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08/03/2011
Nautisme à Lorient, la casse-cou de la pièce carbone
Télégramme de Brest du 8 mars 2011
Colle Carbone et Cie, c'est le nom de l'entreprise de Marianne Moullec. Dans son atelier au port de pêche, elle fabrique des pièces en carbone pour la course au large. Une femme dans un métier du composite, habituellement plutôt masculin.
Un hangar de 90m³, dans la rue Henri-Estier, perpendiculaire à l'avenue de la Perrière. Des rouleaux de tissus de verre ou de carbone, des aspirateurs, un coin poussière et un coin peinture. C'est le royaume de Marianne Moullec, la «patronne» de Colle Carbone et Cie. «Cie, c'est pour faire multinationale». Éclat de rire. Le ton est donné. Marianne Moullec aime faire sérieusement son métier de spécialiste de pièces en matériau composite pour la course au large, mais surtout pas se prendre au sérieux. Quand elle crée sa petite entreprise en mai 2009, elle ne voulait surtout pas adopter le mot composite. «J'ai préféré le mot colle. Dans notre jargon, la colle, c'est un peu péjoratif. Ça me plaisait». Marianne Moullec fabrique dans son atelier tout ce qu'on peut faire avec du carbone, pour des bateaux de course. «En ce moment, je travaille sur une pièce très technique. Unpuits de quille pour un bateau de plaisance, en construction dans un chantier du côté de Nantes. La quille sera relevable pour pouvoir mouiller sur les plages. C'est environ 150 heures de travail», explique Marianne, chef d'entreprise à 34 ans. «J'ai démarré avec Bernard Stamm», raconte-t-elle. «En2000, il construisait son bateau de 60 pieds pour participer au Vendée Globe, juste à côté de chez mes parents à Lesconil. Un jour, il était à la bourre, il m'a demandé si je pouvais lui donner un coup de main. Cela a duré sept mois. J'ai découvert le matériau composite. Ça m'a plu.De fil en aiguille, c'est devenu mon métier».
Un métier dur
Assembler, coller, cuire, poncer, peindre. Réparer, modifier ou créer des pièces en carbone, c'est son truc. «Pour plein de gens, je fais un métier de garçon. Si je le fais, c'est aussi pour montrer aux mecs qu'on peut faire la même chose qu'eux, voire mieux qu'eux», crâne-t-elle, dans un petit couplet féministe. Un métier dur, poussiéreux, toxique où son petit gabarit est souvent utilisé. «On m'envoie dans des endroits pas possibles: au fond d'un mât, d'un ballast, ou d'un bras de multicoque, quand il faut réparer. Parfois, on me mesure les épaules pour vérifier si ça va passer. Je suis un peu la casse-cou du composite», ajoute -t-elle en riant. Marianne a travaillé pour Vincent Riou qui a gagné le Vendée Globe, a assemblé le Géant de Michel Desjoyeaux, a travaillé pour Marc Guillemot ou Jean-Pierre Dick. Dix ans à accompagner les navigateurs, dans tous les ports où les courses les mènent, pour finalement poser son sac à Lorient. Prudente, en 2009, elle avait pris le statut d'auto-entrepreneur. Elle a rapidement crevé le plafond et est passée en entreprise individuelle. Elle continue à créer des pièces techniques, mais avec ses doigts de fille. «Si une pièce peut être propre et avoir de la gueule, en plus d'être légère et résistante, c'est mieux».
Sophie Paitier
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