2016, tout reste à faire sur le plan économique !
04/01/2016
Les années pré-électorales consistent à "ouvrir" les vannes...
Serge Dassault, avionneur et propriétaire du Figaro, indique la voie à suivre !
Education Nationale : revenir à la notation et à la sélection...l'égalité mène à la "fabrique des cancres".
Un chef d'Etat, comme De Gaulle ! la médiocrité conduit au désastre...
Supprimer l'ISF et transformer l'impôt sur le revenu ! Flat Tax et surpression des exonérations...
Contrats de projet et suppression des 35 heures !
Retour à la retraite à 65 ans !
Le Programme est fixé, pratiquement aucun des candidats actuels ne remplit le cahier des charges !
Serge Dassault, président du groupe Figaro, vous présente ses voeux pour l'année 2016.
Le Figaro du 2 janvier 2016
Chères lectrices, chers lecteurs,
Nul ne regrettera la triste année 2015 qui s'achève. Marquée, en janvier et en novembre, par deux terribles vagues d'attentats terroristes, elle aura ajouté une nouvelle menace aux dangers qui pesaient déjà sur l'avenir de notre pays: celle d'un islamisme radical qui prend sa source loin de chez nous, mais dont les exécutants sont le plus souvent des Français, nés et élevés en France, qui ont délibérément choisi, pour assouvir leur folie fanatique, de mourir en assassinant d'autres Français.
Contre cette barbarie inimaginable, le temps n'est plus aux rêveries ni aux demi-mesures. Il faut agir, et vite, sans s'embarrasser de vains scrupules ni de médiocres calculs politiciens. L'état d'urgence, voté par la majorité et l'opposition, est une nécessité évidente: prolongeons-le autant qu'il le faudra! La déchéance de la nationalité française pour les binationaux nés en France et condamnés pour des crimes terroristes est une autre évidence, qui ne choque que les esprits aveuglés par l'idéologie. François Hollande a eu le courage de la proposer. Parce que l'intérêt national est en cause, le devoir de l'opposition est de le soutenir contre ses propres amis.
Ne nous leurrons pas: la bataille contre le terrorisme islamiste sera longue. Elle exigera que nous prenions bien d'autres mesures difficiles et que nous acceptions de restreindre certaines de nos libertés afin de garantir notre sécurité. Elle ne nous dispense pas de mener vigoureusement une autre bataille, non moins décisive pour notre destin collectif: celle de l'économie.
«Quand bien même - chose aujourd'hui totalement impossible - nous parviendrions dans un futur proche à équilibrer notre budget et à dégager 10 milliards d'excédents par an, il nous faudrait 210 ans pour rembourser notre dette !»
Sur ce terrain-là, l'année 2015 n'aura pas été plus favorable que celle qui l'a précédée - bien au contraire. En dépit des promesses présidentielles, le chômage ne recule pas. La croissance se traîne autour de 1 %. Quant à notre dette, nourrie par un déficit budgétaire galopant, elle a augmenté de 71 milliards cette année et dépasse maintenant les 2 100 milliards, soit 97,6 % du PIB. Et ce n'est pas demain que cela va s'arranger! Quand bien même - chose aujourd'hui totalement impossible - nous parviendrions dans un futur proche à équilibrer notre budget et à dégager 10 milliards d'excédents par an, il nous faudrait 210 ans pour rembourser notre dette! C'est dire, après quarante années d'impéritie budgétaire imputable à la droite comme à la gauche (le dernier budget en équilibre remonte à 1974!), dans quel état de catastrophe nationale nous nous trouvons…
Le pire est que tout cela ne trouble pas le moins du monde nos gouvernants, qui continuent à emprunter gaiement parce que, nous disent-ils, «les taux d'intérêt sont au plus bas» !
«Voilà où mène le manque de courage et de lucidité ! Malheureusement, depuis quarante ans, nos gouvernants n'ont brillé ni par l'un ni par l'autre, menant la France là où elle en est aujourd'hui»
Certes, ils le sont et c'est cela qui nous sauve, mais ils ne le resteront pas indéfiniment! Le jour où ils remonteront, parce que la politique monétaire européenne aura changé ou parce que nos créanciers, lassés de nous voir toujours augmenter nos dépenses sans faire ni réformes ni économies, perdront confiance en nous, ce jour-là, nous ne vaudrons guère mieux que la Grèce. Écrasés sous le poids de notre propre dette, dont les annuités croîtront démesurément, nous n'aurons plus que nos yeux pour pleurer.
Voilà où mène le manque de courage et de lucidité! Malheureusement, depuis quarante ans, nos gouvernants n'ont brillé ni par l'un ni par l'autre, menant la France là où elle en est aujourd'hui.
