Le "pouvoir" informatique n'est plus en France...
27/09/2015
La "folie réglementaire" française s'attaque aux données personnelles et se trompe de cible !
Le pouvoir de Google, Facebook, Amazon, Microsoft, bientôt Instagram ne connaît plus les frontières des Etats, et certainement pas celles des états européens !
Ce que l'on appelle "données personnelles" sont en fait transmises volontairement par les citoyens français sur les sites et sur Internet. Que l'on arrive aujourd'hui à "monétiser" ces paramètres utiles aux vendeurs à distance est le résultat du progrès des techniques informatiques (aujourd'hui l'agrégateur le plus connu est Criteo, une firme française !).
Le gisement des "données personnelles" existe aussi en France : Sécurité sociale, administration fiscale, transporteurs, éducation nationale, collectivités locales, Insee, banques..., et est aujourd'hui "peu accessible"... bientôt les objets connectés transmettront des milliards de données, également exploitables.
En France Netatmo fabrique ainsi des cartes de données météo à partir des installations météorologiques des particuliers !
Malheureusement les recherches, ainsi que les capacités de traitement de ces données sont localisées "à l'extérieur de la France"...
Redonnons un peu plus de liberté à nos pratiques administratives, et le vent soufflera du bon côté !
Le Washington Post se donne à Facebook
Les Echos du 23 septembre 2015
Facebook a lancé Instant Articles mais Apple, Google, Snapchat et Twitter veulent aussi devenir des géants de l’agrégation d'infos. - Les Echos
Une révolution dans la distribution numérique de la presse se profile.
Le vénérable « Washington Post » est devenu le premier journal établi à parier franchement sur une collaboration avec les nouveaux agrégateurs de contenus hyperpuissants qui pourraient révolutionner la distribution en ligne de la presse. Le quotidien américain racheté par Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, a en effet décidé de mettre la totalité de ses articles à disposition du service d’infos « Instant Articles » de Facebook. Parmi les publications qu’a réussi à embarquer le réseau social de Mark Zuckerberg, la plupart de ceux qui n’ont pas un modèle entièrement gratuit avaient jusqu’alors décidé de ne donner qu’un nombre limité d’articles ou de vidéos, le « New York Times » n’en proposant par exemple que 30 par jour (à comparer aux 1.200 du « Post »). Leur approche est plutôt expérimentale à ce stade.
Apple News en embuscade
Facebook a lancé son service en mai et était resté depuis relativement discret. Cet accord avec le « Washington Post », dont un dirigeant a déclaré à la presse américaine qu’il « serait idiot de rejeter une opportunité d’atteindre de nouveaux lecteurs », remet donc au devant de l’actualité l'arrivée de nouveaux acteurs sur le secteur de l’info.
Comme si l’entrée du géant Facebook ne suffisait pas, ce dernier se lance en effet à peu près en même temps que d’autres bastions du Web et de la « tech ». Apple a ainsi présenté en juin son application News, qu’elle devrait lancer dans les prochaines semaines. Snapchat a lancé Discover. Enfin, Google et Twitter travaillent sur des projets similaires sur mobile, avec des annonces attendues cet automne, si l’on en croit le site Re/code. Des mastodontes qui ont des chances de bouleverser les équilibres davantage que Flipboard, leur prédécesseur dans ce type de services, sur lequel on peut déjà lire le « Post » mais qui n’a pas la même envergure.
L’idée de ces géants de la « tech » ou du Net est d’inclure de l’information dans le fil de contenus de leurs membres, en plus des « posts » de leurs amis. Les lecteurs n’ont donc plus besoin de venir à l’info, c’est elle qui vient à eux. En outre, leur technologie permet un chargement instantané sur les smartphones, contrairement à ce qui se passe pour les applications des journaux et magazines, et un confort de lecture dernier cri. Enfin, Apple, Facebook ou Google maîtrisent des algorithmes puissants pour déterminer ce qui peut intéresser leurs clients.
Le dilemme, pour les éditeurs, est connu depuis l’annonce par Facebook, en novembre dernier, qu’il veut devenir « le parfait journal personnalisé de tout le monde ». Etre sur Facebook, dont le travail pour mieux mettre en avant ce type de contenus tiers ne fait que commencer, est un gage d’exposition à tous ses membres et, donc, d’ouverture à de nouveaux lecteurs. En même temps, les journaux et magazines peuvent perdre les avantages de l’exploitation de leur base d’abonnés. Même si Apple promet de leur laisser gérer une partie de leur publicité et assure que son application recréera le design de chacun des titres l’alimentant, ceux-ci risquent d’être réduits à fournir de la matière première à ce nouveau type de diffuseurs.
