La démocratie "en danger" ?
28/05/2012
Les règles de financement des campagnes électorales sont "iniques" !
Aujourd'hui le poste principal de frais d'une campagne est constitué par le "papier imprimé" : affiches, tracts, profession de foi, bulletin de vote. Malgré un encadrement réglementaire, le recours à un imprimeur privé est coûteux, très coûteux en raison des volumes.
Afin d'accroître le rendement, l'envoi par "MédiaPoste" des "poignées" est également très cher. La rentabilité n'est pas assurée par la couverture postale en raison des "refus" légaux de recevoir de la publicité des boites aux lettres...
Restent les autres moyens : le mail de masse (les listes d'adresses sont coûteuses et peu sûres...), le marketing téléphonique (ou phoning), le site Internet et les blogs...
En dehors des grands "partis", le financement d'une campagne est "personnel", la barre des 5% étant souvent un obstacle infranchissable.
Disposer de 30.000 euros n'est pas courant. A cela ajouter l'investissement personnel en réunions publiques sur 15 jours... La campagne d'un député n'est pas aussi simple que cela !
Chapeau, les artistes !
Législatives2012, le coût d'une campagne pour un candidat
Télégramme du 28 mai 2012
«Combien va vous coûter votre candidature?». Voici la question que nous avons posée aux candidats de la 5e circonscription. Entre ceux qui espèrent une campagne sans frais et ceux qui s'approchent des plafonds, les écarts sont d'importance.
Jean-Paul Aucher (EELV). «Je sais que la campagne va me coûter entre 3.000 € et 5.000 €. Je pouvais aller bien au-delà mais c'est un seuil que je me suis fixé. Ceux qui sont certains d'être remboursés n'hésitent pas à mettre bien plus. Pas moi, j'estime qu'il s'agit de l'argent public. Ce qui coûte le plus cher, ce sont les documents distribués dans les boîtes aux lettres, les professions de foi, les affiches et les bulletins de vote. Passer par le parti permet d'obtenir de meilleurs tarifs».
Sylviane Hocher (NPA). «C'est tout ce qui est imprimerie qui nous coûte. Il y en a pour près de 7.000 €. En dehors de ces dépenses, ce n'est que du bénévolat. S'il n'y a pas un minimum de gens qui votent pour nous, cela va coûter cher au parti. Mais il faut être présent, c'est une façon de développer notre politique. À part l'essence, j'imagine que je ne rentrerai pas dans mes frais».
Gwendal Rouillard (PS). «Nous avons tablé sur un budget de campagne de 36.000 €. J'ai fait un emprunt en mon nom propre. Si je dépasse les 5%, l'État devrait me rembourser 32.500 €. La différence devrait être comblée par les dons de nos sympathisants. Chaque poste de dépense doit être justifié. Il faut que les dépenses soient faites dans le but de rechercher une voix. Mon budget le plus important, près de 58% de la somme totale, concerne l'information donnée. Ensuite, il y a les frais de réunions publiques (17%), les frais postaux et la téléphonie, près de 12% du total».
Yannick Kersuzan (Alliance centriste). «Notre campagne ne devrait pas excéder les 4.000€. Apparemment, les frais seront payés par le parti. Il nous faut être présent mais que cela nous coûte le moins cher possible. Nous n'aurons par exemple pas d'affichage en A3. Et nous n'imprimerons que la moitié des bulletins de vote, dans les mairies mais pas dans les boîtes aux lettres».
Brigitte Mélin (UMP): «J'ai reçu 8.000€ de l'UMP. Pour le reste, j'ai souscrit un prêt de 30.000€. Mais je sais que je ne dois pas dépasser 32.510€, le plafond des remboursements autorisés. Pour les affiches et les bulletins de vote, mon imprimeur est directement réglé par l'État. J'ai aussi pris un congé sans solde pour assurer ma campagne. Les principaux postes de dépenses sont les tracts et documents (4.500€). Il faut aussi compter la location du local de campagne (600€ par mois), et les frais des réunions publiques».
Joël Gallais (Front de gauche). «On va approcher les 10.000 €. Ce qui coûte, ce sont les tracts, affiches, déplacements, mais aussi la compensation de mise à disposition du candidat, car je suis salarié, pour quelques jours. Je pense qu'on aura les 5% sans trop de difficultés, donc le remboursement, mais on évite quand même tout gaspillage. On soigne quand même la communication avec un journal de campagne, quatre numéros à 10.000 exemplaires, ce qui coûte. Et il y a l'engagement d'une centaine de militants, qui est inestimable».
Florence Donato-Lehuede (Modem). «On saura quand la campagne sera finie, mais on essaie de rester modeste: on ne dépassera pas les 10.000 € au total. L'essentiel vient des tracts, affiches et professions de foi. On essaie également de faire venir un orateur de dimension nationale, mais si on y arrive, ce sera pris en charge par Paris».
Yan Siz (UDB). «On va essayer d'être en dessous des 2.500 €, même s'il y a toujours une marge d'erreur, et parfois des surprises quand on clôt les comptes! On compte aussi sur le bénévolat avec les militants, et sur Internet. Je tiens un blog de campagne, je suis présent et actif sur Facebook depuis trois ans, et je me mets à Tweeter. D'expérience, je sais que ça ne ramène pas forcément de voix, mais cela diffuse la notoriété, et cela peut apporter des adhésions pour la suite».
Cyril Le Bail (LO). «Je n'ai pas de chiffre, car pour l'instant tout se fait centralement, avec le parti. Et on fait le minimum nécessaire, en éditant seulement la moitié des bulletins de vote, uniquement pour les mairies. On pallie l'absence de moyens par la volonté militante et la détermination!».
Catherine Feinte (Parti démocrate chrétien). «Le parti finance les bulletins, affiches et professions de foi, ce qui doit représenter entre 2.000 et 4.000 €. Moi, il me reste les allers-retours entre Nantes et Lorient, 500 € à la louche. Pour nous, l'important est d'être présent, faire connaître le parti et les valeurs que l'on défend».
Joëlle Bergeron (FN): «Ça nous coûte zéro, car on n'a pas un sou. Alors on fait rien. Chez nous, chaque candidat paie son essence, le parti fournit le reste. Il y en a peut-être pour 1.000 €, je ne sais pas. La permanence de campagne est installée dans mon appartement à Lorient, donc ce ne sont que des coûts indirects».
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