C'est Giscard qui lance la course folle aux déficits publics et instaure le regroupement familial, dont nous payons encore le prix. C'est Mitterrand qui, avec la retraite à 60 ans, l'impôt sur le patrimoine, l'impôt sur les successions à 40 % et le RMI, ruine nos comptes sociaux et détruit les entreprises familiales qui sont la base de notre dynamisme économique. C'est Chirac qui, à défaut de réformer la France, supprime le service militaire qui sortait les jeunes de leur quartier, leur apprenait la discipline et souvent un métier. C'est Jospin dont les 35 heures payées 39 ont été mortelles pour la compétitivité de notre économie et continuent de coûter chaque année 21 milliards de «compensation» versée aux entreprises. C'est Sarkozy qui, en dépit de ses bonnes intentions, crée le RSA, renonce à supprimer les 35 heures et l'ISF. C'est maintenant Hollande qui multiplie les aides sociales, les emplois aidés inutiles (coût: 10 milliards par an) et surtout multiplie les impôts dans des proportions telles que les investisseurs et les créateurs d'emplois, découragés, s'exilent à l'étranger.
«Les Français n'ont plus confiance en personne et se sentent abandonnés par les pouvoirs politiques (...) Alors, quand viennent les élections, soit ils s'abstiennent, soit ils votent Front national, qui, à leurs yeux, ne peut être coupable de rien puisqu'il n'a jamais gouverné»
Belle continuité dans l'erreur ! La droite, quand elle est au pouvoir, mène une politique pusillanime, et parfois même vaguement de gauche dans l'espoir illusoire de soigner sa popularité. La gauche, elle, augmente sans complexe les impôts et les charges, sans s'apercevoir qu'à force de démotiver les entrepreneurs et la jeunesse elle vide la France de ses élites actuelles et futures.
Pendant ce temps, la faillite de l'Éducation nationale se poursuit. On supprime la sélection, les notes, les examens et les prix. Les enfants, désormais dispensés de ce qui s'appelait naguère le «certificat d'études», entrent trop souvent au collège «unique» sans savoir ni lire, ni écrire, ni compter. La formation professionnelle et l'apprentissage sont laissés en jachère, en dépit des innombrables plans qui prétendent les relancer. N'étant formés à aucun emploi, les jeunes se retrouvent au chômage dès la sortie du lycée ; nombre d'entre eux se tournent vers la délinquance ou pire encore…
Le résultat de tout cela? Les Français n'ont plus confiance en personne et se sentent abandonnés par les pouvoirs politiques. Désemparés, démotivés, victimes du chômage et de la chute de leurs revenus, ils ne savent plus à quel saint se vouer. Alors, quand viennent les élections, soit ils s'abstiennent, soit ils votent Front national, qui, à leurs yeux, ne peut être coupable de rien puisqu'il n'a jamais gouverné! Ce qu'ils ne voient pas, c'est que le programme économique suicidaire du FN (sortie de l'euro, retraite à 60 ans…) n'aurait pour effet que d'aggraver les maux qui les accablent.
«Que pouvons-nous souhaiter ?Tout simplement, un candidat à l'élection présidentielle qui propose un programme clair, courageux et résolument libéral ; sans chercher à plaire à tout le monde, mais avec pour seul objectif de résoudre les problèmes de la France et des Français»
Alors, que faire? Que pouvons-nous souhaiter? Tout simplement, un candidat à l'élection présidentielle qui propose un programme clair, courageux et résolument libéral ; sans chercher à plaire à tout le monde, mais avec pour seul objectif de résoudre les problèmes de la France et des Français.
Méditons l'exemple du général de Gaulle. Il ne faisait pas de la politique pour complaire à tel camp ou à telle catégorie mais en pensant à l'ensemble des Français. Il avait compris, lui, que les vieilles notions de droite et de gauche doivent s'effacer quand l'intérêt national est en jeu. On dit parfois: «La gauche a du cœur et pas de tête, la droite a de la tête et pas de cœur.» Ce n'est malheureusement pas faux: la gauche passe son temps à inventer de nouvelles aides sociales sans se préoccuper des moyens de les financer ; la droite gère les ressources mais sans s'occuper suffisamment des besoins des salariés, des chômeurs et des retraités. Il faut en finir avec cette hémiplégie nationale: c'est parce qu'il l'avait bien compris que le général de Gaulle, pour en finir avec la lutte des classes, inventa la Participation.
«Chacun a besoin des autres, la France a besoin de tous. Ce qui compte, c'est que chacun puisse trouver un travail correspondant à ses attentes et ses compétences»
Inspirons-nous de sa leçon. Un pays, une société, a besoin pour vivre de toutes ses composantes. Il faut des riches et des moins riches, des patrons et des salariés, des financiers, des ingénieurs, des commerçants, des agriculteurs, des avocats, des médecins, etc. Chacun a besoin des autres, la France a besoin de tous. Ce qui compte, c'est que chacun puisse trouver un travail correspondant à ses attentes et ses compétences, et surtout (on en revient toujours à l'école) que «l'ascenseur social» fonctionne suffisamment bien pour permettre à ceux qui en ont l'envie et les capacités d'échapper au déterminisme de leur naissance.
