L'informatique, pour faire voter "les abstentionnistes" !
27/02/2014
Les logiciels de stratégie de campagne sont aujourd'hui à la manœuvre !
les listes électorales sont actuellement insuffisantes pour diriger une action de stratégie politique. Elles ne contiennent, ni l'adresse Mail des électeurs (des listes commerciales sont vendues à prix d'or), ni les numéros de téléphone fixe ou portable.
C'est ainsi qu'à Saint Pierre Quiberon, sont recherchés le fichier des adhérents à Loisirs et Culture, celui des abonnés Orange à l'internet fixe et celui des pages blanches, correspondant aux abonnés téléphoniques de la commune. En mariant habilement ces données à celui des listes électorales, il est possible de se constituer un fichier de prospection, presque gratuit, avec possibilité d'envoyer des mails en volume, ainsi que des SMS gratuits...
les "blogs" des deux équipes concurrentes sont utilisés avec en parallèle des visites à domicile, apparemment mal ciblées.
Aujourd'hui, seuls les abstentionnistes potentiels sont "à réveiller" ! Mais pour qui ?
Porte-à-porte électoral à l’heure du numérique
Le Figaro du 27 février 2014
Des logiciels dédiés aux campagnes électorales permettent aujourd’hui aux candidats aux municipales de cibler très finement, pour les opérations de porte-à-porte, les rues où se trouvent le plus grand nombre de leurs électeurs potentiels.
Albert Zennou
Tous les jours, Michel Calvo fait campagne. Mais pas n’importe comment. C’est aidé d’un logiciel français, baptisé « 50 + 1 », qu’il établit pour lui et ses équipes les rues où se rendre, les portes auxquelles frapper et même les discours à tenir. Depuis cinq mois, Michel Calvo est le coordinateur central de la campagne porte-à-porte de Jean-Pierre Moure, le candidat PS à la mairie de Montpellier. Et pour lui, pas de doute, le porte-à-porte est d’une redoutable efficacité. Montpellier compte pas moins de 85 000 portes et autant de foyers. Michel Calvo s’est fixé comme objectif de frapper, d’ici au 23 mars, jour du premier tour des municipales, à 45 000 d’entre elles. « Nous avons d’ores et déjà frappé à 23 000 portes dont 10 000 se sont ouvertes », explique Calvo, fervent utilisateur de 50 + 1, mis au point par Guillaume Liégey, Arthur Muller et Vincent Pons, trois trentenaires surdiplômés (Normal Sup, MIT, HEC).
Dans une première phase, les supporteurs montpelliérains de Jean-Pierre Moure se sont servis, à l’automne 2013, de 50 + 1 pour inciter à l’inscription sur les listes électorales. C’est ainsi qu’ont été ciblés les bureaux de vote, donc les rues, où l’abstention était la plus forte. « Nous avons frappé à 8 000 portes. Nous estimons que nous avons convaincu 500 personnes de s’inscrire sur les listes, qui sans nous ne l’auraient pas fait », estime Michel Calvo.
À Marseille, le candidat PS, Patrick Mennucci, a recours à Nation Builder, un logiciel américain utilisé par le Parti travailliste britannique. Selon certains, c’est ce logiciel qui l’a aidé à faire la différence lors de la primaire PS où il n’était pourtant pas favori. « C’est un outil très efficace qui nous permet de cibler précisément ceux à qui nous voulons nous adresser et de collecter des numéros de portables. À ce jour, nous comptons environ 30 000 numéros. C’est une force indéniable », lance Patrick Mennucci.
Mais pour transformer le porte-à-porte, ce vieil outil un peu ringard, en arme de persuasion massive, il aura fallu que l’informatique passe par là et que son éclatante efficacité soit prouvée outre-Atlantique lors de l’élection de Barack Obama en 2008. Étudiants au prestigieux MIT (Massachusetts Institute of Technology), le trio à la tête de 50 + 1 découvre un peu par hasard les campagnes en version américaine, et notamment celle d’Obama en 2008, qui avait la particularité de miser sur les nouvelles technologies au service de la mobilisation.
Cinq millions de portes ouvertes
De retour en France, ils se passionnent pour la chose politique et, étant de gauche, c’est naturellement au PS qu’ils proposent leurs services. Recrutés par le futur député de la Gironde, Vincent Feltesse, en charge de la campagne numérique de François Hollande, ils se mettent au service du candidat désigné à la primaire et peaufinent leur logiciel. À la fin de la campagne, ils ont à leur actif le chiffre impressionnant de 5 millions de portes ouvertes. Un chiffre qui permet aux trois créateurs désormais de leur propre start-up d’avancer qu’ils ont fait bouger 3 % du corps électoral français. Selon Guillaume Liégey, 20 % des électeurs qui pensaient voter Marine Le Pen au premier tour auraient finalement opté pour François Hollande. Au second tour, 280 000 électeurs en tout auraient été convaincus de voter Hollande, soit un quart de la marge de victoire du candidat socialiste sur Nicolas Sarkozy.
Désormais, 50 + 1 cible les municipales.
