La pollution, communale, départementale ou nationale ?
22/01/2012
La "pollution", un phénomène renforcé aujourd'hui par la présence forte des hydrocarbures, est encore mal "maîtrisée" sur les plans administratif et juridique...
L'"Erika", après l'"Amoco Cadiz" ont inscrit dans notre histoire de longues batailles administratives et juridiques, quant à la responsabilité des autorités administratives dans les naufrages de ces navires.
Avec le "TK Bremen" on est héberlué ici devant la rapidité de mise en oeuvre de l'effacement des traces du navire et de sa pollution. Aujourd'hui aucune information ne filtre sur le déroulement nocturne de l'échouage, de ses causes exactes (la tempête a bon dos !), ni de l'intervention possible du Centre CrossA d'Etel, du sémaphore de l'entrée de la Ria et des autorités du Port de Lorient...
A l'heure du naufrage du "Concordia", la toute puissance du "capitaine" du navire dans les situations d'urgence est remise en cause... Pour le TK Bremen on aimerait comprendre le déroulement des faits et l'interaction entre le "capitaine" et les autorités administratives chargées des situations d'urgence...
Ces questions sont tellement importantes, que les responsabilités financières en découlent directement... avec probablement à la clé un appel au secours des finances publiques...
Qui paiera ? l'armateur et ses assurances ou le citoyen "lambda", qui n'aura évidemment pas été consulté ? On aimerait être aujourd'hui "Robin des Bois" !
Echouage du TK Bremen, Robin des Bois porte plainte contre X
Télégramme du 10 janvier 2012
Après l'échouement du TK Bremen, à Erdeven, Robin des Bois, association de défense de l'environnement, a porté plainte contre X auprès du tribunal de Brest le 6 janvier. Elle est officielle depuis hier.
«Nous portons plainte contre X pour pollution par hydrocarbures et mise en danger de la vie d'autrui. Celle de l'équipage, précise Charlotte Nithart, porte-parole de l'association Robin des Bois. Une plainte contre X de manière à n'exclure personne de cette responsabilité. Notre propre enquête nous permet d'aiguiller le tribunal vers certains acteurs». Par ordre chronologique, Charlotte Nithart cite l'autorité portuaire de Lorient. Selon Robin des Bois, qui se réfère à l'article R304-11 du Code des ports maritimes, «Elle avait les moyens de retenir à quai le TK Bremen.L'outil est méconnu mais nous souhaitons qu'il y ait un procès exemplaire qui oblige les commandants de port à prendre leurs responsabilités». Invité de Robin des Bois, Jean-Paul Hellequin (porte-parole de la CGT des Marins du Grand-Ouest et président de l'association Mor Glaz) abonde le propos: «Si le commandant de port a la volonté d'interdire la sortie du bateau, rien ne lui interdit de le faire. Il suffit d'avoir une volonté de le faire».
De multiples responsables
La plainte de Robin des Bois vise aussi le préfet du Morbihan et Jean-Yves Le Drian, président de la Région. «Ni l'un ni l'autre n'ont de mémoire car, le 25 novembre 2011, ils ont signé un règlement particulier du port de commerce de Lorient. Il interdit aux navires transportant des hydrocarbures et des produits chimiques en vrac d'entrer ou de sortir du port lorsque les vents dépassent 33 noeuds (entre 60 et 70km/h, NDLR)». Les autres acteurs responsables de l'échouement du cargo maltais seraient, selon Robin des Bois: «Le pilote du centre de pilotage qui est monté à bord avant d'alerter les autorités maritimes, le consignataire du TKBremen, son commandant, qui n'a pas tenu compte des alertes météo, qui a fait des allers et retours à proximité de l'île de Groix pour chercher des endroits plus abrités et qui a pris les mauvaises options nautiques, l'armateur, dont le rôle est à analyser de près, enfin, le Crossa Étel, dont on aimerait qu'il nous explique pourquoi l'alerte a été donnée tardivement. Il aurait fallu qu'elle soit donnée quand les remorqueurs pouvaient sortir».
Démantèlement: «Une urgence mal expliquée»
Jacky Bonnemains, président de Robin des Bois, se déclare par ailleurs surpris par la rapidité du démantèlement du TK Bremen: «C'est spectaculaire mais dangereux pour les travailleurs et ce n'est pas la meilleure alliée de la protection de l'environnement. L'urgence, au risque de voir le TKBremen se démolir seul, n'est pas bien expliquée. Les conditions d'urgence invoquées par la préfecture, à savoir la fragilité de la coque, ne sont pas réunies. L'urgence est touristique et politique».
• Karine Joncqueur
La capitainerie de Lorient ne peut s'exprimer
La capitainerie de Lorient, sous le feu des accusations de Robin des Bois, ne peut toujours pas s'exprimer. «En tant que service de l'État, nous sommes tenus à une obligation de réserve, tant qu'une enquête est en cours», déplorait, hier, Xavier Prud'hon, chef du service de surveillance et de contrôle des activités maritimes. «Nous nous exprimerons dès que l'enquête nous autorisera à le faire».
TK Bremen, l'heure des indemnisations
Télégramme du 20 janvier 2012
Depuis hier, la pêche professionnelle est de nouveau autorisée pour tous les coquillages de la ria d'Étel. Pour les ostréiculteurs et les producteurs de coques ou de palourdes, l'heure est maintenant aux indemnisations.
Le chantier de déconstruction du TKBremen sur la plage de Kerminihy, à Erdeven, où il s'est échoué le 16 décembre dernier, est pratiquement terminé. En attendant un dernier coup de cisaille symbolisant la fin du chantier qui sera donné lundi après-midi, l'entreprise néerlandaise Euro Demolition va commencer le nettoyage du site. À quelques centaines de mètres de là, dans la ria d'Étel, une bonne nouvelle est tombée, hier, sous la forme d'un arrêté préfectoral levant l'interdiction de pêche professionnelle pour l'ensemble des coquillages.
