A Houat, une femme remarquable...

Houat, priorité au logement

Télégramme du  25 août 2015

Sophie Paitier

 

 Andrée Vielvoye a relancé le projet immobilier qu'avait initié la précédente municipalité.

Six logements sont en construction sur un terrain situé derrière la mairie. La nouvelle équipe municipale en place depuis un peu plus d'an met en oeuvre une politique de construction de logements.

 Objectif : attirer de nouveaux habitants et remplir l'école.

 « Un tournant à prendre indispensable », pour le maire Andrée Vielvoye, qui souhaite enrayer le déclin démographique de l'île. Le centre-bourg de l'île d'Houat est livré depuis plusieurs mois aux engins de chantier.

Outre la réfection du réseau d'assainissement initié par la communauté de communes Auray Quiberon Terre Atlantique, un programme immobilier sort de terre.

D'autres sont dans les cartons et sont en cours d'élaboration.

 Cela sous la houlette du maire élu en mars 2014, Andrée Vielvoye.

 Elle a fait de la politique du logement sur l'île, la priorité de son mandat. Cette fonctionnaire d'État à la retraite, continentale (originaire du Nord) et rompue à la chose publique, a pour ambition d'attirer sur l'île de nouvelles familles et pour cela n'hésite pas à secouer le cocotier houatais, jusqu'ici administré par des maires issus de familles îliennes.

 « Je suis femme et étrangère », confie-t-elle en riant.

 « Pour l'île, c'est un changement d'époque ».

 Pression immobilière

Celle qui s'est d'abord implantée sur l'île en tant qu'estivante souhaite redonner aux habitants de l'île la possibilité de se loger décemment, sans pour autant s'endetter sur trois générations. Comme sur toutes les îles, la pression immobilière est forte et le tourisme fait grimper le prix des maisons.

Un bien de 35 m² sans terrain dans le centre-bourg s'est négocié dernièrement à 200.000 €.

 Le marché locatif est quasi inexistant, trusté par les résidences secondaires et des propriétaires qui ne veulent pas louer à l'année.

 Quatre logements en construction

 « Il faut faire revenir des couples avec enfants à Houat », martèle le maire, qui compte et recompte, comme un trésor de guerre, les enfants scolarisés à Houat. « Et la première condition, c'est le logement.

 Pour l'instant, il y a cinq enfants à l'école et huit au collège.

 À la rentrée 2015, il devrait y en avoir huit à l'école et quatre seulement au collège », estime Andrée Vielvoye, en croisant les doigts pour que ses prévisions soient exactes. Le maire s'est donc glissé dans le costume d'une bâtisseuse.

La construction de quatre logements a déjà commencé, sur un terrain situé juste derrière la mairie. Deux seront destinés à des familles et deux autres seront adaptés à des personnes souffrant d'un handicap. Ce projet avait été initié par son prédécesseur, Luc Gurun, sous l'égide de Bretagne Sud Habitat (BSH), puis abandonné, en raison du surcoût de 30 à 40 % de la construction insulaire.

 La nouvelle équipe municipale n'a eu qu'à reprendre le projet, en substituant comme maître d'oeuvre au bailleur social BSH, la commune. « Je suis un maire très chanceux », reconnaît-elle. « J'ai trouvé une commune très bien gérée, avec un trésor de guerre de 800.000 € provenant de l'indemnisation obtenue à la suite du naufrage de " l'Erika " ».

C'est dans ce bas de laine que puise l'équipe municipale pour financer ses projets.

L'école Saint-Gildas transformée en logement

La mairie vient de racheter la bâtisse qui abritait l'école Saint-Gildas. Elle va être réhabilitée en logement. Le circuit d'assainissement est actuellement en cours de réfection, car les eaux usées se déversaient directement dans la mer, en contrebas. Enfin, un projet de restructuration du premier étage de la mairie en logements est lancé. « Il y a un immense grenier au-dessus des bureaux de la mairie qui pourrait être aménagé et recevoir trois logements en duplex. Nous projetons de créer une coursive sur l'arrière du bâtiment pour y accéder. « C'est un projet qui doit encore être validé par le conseil municipal », précise Andrée Vielvoye.

