont les effets sont encore dans le flou total !
La France reste la France ! L'Etat ne sait recouvrer que les impôts, nécessaires à sa survie !
Numericable-SFR rachète Numergy
Les Echos du 2 décembre 2015
Numericable-SFR détenait déjà 46 % de Numergy. - SIPA
Le groupe de Patrick Drahi détenait déjà 46 % du fournisseur de cloud français mis sous procédure de sauvegarde le 13 octobre dernier.
Numericable-SFR rachète la totalité de Numergy, le fournisseur de cloud français mis sous procédure de sauvegarde le 13 octobre dernier. Le groupe du tycoon Patrick Drahi possédait 46 % de Numergy et il va s’offrir le reste du capital, aujourd’hui détenu par Atos (20 %) et la Caisse des dépôts (33 %).
Ce modèle à trois ne fonctionnait pas. « Il y a un désaccord entre actionnaires sur la stratégie d’investissement et sur leurs obligations à libérer du capital », expliquait aux « Echos » le patron de l’entreprise, Philippe Tavernier, fin octobre. Les parties ont donc décidé de divorcer à l’amiable.
Numergy, qui compte 72 salariés, perd beaucoup d’argent et ne devrait générer « que » 6 millions de chiffre d’affaires cette année. Il n’atteindra donc pas l’objectif très ambitieux de... 400 millions d’euros fixé pour l’année prochaine. Demain, il va pouvoir s’appuyer sur la marque et le réseau Numericable-SFR. « On va intégrer Numergy dans nos solutions SFR Business », indique Jérôme Yomtov, directeur délégué de Numericable-SFR.
Echec de l’Etat dans le cloud français
SFR possède sa propre offre de cloud computing pour les entreprises. « Ce rapprochement s’intègre à la stratégie entreprise du groupe Altice dont l’une des priorités est de consolider l’ensemble de ses activités autour du Cloud, de l’Internet des objets et des services managés », précise le groupe.
A l'origine, Numergy devait permettre avec Cloudwatt, de doter la France de deux services nationaux de cloud public. L’Etat avait financé ces deux projets à hauteur de 75 millions d’euros chacun, via la Caisse des dépôts. Ils devaient être la réponse française face aux géants du cloud Amazon, Microsoft, et autres Google.
Mais l’aventure s’est soldée par un échec. Cloudwatt a ainsi été vendu à Orange il y a quelques mois. Une fusion entre les deux entreprises, Cloudwatt et Numergy, avait un temps été envisagée. La cession de Numergy à Numericable-SFR signe la fin des ambitions de l’Etat dans le cloud souverain.
Cloud souverain, l’histoire d’un fiasco français
LE MONDE ECONOMIE du 4 décembre 2015
Sandrine Cassini
Comment éviter les écoutes massives, se protéger de l’espionnage industriel, et préserver sa souveraineté numérique ? Trois ans avant les révélations d’Edward Snowden sur les pratiques de surveillance de la NSA, la France avait, dès 2009, un projet de « cloud souverain », un centre d’hébergement de données censé mettre l’Etat et les entreprises à l’abri de réglementations étrangères et des oreilles indiscrètes.
Mis en place par Nicolas Sarkozy et financé en partie sur des deniers publics, ce « cloud à la française », qui a pris la forme de deux projets développés sous l’égide d’Orange et de SFR, devait également faire naître des rivaux à Amazon, Google ou Microsoft. Cinq ans après, que reste-t-il de cette ambition française ? Quasiment rien.
L’épilogue de cette aventure a eu lieu mardi 1er décembre, au soir. Sous procédure de sauvegarde depuis le 13 octobre, Numergy, l’un des deux clouds souverains, qui comptait à son capital SFR, Bull et la Caisse des dépôts, bras armé de l’Etat, a été racheté à 100 % par l’opérateur télécoms, permettant à ses deux coactionnaires de se retirer de l’affaire. En mars, c’était Orange qui reprenait les parts de Thales et de la Caisse des dépôts de Cloudwatt, le projet concurrent.