Six victimes principales
Cette interdiction, prise dès le matin de l'échouement, a principalement touché six ostréiculteurs qui se sont vu interdire de prélever leurs huîtres jusqu'au 4 janvier, pour la moitié d'entre eux, et jusqu'à hier, pour les trois autres. S'ils ont pu tout de même commercialiser leurs huîtres déjà placées en bassins insubmersibles, ainsi que celles prêtées par des collègues, tous ceux-là ont perdu gros. «J'ai quatre tonnes à la côte, dont trois qui devaient partir troisjours après l'échouement», indique Anne-Gildas Portanguen, une des six principales victimes. Les «200 à 300kg» prêtés par un collègue n'ont pas compensé la perte, loin de là.
Une quarantaine de dossiers distribués
Comme ses collègues, Anne-Gildas a récupéré un dossier d'indemnisation, vendredi. JeanMahéo, le président du syndicat local, en a distribué une quarantaine. Mais tous ne les rempliront pas. En dehors des six qui ont eu des interdictions de prélèvement sur leurs parcs, les plus touchés sont ceux qui font de l'expédition, victime d'une image dégradée. JeanMahéo cite un expéditeur ayant perdu «60% de son chiffre d'affaires». Mais pour d'autres, notamment ceux qui vendent au détail localement, c'est beaucoup moins. Donc, «ce sera à chacun de voir avec son expert-comptable si ça justifie de remplir un dossier».
Les producteurs de coques et de palourdes aussi
Les producteurs de coques et de palourdes sont également concernés et touchés, là encore, dans des proportions variables. «On n'a pas subi de dégâts particuliers», reconnaît PatriceLéo, de Bivalves-Production, à Locoal-Mendon. Comme son collègue et voisin, Olivier Conrath, du Gaec (Groupement agricole d'exploitation en commun) de la grève d'Étel, avait «sauvé» tous ses coquillages à temps en les plaçant en bassins insubmersibles. Mais lui, qui vend en gros et demi gros, déplore des annulations. «On a des pertes objectives qu'on peut justifier comptablement. Donc, on va remplir un dossier afin de faire valoir nos droits». Les professionnels ont quelques semaines devant eux pour remplir les dossiers, sous le contrôle bienveillant de leur assureur et de leur syndicat professionnel. Le temps aussi de digérer et de vérifier la rumeur qui courait hier sur les parcs. Selon JeanMahéo, qui l'a appris il y a quelques jours lors d'une réunion professionnelle à Paris, l'arrêté d'interdiction n'aurait pas de base légale.
• Benoit Siohan
Traitement des boues à terre, des remous à Lanester
Télégramme du 21 janvier 2012
L'annonce du traitement à terre des sédiments pollués n'a guère été appréciée du côté de Lanester, la ville qui doit accueillir le site de stockage. Lemaire, Thérèse Thiéry, s'étonne d'un tel empressement.
Il s'était sans doute préparé à une éventuelle charge du collectif contre les boues de clapage qui s'est pourtant contenté de qualifier son plan de traitement des sédiments pollués de «pas de tortue». Mais Norbert Métairie ne s'attendait sûrement pas aux critiques du maire de Lanester.
Le maire de Lanester étonnée
Dans un communiqué, la première vice-présidente de l'agglomération dénonce l'absence de concertation au sein de Cap l'Orient. «Je suis très étonnée de lire dans la presse que les boues de dragage seront traitées sur la rive gauche du Scorff à Lanester. Le dossier proposé par Cap l'Orient agglomération est actuellement étudié par le bureau municipal qui est en attente de précisions sur les procédés utilisés, l'emprise de l'implantation, les nuisances occasionnées ainsi que sur les flux en matière de transport. C'est au regard de ces éléments que les élus Lanestériens prendront leur décision, en concertation avec les conseils de quartiers concernés.» Prise de vitesse, Thérèse Thiéry, ne cache pas son agacement: «Le traitement à terre des boues de dragage représente un véritable enjeu de territoire tant d'un point de vue économique, touristique qu'environnemental. Le dossier déposé par Cap l'Orient agglomération dans le cadre l'appel à manifestation d'intérêt proposé par l'ADEME permettra-il de trouver une alternative responsable et pérenne au clapage ? Cela dépendra de la volonté de chacun de jouer la carte de la solidarité territoriale, en concertation avec les élus, les usagers des ports, les habitants et les professionnels de la mer».
Pas de querelle de clocher
Selon le maire de Lanester, le dossier aurait simplement été évoqué en bureau communautaire et n'aurait pas fait l'objet d'un vote. «N'oublions pas qu'il faudra l'accord des élus de Lanester pour valider cette implantation et celui du maire qui devra, le cas échéant, signer un permis de construire», rappelle-t-on à la mairie de Lanester où l'on ne veut pas donner l'impression de subir les choix de Lorient et de récupérer, sans mot dire, les boues du voisin. Du côté de Cap l'Orient on ne souhaite pas polémiquer et entretenir une querelle de clocher entre les deux villes. Néanmoins, on rappelle que la réflexion sur le traitement des boues est engagée depuis un an. «Le sujet avait été évoqué l'an passé lors des voeux du président de Cap l'Orient.» Mais l'agglomération veut éviter l'enlisement. Les volumes traités, après séchage, sur la base du Scorff, seraient restreints. Tout comme les rotations de camions. «La proximité d'une voie d'eau permet aussi d'envisager un autre mode de transport».
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