 Le Plu voté

La commune a voté en juin son nouveau Plan local d'urbanisme (Plu), qui remplace le Plan d'occupation des sols (Pos) datant des années 70. « On est maintenant doté d'un outil de programmation pour notre espace très contraint », se réjouit le maire. « C'était compliqué, car le périmètre constructible s'est réduit, notamment à cause de la loi Alur. Des terrains qui étaient constructibles ne le sont plus. Les îliens se sentent cernés par les règlements ».

 Reste maintenant à attirer de nouveaux habitants, pour remplir l'école et faire vivre l'île.

« Mon objectif est d'avoir dans les deux-trois ans qui viennent six ou sept familles en plus sur l'île », espère Andrée Vielvoye. Les candidats existent. Souvent des enfants de l'île qui ont dû s'expatrier sur le continent et qui, à l'âge adulte, veulent faire goûter à leurs enfants l'éducation emprunte de la liberté propre aux petites îles qu'ils ont connue. Ils ont dans un coin de leur tête un projet économique qu'ils pensent mener à bien sur l'île. Si jamais, ils arrivaient à se loger.

En complément

 École, Internet, tourisme... une île qui bouge Fréquentation estivale. La beauté des plages et l'exotisme îlien ont attiré cet été un grand nombre de touristes à Houat.

 À tel point que les capacités d'absorption de l'île ont été soumises à rude épreuve. « On a parfois été à la limite de ce que l'île peut accueillir », confirme Andrée Vielvoye. « Nous avons été en limite de capacité sur notre camping. Je n'avais jamais vu autant de tentes, si bien que les campeurs étaient très serrés et les habitués des lieux, accoutumés à l'espace, pas très contents ».

 Au plus fort de la fréquentation début août, les bateaux de la Compagnie Océane qui desservent l'île, ont débarqué plus de 700 personnes, sur une île qui compte 250 habitants à l'année.

 Le pic de fréquentation étant le 6 août avec 706 allers-retours. « Depuis que les statistiques existent nous n'avons jamais autant transporté de personnes sur Houat et Hoedic », confirme Patrick Gerbeno, directeur de la compagnie Océane. La mairie estime à environ 2.000 le nombre de visiteurs quotidiens.

 « On va devoir revoir l'organisation du camping, ajoute le maire. Ce n'est plus possible de fonctionner comme cela l'année prochaine ».

 Une rentrée « pléthorique ».

L'unique école publique accueillera à la rentrée cinq élèves. Ils étaient seulement deux en septembre 2014. Trois autres pourraient rejoindre les bancs de l'école le 15 septembre, date à laquelle leur famille disposera d'un logement.

« Huit élèves, c'est presque la surpopulation, les effectifs explosent », commente en riant Andrée Vielvoye qui se bat pour attirer sur l'île des familles avec enfants.

 Internet en haut débit.

Houat et Hoedic vont bientôt disposer d'Internet en haut débit. L'inauguration des nouveaux équipements Internet en haut débit par Orange doit se dérouler à la fin de la semaine.

 Les travaux sur les lignes téléphoniques cause des désagréments pour les îliens. « Depuis plus de trois semaines

25 familles abonnées à l'opérateur SFR sont privées de téléphones fixes, déplore le maire. Malgré nos demandes, SFR n'a pas mis ses équipements à niveau pour l'arrivée du haut débit par voie hertzienne. Je trouve cela dommageable, car parmi ses clients, il y a des personnes âgées qui n'ont pas de téléphone portable et se trouvent par ce fait très isolées ».

L'île en chiffres

706. C'est le nombre de voyageurs transportés dans la journée du 6 août par la compagnie Océane sur l'île de Houat, quand la capacité du bateau est de 1.000.

 250. C'est le nombre d'habitants à l'année.

56. C'est en pourcentage la part des résidences secondaires dans l'habitat houatais (chiffre Insee 2012).

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