Le refus de Patrick Drahi
Lancées en 2012, les deux sociétés perdaient beaucoup d’argent. En trois ans, elles ont accumulé 108 millions de pertes, selon BFM-TV. Le décalage était grand entre les prévisions du plan d’affaires et la réalité du marché. Ainsi, en 2014, Numergy a encaissé un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros, bien en dessous des 150 millions d’euros attendus. « Les prévisions étaient trop optimistes, le marché a été plus faible que prévu », dit Philippe Laplane, directeur d’Orange Cloud, l’entité qui chapeaute Cloudwatt.
Les actionnaires privés, qui avaient prévu d’injecter 300 millions d’euros au total dans l’aventure, ne voulaient plus remettre au pot. SFR, dont les finances sont gérées au cordeau depuis l’arrivée du nouveau propriétaire, Patrick Drahi, refusait même de participer aux dernières augmentations de capital de Numergy, indispensables pour éponger les pertes. Dès le printemps, l’Etat, qui devait investir 150 millions d’euros au total pour les deux structures, fermait aussi le robinet.
Etat stratège
Pour sortir de l’impasse et éviter la fermeture pure et simple des deux structures, l’Etat a demandé aux opérateurs télécoms de racheter les deux sociétés. Combien les finances publiques ont-elles perdu dans l’aventure ? Silence radio sur le sujet. Seul élément de réponse, l’Etat a passé une provision de 50 millions d’euros dans le programme des investissements d’avenir en 2014, essentiellement pour couvrir les pertes du cloud souverain.
Cette « capilotade » est symptomatique des difficultés de l’Etat stratège et des relations compliquées qu’il entretient avec les grands groupes. A l’origine, l’idée ne vient pas de l’Etat, mais des professionnels français du numérique. Alors que le cloud, cette informatique délocalisée, est en plein balbutiement, ces derniers vont toquer à la porte des pouvoirs publics pour leur demander de soutenir l’innovation logicielle dont le marché va avoir besoin. En revanche, ils ne militent pas pour la construction de « data centers », peu créateurs d’emplois et aux infrastructures fabriquées en Chine. L’Etat est d’accord pour débloquer de l’argent. Alléchés par cette perspective, les grands industriels français entrent dans la danse. Candidat à la manne publique, Dassault Systèmes fait le siège de l’Elysée et présente comme indispensable l’idée d’avoir des infrastructures d’hébergement informatiques françaises. Naît alors l’idée du cloud souverain.
« Cela n’avait pas de sens »
On fait cependant comprendre au patron que, pour avoir le chèque de l’Etat, il lui faut des alliés, de préférence des PME. Mais Bernard Charlès, directeur général de Dassault Systèmes, préfère se tourner vers des grands patrons qu’il côtoie au quotidien, comme Luc Vigneron, de Thales, avec lequel il partage le même actionnaire Dassault Aviation, ou Stéphane Richard, d’Orange. Mais très vite, les relations se dégradent entre les partenaires et Bernard Charlès claque la porte du projet. Première déconfiture publique. Henri Guaino, à l’époque secrétaire général de l’Elysée, le rattrape par le col et lui propose une alternative avec SFR et Bull. Pour faire plaisir à tout le monde, l’Etat opte pour deux projets concurrents. Un non-sens économique. Dassault Systèmes décide de se retirer définitivement.
L’Etat, tout en laissant entendre que le service était indispensable à la nation, n’y a jamais eu recours
SFR et Orange, accompagnés de Bull, de Thales et de la Caisse des dépôts, prennent le relais. Là non plus, les attelages ne sont pas idéaux. Les actionnaires sont à la fois clients, fournisseurs, voire concurrents, et ont donc des intérêts contradictoires. Ainsi, Cloudwatt louait les infrastructures d’Orange à Val-de-Reuil (Eure) pour ses data centers, tandis que Thales était à la fois son fournisseur de technologie et son client. De son côté, Numergy tirait l’essentiel de son chiffre d’affaires de SFR. « Cela n’avait pas de sens ! », résume l’un des anciens actionnaires.
Dans l’affaire, l’Etat, tout en laissant entendre que le cloud souverain était indispensable à la nation, n’y a jamais eu recours pour ses propres besoins. Un seul appel d’offres portant sur un million d’euros de commande a été remporté par Cloudwatt au printemps. « Le cloud souverain a du sens pour des raisons géopolitiques. C’est l’exécution qui n’a pas suivi », dit un ancien. Un euphémisme.
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