Dirk et les autres...
22/06/2014
Quatre garde-côte pour 25 kilomètres de dunes...
La beauté du mois de juin 2014 cache bien les misères de cet hiver, particulièrement dur ! 7 tempêtes, avec des coups de vent redoutables...
Les mouvements de plage et de dune sont les plus significatifs : 4 à 5 mètres de recul, avec dégraissement des plages ! A l'est 300 mètres de protection en béton ont sauté...
Le syndicat mixte, alimenté par les communes adjacentes, n' a plus les moyens de réinvestir les sommes, mises à disposition à l'époque de Natura 2000 !
AQTA a, ici, une nouvelle mission !
Tempêtes, le Grand-site dunaire panse ses plaies
Télégramme du 20 juin 2014
Marie Kerdavid, garde littoral à Plouharnel a réinstallé des poteaux avec du tri-fil sur la plage de la Guérite, où la dune a reculé de quatre à cinq mètres. L'année dernière, les ganivelles arrivaient à la hauteur des personnes sur la plage. .
Après le passage des tempêtes exceptionnelles de cet hiver, le Grand-site dunaire Gâvres-Quiberon a pansé ses plaies. Les accès aux plages détruits ont été réaménagés, les déchets évacués. Reste le recul du cordon dunaire, à certains endroits de quatre à cinq mètres. Les techniciens du syndicat mixte tirent les leçons de cet épisode hivernal exceptionnel.
Pour l'entretien du trait de côte, il y aura un avant et un après l'hiver 2014. La série de tempête a profondément modifié le cordon dunaire le long du littoral du pays d'Auray (Le Télégramme du 10 janvier). C'est un fait. Mais pour les salariés du syndicat mixte du Grand-site, chargés d'entretenir les dunes, les caprices météorologiques ont également modifié leur réflexion sur leur façon d'intervenir. « La succession des tempêtes a fait que les conséquences cumulées ont été lourdes », souligne Christophe Le Pimpec, directeur du Grand-site. « Ça n'est pas catastrophique car on n'a pas perdu 50 mètres à l'intérieur des dunes et nous avons des kilomètres de dunes grises derrière. Mais on a subi un hiver éprouvant, avec des tâches physiquement difficiles ». Depuis le mois de décembre et le passage de la tempête Dirk, les gardes littoraux et les communes ont retiré des tonnes de déchets. Les déchets traditionnels déposés sur les plages par les flots, mais aussi les ganivelles et autres aménagements dunaires qui ont été emportés, les boulettes de mazout...
Des pantoufles aux crèmes antirides
La commune de Plouharnel a été l'une des plus touchées. « Des aménagements de plage de dix ans ont été emportés », explique Marie Kerdavid, garde littoral chargé de l'entretien de 7 km de plages, représentant 600 hectares. « On a ramassé une demi-tonne de mazout. En tout, on a évacué 3,5 tonnes de déchets ». Le contenu des quelque 600 conteneurs déclarés perdus au large de la Bretagne est arrivé au fil des semaines. « On a eu des pantoufles, des seringues en plastique, des gâteaux, de la nourriture pour poissons rouges, des crèmes antirides... », précise en riant Marie. « La semaine dernière encore on a trouvé un pan de conteneur d'environ cinq mètres de long sur deux mètres de large. On a passé trois mois, en ciré et en bottes, à évacuer des déchets. Heureusement, des bénévoles nous ont aidés. On a même dû passer une cribleuse sur trois kilomètres, pour évacuer les seringues, sinon on ne s'en serait pas sortis ». A Plouharnel, sur la plage de la Guérite, comme à Sainte-barbe ou à Mané Guen, la dune a reculé de quatre à cinq mètres. Toutes les ganivelles ont été emportées. Il a fallu revoir toute la protection et c'est là l'un des principaux enseignements de ces tempêtes. Les ganivelles ont été remplacées par des poteaux équipés de deux ou trois rangées de fil de fer. Dans le jargon des gardes côtiers, il s'agit de bi-fil ou de tri-fil. « Notre réflexion a évolué et est différente selon les secteurs », précise Christophe le Pimpec. « Les ganivelles sont plus performantes en terme de regraissement des plages, mais elles coûtent cher et sont emportées plus facilement ».
Le bi ou tri-fil moins cher que les ganivelles
« Les ganivelles sont en châtaignier », ajoute Marie Kerdavid. Un linéaire de ganivelle posé par une entreprise coûte 30 €. Avec des poteaux et du fil on divise le prix par trois et c'est plus solide. Ça m'est arrivé de réparer le même tronçon dix fois dans l'hiver. En plus, un rouleau de ganivelle fait 50 kg. À manipuler tout seul, c'est lourd. Surtout quand on n'a pas d'engin motorisé pour aller sur la plage. On fait tout à pied avec une brouette ». Les touristes qui commencent à réinvestir les plages vont trouver du changement par rapport à l'été dernier. Mais l'évolution est loin d'être finie. Là où les dunes se sont affaissées, la pente s'est adoucie, après la fracture. La végétation va décoloniser petit à petit les pentes de sable.
Phase de réengraissement
Surtout, on est en phase de réengraissement. La mer commence à rendre le sable qu'elle a pris. Les mouvements de sable sont énormes, à tel point qu'à certains endroits, comme à Plouharnel au niveau de Sainte-Barbe et de Mané Guen, des petites baïnes apparaissent. Tout est prêt pour la saison estivale. Les accès aux plages, ont été sécurisés, à défaut d'avoir été tous refaits à l'identique. Quant au coût de cet hiver tempétueux pour le Grand-site, il n'est pas chiffré.
En complément
25 km de dunes à préserver
Le massif dunaire allant de Gâvres à Quiberon est le plus grand massif dunaire de Bretagne : près de 2.500 hectares d'un seul tenant. Il s'agit du plus grand espace naturel du littoral breton. Ce site est constitué de l'immense massif dunaire qui s'étend de Gâvres à Penthièvre sur 25 km de longueur et en moyenne 1 km de largeur. Il se prolonge par l'ensemble des dunes perchées (relique d'un massif encore plus étendu) qui surmonte les falaises de la Côte sauvage de la presqu'île de Quiberon sur près de 10 km.
800 plantes sur le massif dunaire
Le site présente un ensemble varié d'écosystèmes (dunes, étangs, dépressions humides intradunales, landes, prairies). Le conservatoire botanique national de Brest a recensé sur le massif dunaire près de 800 plantes. Dans cette grande diversité, plusieurs dizaines d'espèces végétales bénéficient d'un statut de protection. Ce grand-site constitue une zone d'hivernage pour une multitude d'oiseaux, dont certains sont menacés à l'échelle européenne. Au sein du syndicat mixte, les quatre gardes littoraux assurent la protection des espaces naturels côtiers. En lien avec les propriétaires (communes, Département, Conservatoire du littoral, ONF...), ils réalisent un suivi des sites à la fois scientifique (observation d'espèces, inventaires et études) et techniques (aménagement à réaliser, entretien courant.) Ils participent également à la sensibilisation du public sur le terrain grâce à leur présence quotidienne sur la totalité du littoral du grand site.
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