Elle est là, la vraie égalité républicaine, à mille lieues de cet égalitarisme socialiste qui, sous prétexte de «faire payer les riches» encore et toujours, nourrit le ressentiment social et accélère la fuite de nos élites. Aucun pays au monde n'a jamais réussi en organisant la chasse aux riches (on a vu comment ont fini les dictatures communistes!) ni en décourageant les jeunes et les citoyens les plus entreprenants. Pour redresser notre économie et redonner l'espoir à tous les Français, c'est tout l'inverse qu'il faut faire. En s'inspirant de ces quelques idées simples:
«Il convient de modifier de fond en comble notre régime fiscal en supprimant sans délai l'ISF et en transformant l'impôt sur le revenu, aujourd'hui progressif à taux variable, en un impôt proportionnel à taux fixe auquel seraient soumis tous les citoyens sans exception»
Tout d'abord, il convient de modifier de fond en comble notre régime fiscal en supprimant sans délai l'ISF et en transformant l'impôt sur le revenu, aujourd'hui progressif à taux variable, en un impôt proportionnel à taux fixe auquel seraient soumis tous les citoyens sans exception, et non 45 % des Français comme c'est le cas actuellement. Cette «flat tax» à taux unique sur tous les revenus est appliquée avec succès en Russie au taux de 13 %, mais aussi à Singapour et Hongkong (16 %) et dans nombre d'anciens pays communistes. En France, elle existe déjà: c'est la CSG (7,5 %), qui rapporte à la Sécurité sociale 82 milliards chaque année, contre 70 milliards pour l'impôt sur le revenu. Si l'on veut prendre en compte les écarts de richesse et de revenus, elle pourrait fort bien comporter plusieurs taux (par exemple 2 %, 5 %, 15 % et 25 %), ce qui ferait rentrer chaque année 30 milliards supplémentaires au titre de l'impôt sur le revenu et permettrait au passage de supprimer les niches fiscales, qui privent l'État de 35 milliards de recettes. La croissance de notre économie s'en trouverait spectaculairement relancée.
Il faut ensuite se décider à mettre en place une véritable flexibilité de l'emploi, seul moyen de faire reculer le fléau du chômage. Cela suppose d'en finir avec les innombrables rigidités qui dissuadent les chefs d'entreprise d'embaucher, mais aussi de généraliser les «contrats de projet», à durée limitée, qui prennent fin automatiquement quand le projet qui les justifie est arrivé à son terme. C'est ce système qui a permis aux Américains de ramener leur taux de chômage à 5 % (contre 10 % chez nous). Qu'attendons-nous pour nous inspirer de leur succès?
«Il faut enfin, de toute urgence, supprimer l'horaire légal de 35 heures par semaine afin de libérer la production mais aussi permettre à l'État de récupérer les 21 milliards d'allégements de charges consentis aux entreprises en «compensation» des 35 heures»
Il faut enfin, de toute urgence, supprimer l'horaire légal de 35 heures par semaine afin de libérer la production mais aussi permettre à l'État de récupérer les 21 milliards d'allégements de charges consentis aux entreprises en «compensation» des 35 heures. Chaque entreprise doit pouvoir décider de ses horaires avec ses salariés, en fonction de son carnet de commandes (les heures supplémentaires intervenant après 39 heures), sans que les syndicats politisés puissent s'y opposer.
Bien sûr, si l'on veut remettre la France sur les rails, bien d'autres réformes seront nécessaires, qu'il s'agisse du retour à la retraite à 65 ans (avec complément de retraite par capitalisation) ou de la suppression de ces mille et une normes absurdes qui paralysent la production. Mais, déjà, les trois mesures que je viens d'évoquer, simples, de bon sens et applicables sans délai, permettraient de débloquer les principaux freins à la croissance et d'engager la réduction du chômage. La campagne présidentielle qui s'annonce verra-t-elle un candidat (ou plusieurs: je n'ai pas renoncé à rêver!) s'en emparer et les porter devant les Français? C'est le premier vœu que je forme pour cette nouvelle année.
Malgré tous ces problèmes et ces difficultés dont il faudra tout faire pour sortir, permettez-moi, chères lectrices, chers lecteurs, d'y ajouter un autre vœu, personnel celui-là. En mon nom et au nom de tous les journalistes et collaborateurs du Groupe Figaro, qui font le maximum pour vous satisfaire, je vous souhaite, à vous et à vos familles, une bonne et heureuse année 2016.
Serge Dassault, président du Groupe Figaro
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