Une chose est sûre : les lecteurs sont de plus en plus volages. La part d’entre eux atterrissant sur un média grâce à un lien repéré sur un réseau social s’accroît sans cesse au détriment de l’entrée par la page d’accueil. Les éditeurs d’infos ne peuvent pas ne pas en tenir compte.
La loi numérique cible les données personnelles
LE MONDE ECONOMIE du 26 septembre 2015
Sarah Belouezzane et Martin Untersinger
Il n’a cessé d’être retardé, mais il arrive enfin. Le projet de loi pour une « République numérique » a été mis en ligne samedi 26 septembre au matin par le premier ministre, Manuel Valls, et la secrétaire d’Etat au numérique, Axelle Lemaire. Avec ce texte, le gouvernement a l’ambition d’accompagner la société dans sa transition numérique. L’exécutif souhaite en outre l’aider à relever les défis que cette révolution provoque.
Première étape, un processus d’élaboration législatif qui se veut innovant. Le texte a été conçu après de nombreuses consultations populaires organisées à l’aide d’un outil de participation en ligne. La version définitive du document est aujourd’hui à nouveau soumise à l’avis du grand public. Sa publication sur la Toile est destinée à permettre aux citoyens de la consulter, mais aussi de l’amender. Ces propositions feront l’objet d’un vote du public durant les trois prochaines semaines. Les vingt idées qui recueilleront le plus de suffrages seront examinées par le gouvernement, Mme Lemaire s’engageant même à recevoir leurs auteurs par petits groupes. Démocratie directe ? Pas tout à fait, répond la secrétaire d’Etat, qui parle plutôt de « démocratie contributive à un moment où la défiance à l’encontre du monde politique est très forte ».
« Il faut démontrer que les politiques publiques peuvent intervenir pour protéger les citoyens »
« C’est un dispositif inédit et expérimental en Europe et sans doute même dans le monde à ce niveau », indique la secrétaire d’Etat, qui reconnaît avoir dû faire face à de vives oppositions contre la démarche, mais aussi le contenu de la loi. « Il faut démontrer que les politiques publiques peuvent intervenir pour protéger les citoyens. Les outiller pour les rendre plus autonomes. C’est un moment historique dans l’histoire de l’Internet », insiste-t-elle.
Pourtant, le projet de loi présenté samedi explore des domaines bien moins vastes que ce qui avait été envisagé à l’issue de la première consultation publique en février. Fini les mesures en faveur des start-up ou encore celles visant à assurer la cybersécurité des entreprises et des administrations. La loi se concentre sur les données personnelles.
Ce recentrage ressemble à s’y méprendre à une dépossession de Mme Lemaire de certaines thématiques au profit d’Emmanuel Macron, son ministre de tutelle à Bercy
« La valeur, dans le numérique, ce sont les données, défend Mme Lemaire. Cela fonctionne à l’inverse de la logique du capital au XXe siècle, où des ressources matérielles devaient être accumulées, comme le pétrole. Aujourd’hui, pour créer de la valeur, il faut favoriser la circulation des données. »
Pour certains, ce recentrage s’apparente à une dépossession de Mme Lemaire de certaines thématiques au profit d’Emmanuel Macron, son ministre de tutelle à Bercy. Ce dernier s’intéresse en effet de plus en plus à l’économie numérique et multiplie les voyages et les rencontres avec les jeunes pousses. Il envisagerait d’ailleurs de consacrer une part de sa future loi, dite Macron 2, au financement des start-up et à l’innovation.
Portabilité des fichiers
Mme Lemaire balaie ces affirmations. Elle estime avoir fait beaucoup pour l’essor des jeunes pousses tricolores en dehors du cadre législatif : « Beaucoup de choses ne relèvent pas de la loi. On ne voulait pas d’un catalogue de mesures sectorielles. Il s’agit là de poser un cadre avec les “briques” nécessaires à la préparation de la société au numérique. »
Qu’à cela ne tienne, la loi Lemaire sera donc consacrée aux données. Et bâtie autour de trois axes : économie de la donnée, protection et confiance, accessibilité.
