L'autocar "Macron" ringardise la SNCF...
21/04/2016
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A Vannes, en face de la Gare, et sans investissement supplémentaire, quatre lignes de bus vont de Brest à Bordeaux en passant par Nantes ! Devant l'abandon des lignes de nuit par train, le car propose une nouvelle liaison vers Grenoble à des prix imbattables !
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Lignes de cars, un marché en essor
Télégramme du 21 avril 2016
Laurent Guenneugues
« C'est plus pratique et moins cher que l'avion ou le train », estiment Chantal et Claude Rayne (à droite), en route pour Clermont-Ferrand.
La loi Macron du 6 août 2015 a libéralisé le transport par autocar. Quatre compagnies ont ouvert des lignes passant par Vannes. Il est désormais possible de se rendre à Rennes pour 8 €, à Nantes pour 5 €, à Paris pour 19 € ou encore à Grenoble pour 33 €. Des petits prix qui séduisent surtout les jeunes, mais aussi des retraités.
À la gare routière de Vannes, en face de la gare SNCF, le ballet des cars s'est singulièrement renforcé depuis quelques mois. Aux lignes du conseil départemental et de la Région sont venues s'ajouter de nouvelles, portées par des opérateurs privés, aux destinations plus lointaines. Ce sont les fameux « bus Macron ».
Quatre compagnies qui passent par Vannes
Quatre compagnies ont ouvert des lignes qui passent par Vannes. Parmi elles, deux mastodontes des transports, qui assurent une liaison entre Brest et Nantes. Il y a d'abord Ouibus, filiale de la SNCF. Car, si les usagers voient dans le car une alternative économique au train, la compagnie ferroviaire n'a pas voulu laisser ce marché à ses concurrents. Le deuxième géant, c'est Isilines, le réseau porté par le groupe Transdev. Sur leur site Internet, ils proposent aussi, au départ de Vannes, de se rendre jusqu'à Bordeaux en sept heures pour 12 €, ou encore Toulouse en dix heures pour 15 €, mais il faut alors changer de car à Nantes. Les deux plus petites compagnies sont finalement celles qui sont le plus présentes à Vannes. Starshipper assure, elle aussi, une liaison Brest-Nantes, mais permet également de se rendre à Rennes. Il s'agit d'un groupement d'autocaristes indépendants qui se sont réunis pour proposer leur propre réseau. Flixbus, enfin, est la compagnie qui propose le plus de destinations au départ de Vannes, puisque la ville se trouve sur le tracé de deux lignes : Brest-Grenoble et Quimper-Paris. Cette fois, il s'agit d'une start-up qui noue des partenariats avec des transporteurs indépendants locaux.
Ainsi, la liaison jusqu'à Paris (en passant par Nantes), lancée le 14 avril, est opérée par Clamart Cars, un transporteur basé à Antony (92). Les premiers bénéficiaires ont même pu profiter d'un prix d'appel à 1 € !
Un transporteur de Grand-Champ
L'autre ligne de Flixbus faisant halte à Vannes relie Brest à Grenoble. Elle a ouvert mi-décembre. Sur ce long trajet, il est aussi possible de descendre à Quimper, Angers, Tours, Nantes, Clermont-Ferrand et Lyon. Pour ceux qui poussent jusqu'à Grenoble, il en coûte généralement 33 € et le voyage de nuit dure treize heures. Cette fois, c'est une entreprise familiale basée à Grand-Champ qui en est l'opérateur : les Voyages Morio. « Pour ouvrir cette ligne, on a investi 750.000 € dans trois autobus et on est passé de quatorze équivalents temps plein à 25 », précise Damien Kerrand, le chef d'exploitation. Pour l'instant, le taux de remplissage est d'environ 50 %, avec une fréquentation un peu plus importante pendant les vacances, pour cette ligne reliant la mer à la montagne. « Elle n'est pas encore rentable, reconnaît Damien Kerrand. Mais on mise beaucoup sur le bouche-à-oreille : le taux de recommandation atteint les 80 %. On est encore dans une phase où l'on veut faire connaître le produit, pour que les utilisateurs voient les avantages : des tarifs moins chers que le train ou même le covoiturage, le confort, la sécurité... ». Une anecdote vient appuyer son propos. Il raconte qu'une nuit, l'un de ses cars a heurté trois sangliers : « C'est passé pratiquement inaperçu et le car est arrivé à l'heure à Grenoble ». Son principal défi, aujourd'hui, c'est de changer le regard des clients sur ce mode de transport : « Tout le monde garde en tête les cars scolaires... Il faut réapprendre aux gens à voyager en car ».
