Lobbying contre réalités ?

Submersion marine, Carnac marnage s'interroge
Télégramme du 7 novembre 2012

L'association Carnac marnage a tenu sa deuxième assemblée générale, vendredi. Elle remet en cause les hypothèses retenues à la base du projet d'étude technique entreprise par le cabinet DHI, à la demande de l'État (DDTM: Direction départementale des territoires et de la mer), suite à la tempête de 2008. Premier point de contestation: la définition théorique de l'événement centennal. Carnac marnage considère que: «l'événement centennal, retenu comme référence par DHI (couple hauteur d'eau/vitesse de remplissage) pour évaluer le risque de submersion marine, relève d'une construction théorique à partir du marégraphe de Port-Tudy (Ile de Groix). Elle est déconnectée des réalités du site de la baie de Quiberon. Les caractéristiques de la tempête de 2008 ne comportent pas d'éléments suffisamment agressifs pour constituer l'élément centennal de référence, contrairement à Gâvres ou à d'autres parties du littoral directement exposées à l'océan».

Zone abritée ?
Deuxième point: plusieurs adhérents contestent un impact possible de la houle sur Carnac-Plage. «La baie de Quiberon et ses îles placeraient Carnac dans une zone abritée de la houle, caractérisée par une faible profondeur d'eau (inférieure à 10m), des vents dominants de ouest-sud-ouest et une faible amplitude et une fréquence des vents dangereux de sud-est à prendre en compte pour évaluer le risque de submersion».

Le problème du cordon dunaire
Dernier point: la stabilité du cordon dunaire. L'association conteste la prise en compte d'un sur-aléa qui résulterait d'une défaillance éventuelle du cordon dunaire, assimilé par DHI à un ouvrage de protection. «DHI considère qu'une rupture pourrait provoquer un double aléa du fait de la marge d'incertitude et de l'énergie cinétique créée par une arrivée d'eau rapide. L'association assimile le cordon dunaire à un ouvrage naturel et observe que les sédiments naturels déposés sur la plage sont très stables». Elle se pose la question du statut juridique du cordon: qui est responsable de son entretien, à qui est imputable une défaillance de l'ouvrage, qui doit réaliser l'étude de sa stabilité? Elle estime que son étude devrait être incluse dans la mission de DHI. «Si le cordon dunaire est démontré stable, le risque de submersion est réduit (en deux points: Port-en-Dro et Beaumer). S'il ne l'était pas, cela induirait une détermination d'office de trois zones d'entrée d'eau, ce qui semble critiquable comme méthode», considère l'association.

La stratégie offensive de Carnac marnage
Constituée en mai2011, l'association Carnac marnage a pour objectif d'obtenir «zéro zone rouge à Carnac-Plage». Sa stratégie est offensive: lutter contre la glaciation du développement économique de Carnac-Plage. Elle estime que cela résulterait d'un blocage systématique des demandes de permis de construire sur la base du risque de submersion marine, suite à la publication des cartes portées à la connaissance du public le 3novembre 2011, et dans l'attente d'un PPRL (Plan de prévention des risques littoraux). Elle souhaite, à cet effet, contribuer à évaluer les enjeux (étude des phénomènes météos marins) et obtenir une requalification de l'aléa de submersion marine dans l'élaboration du PPRL.

175 adhérents
Forte de 175 adhérents (parmi lesquels figurent des architectes, ingénieurs, avocats, notaire), elle est présidée par Charlotte Girardin et bénéficie du concours actif de Jennifer Rozé (architecte du Patrimoine), Armelle Moreau, Sandrine Bugeau, Rolland Salle... Elle participe au comité de pilotage pour l'élaboration du PPRL dont la première réunion a eu lieu le 18février 2012 et la seconde est prévue le 14novembre 2012. Elle interpelle régulièrement les services communaux sur les actions concrètes à mener pour y parvenir.