Le premier repose sur le principe de « l’open data » ou données ouvertes par défaut. En clair, cela signifie que les administrations, les services publics industriels et commerciaux (SPIC) et les établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) doivent rendre toutes les informations demandées par le public disponibles. Et ce, sous un format réutilisable. Il s’agira par exemple de chiffres de Pôle emploi, de données cartographiques de l’IGN ou encore des horaires précis de la SNCF.
Si un internaute souhaite cesser d’utiliser Facebook, il pourra par exemple récupérer toutes ses informations pour les transférer sur le réseau social de son choix
« Nous allons établir un droit de libre publication sur la base d’un volontariat des auteurs », se réjouit Mme Lemaire. Cette disposition ne concernera cependant pas les entreprises privées. Problème, les mesures de coercition contre les contrevenants demeurent inchangées et faire plier les administrations restera aussi long qu’aujourd’hui. La loi prévoit, en outre, la possibilité de croiser des bases de données administratives pour « une meilleure efficacité des politiques publiques » : l’Insee pourra par exemple croiser les numéros de Sécurité sociale avec les revenus des ménages.
Voila pour le premier axe. Très important, le deuxième consacre les principes de protection pour « redonner confiance aux citoyens ». Parmi les mesures phares, la portabilité des données : un principe qui permet de transférer tous les fichiers personnels stockés dans un service (Facebook, Gmail…) vers un autre. Si un internaute souhaite cesser d’utiliser Facebook, il pourra par exemple récupérer toutes ses informations pour les transférer sur le réseau social de son choix.
Droit à l’oubli pour les mineurs
Côté protection, la secrétaire d’Etat veut aller plus loin que ce que prévoit la loi de 1978 sur les données personnelles (celle-ci comprenait déjà un droit d’accès, de modification ou de suppression de ces fichiers). Le projet de loi présenté samedi veut donner aux internautes le droit de « décider des usages qui sont faits » de leurs données. Difficile d’imaginer des applications concrètes à ce droit dans un univers dominé par des géants du Net agissant dans le monde entier.
Autre question délicate abordée, celle de la mort numérique. Les services internet devront demander à leurs utilisateurs de laisser des instructions de gestion de leurs comptes après leur mort
La secrétaire d’Etat prévoit par ailleurs dans son texte un droit à l’oubli pour les mineurs. Ces fichiers devront être supprimés « dans les meilleurs délais » si une demande est faite en ce sens. Autre question délicate abordée dans le projet de loi, celle de la mort numérique. Les services Internet devront demander à leurs utilisateurs de laisser des instructions de gestion de leurs comptes après leur mort. Et ce, dès l’inscription. Veulent-il que leur compte reste actif ? Ou, au contraire, qu’il soit immédiatement supprimé ? Un ayant droit pourra-t-il disposer des photos ou de toute information disponible ?
Cette disposition concerne tout particulièrement les réseaux sociaux : Facebook a par exemple déjà commencé à mettre en place un dispositif de cette nature à l’heure où les familles se plaignent de plus en plus de l’usage fait des comptes de parent décédé.
Enfin, le dernier axe concerne l’accessibilité. Celle-ci suppose par exemple que les sites Internet ou les applications des grandes administrations soient mieux adaptés aux aveugles et aux malentendants, sous peine d’amende. Il s’agit par ailleurs, en cas de non-paiement des factures, de garantir le maintien d’un service « téléphonique restreint et un service d’accès à Internet (…) jusqu’à ce qu’il ait été statué sur la demande d’aide ».
Le projet de loi prévoit donc une série de mesures un peu techniques, dont il s’agira de voir si elles sont applicables. Notamment celles concernant des géants du Net, dont le champ d’action dépasse les frontières de l’Hexagone.
Garantir le secret des correspondances
Le projet de loi introduit une mesure qui pourrait fortement déplaire aux services de messagerie, au premier rang desquels Gmail de Google. Il leur est en effet demandé de respecter « le secret des correspondances ». Le « traitement automatisé » du contenu, du sujet ou des pièces jointes d’un message sera limité, sauf lorsqu’il s’agit « d’afficher, d’acheminer ou de trier » lesdits messages. Le texte tel qu’il est présenté exclut donc l’affichage de publicité personnalisée sur la base du contenu des e-mails. L’obligation est également faite au fournisseur de messagerie de « prendre les mesures nécessaires pour garantir le secret des correspondances », sans pour autant préciser lesquelles.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/09/26/la-loi-numerique-cible-les-donnees-personnelles_4772884_4408996.html#jB70eDM2HB6qPc2q.99
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