En complément
Des petits prix qui séduisent jeunes et seniors
Lundi, à la gare routière de Vannes, un groupe de jeunes copines s'apprête à grimper dans un car Starshipper, direction Rennes, où elles vont passer le concours pour l'école des Beaux-arts : « C'est bien moins cher que le train, lance Émilie Marinissen. Ça nous permet de voyager en groupe tout en faisant des économies. J'ai payé 8 €, ça m'aurait coûté 21 € en train ». Maëlla Lecomte, qui part avec elle, précise : « Pour moi, avec la carte Korrigo, c'était le même prix en train, mais je préférais être avec mes amies. J'ai déjà testé une fois : c'était confortable et pas bruyant ». Martial Evanno, le papa de l'une des filles, y voit un autre avantage : « C'est plus rassurant et sécurisant pour nous que si elles y allaient en stop ou même en covoiturage ».
« Une bonne alternative »
Camille Parlier, un Muzillacais de 21 ans, pose sa guitare et une tente dans la soute à bagages. Il se rend à Rennes pour répéter avec les membres de son groupe, Born Idiot, et il a lui aussi opté pour le car : « C'est moins cher que le train et ça ne prend pas beaucoup plus de temps. C'est tranquille, je regarde le paysage. Je suis déjà allé à Paris et à Lille en car. C'est une bonne alternative ». Un peu plus loin, Claude et Chantal Rayne, un couple de retraités, ont embarqué dans le car Flixbus, direction Clermont-Ferrand, où ils vont voir leur fille. « C'est plus pratique et moins cher que l'avion ou le train : on en a pour 100 € l'aller-retour à deux. Et puis, ce sont comme des autocars de voyagistes : ils sont spacieux et disposent de toilettes. On peut acheter des boissons ou des biscuits au chauffeur. On peut aussi brancher son ordinateur et se connecter au wifi, même si, nous, on a juste prévu des bouquins et des mots croisés ! ».
Onze heures de nuit pour aller à Lyon
Bernard Jouet, un retraité de Plescop, se rend à Lyon le lendemain. L'aller-retour lui a coûté 58 €. « C'était quatre à cinq fois moins cher que le train ou l'avion pour moi. La seule petite contrainte, c'est que le trajet va durer onze heures, mais c'est atténué par le fait que je voyage de nuit. Ça me permettra d'être opérationnel dès le matin ». Ça ne lui pose pas de problème de rester si longtemps dans un car : « Quand la place est disponible, j'aime bien bavarder avec le chauffeur. Je me suis occupé pendant 25 ans de séjour à l'étranger pour des familles et des jeunes avec l'association Patrimoine, culture et loisirs. J'ai dû faire 300.000 km en car ». Il n'est donc plus à 800 km près.
Les lignes des collectivités
Le réseau Tim, du conseil départemental, permet de se rendre pour 2 € dans plusieurs villes du Morbihan (Auray, Pontivy, Ploërmel, Arzon, Muzillac, Questembert, Grand-Champ...). Il est aussi possible d'aller à Saint-Brieuc avec la ligne du conseil régional, qui propose cinq allers-retours par jour (32,60 € pour un aller-retour).
Où réserver ses billets ?
Inutile d'aller au local de la gare routière : « On est sollicités plusieurs fois par jour pour ces nouvelles lignes, mais il n'y a personne ici pour renseigner ou pour vendre les billets, explique la représentante d'une société de location de voitures. On a donc mis un mot sur la porte pour inviter à consulter leurs sites Internet ». Les adresses des compagnies :
Autre possibilité pour les lignes Flixbus : depuis une semaine, il est possible de réserver sa place à l'agence de voyage Rouxel-Lambert, située rue Lesage, derrière l'hôtel de ville, moyennant 5 € de frais d'émission.
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