Si, pour l’instant, seuls les candidats socialistes ont la possibilité de l’utiliser, il pourrait en être différemment à l’avenir. 50 + 1 est basé sur un modèle prédictif du potentiel de voix. « L’histoire reste encore le meilleur outil de prédiction du futur », rappelle Guillaume Liégey. Concrètement, le logiciel intègre les votes passés dans une circonscription ou une ville donnée. Ces chiffres sont ensuite croisés avec différents sondages, indices de popularité et de notoriété d’un candidat, données socio-économiques, notamment le taux de chômage dans l’espace donné et la structure sociologique de la population. Le résultat est alors impressionnant : 50 + 1 fournit une carte de la ville divisée en autant de zones que la commune comporte de bureaux de vote. Par un jeu de couleurs apparaissent les bureaux jugés prioritaires, ceux sur lesquels il s’agit de faire porter plus particulièrement l’effort des militants, parce qu’ils recèlent un potentiel important d’électeurs non inscrits, indécis ou opposés. « Naturellement, un militant a tendance à faire campagne dans les zones qu’il connaît le mieux et qui en général sont de la même couleur politique que lui-même. C’est justement ce que notre logiciel permet d’éviter. Inutile de perdre du temps à convaincre des convaincus ou des opposants irréductibles », explique Guillaume Liégey.
Autre fonctionnalité d’une redoutable efficacité, le logiciel permet de savoir précisément le nombre de portes ouvertes, d’électeurs touchés et possiblement convaincus, de collecter e-mails et surtout numéros de téléphone portables. Aujourd’hui, l’un des atouts stratégiques dans une campagne est le nombre de téléphones identifiés à qui on peut faire parvenir un SMS, pour donner une information, annoncer un événement ou faire passer des messages. « Le SMS est un atout majeur, bien plus que les e-mails. Parce qu’aujourd’hui presque tout le monde possède un portable et que tout le monde lit ses SMS et pas forcément des e-mails », assure Liégey. Pour Michel Calvo, le logiciel est « un exceptionnel outil de pilotage et d’organisation d’une campagne. Il nous permet de nous confronter à la sociologie électorale d’un bureau de vote ».
À l’heure de la numérisation, des réseaux sociaux, de la géolocalisation, des bases de données géantes et de la généralisation de l’informatique embarquée, il ne s’agit plus de faire une campagne électorale comme on la faisait avant. L’heure est aux campagnes 2.0. Car, pour être efficace, une campagne doit s’adresser le plus individuellement possible à chaque citoyen. Si rien ne pourra remplacer un programme politique, un projet et une conviction pour emporter l’adhésion du plus grand nombre, il faut aller chercher les électeurs les plus indécis, voire les plus réfractaires pour tenter de les convaincre sur la base d’argumentaires politique sur mesure. Dès lors, une formation est nécessaire pour tous les utilisateurs de ces logiciels politiques. Il faut non seulement savoir les manier mais également en tirer tous les avantages politiques. « On s’est aperçu qu’avec notre logiciel nos militants étaient beaucoup moins agressifs dans leur manière d’aborder les habitants d’un quartier. Nous les avons formés à être davantage dans le témoignage », poursuit Michel Calvo
Nécessité d’une campagne de terrain
Alors même que le niveau d’éducation grimpe continuellement depuis plus d’un siècle, ce qui est généralement facteur de mobilisation et de participation aux élections, l’abstention ne cesse pourtant d’augmenter. Or, dès la fin des années 1990, des études ont montré le lien direct entre les campagnes de porte-à-porte et la hausse de la participation. En 1998, Alan Gerber, un professeur américain de l’Université de Yale, avait démontré dans une étude que les campagnes de porte-à-porte avaient une nette répercussion sur le niveau de participation. Selon son étude, l’abstention reculait de 8 % en cas de porte-à-porte efficace. Il n’en fallait pas moins pour convaincre les hésitants américains de l’impérieuse nécessité d’une campagne de terrain. Une étude française, celle-là dirigée par la politologue Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen, montrait que ces nouveaux inscrits affichaient un taux de participation plus élevé que le reste de citoyens présents depuis plus longtemps qu’eux sur les listes électorales.
En 2008, plutôt que d’essayer de convaincre les électeurs républicains de voter pour Obama, les stratèges du futur président américain ont eu l’intuition que leur victoire résiderait dans leur capacité à convaincre ceux qui ne votent jamais d’aller mettre un bulletin dans l’urne. Mais, pour toucher ces inconnus des élections, les spots publicitaires ou les affiches ne suffisent pas. Paradoxalement, le porte-à-porte, qui jusque dans les années 1950 était au centre des tactiques électorales américaines, avait été abandonné au profit de d’outils de communication de masse (spots télé et affichage) jugés plus modernes et efficaces à l’époque. Il fallait donc s’adresser à chaque électeur en particulier et notamment à celui qui ne votait pas. En France, la hausse continue de l’abstention impose-t-elle de passer par l’outil informatique ?
Quand 40 % de la population ne se déplace même plus pour voter, cela impose des changements. Les logiciels politiques participeront-ils au renouveau démocratique ?
3 commentaires
voter est un devoir,alors voter à gauche ou à droite! seuls ceux qui ont voter pouront critiquer les élus,les abtentionistes auront toujours tords,mais comme d'habitidude seront les premiers à ouvrir leurs grandes goules!
kenavo
"C'est ainsi qu'à Saint Pierre Quiberon, sont recherchés le fichier des adhérents à Loisirs et Culture, celui des abonnés Orange à l'internet fixe et celui des pages blanches, correspondant aux abonnés téléphoniques de la commune."
Lorsque l'on est sur liste orange ou rouge" il est interdit aux différents prestataires de communiquer nos nomas et adresses.
par ailleurs quelqu'un ici me souffle que ça l'étonnerait que Loisirs et Culture communique le fichiers des adhérents. La CNIL n'aime pas ça. Mais toi, tu as l'air de trouver que ce serait normal, heureusement que tu ne sévis plus dans cette belle association
Hey, ce billet est vraiment génial. Je le met tout de suite dans les favoris.
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