Plus léger, plus rapide !
30/11/2014
Le Macif 100, trimaran de 100 pieds...
Le "timing' est serré, entre la course du Rhum et le prochain "Vendée Globe challenge"...une année à peine pour concevoir, projeter et construire un nouveau bateau pour un "solitaire", qui a la pêche !
L'association de CDK et de Mutliplast, de l'architecte vannetais, Lauriot-Prévost prépare le lancement en juin 2015 du nouveau trimaran.
L'interrogation principale, après la Course du Rhum, où Spindrift 2 n'a pas réalisé ses objectifs, est la capacité d'un solitaire à gérer physiquement la fonctionnement des voiles, compte tenu de leur taille ! sur un tour du monde, qui est nettement plus exigeant que la Course jusqu'à Pointe à Pitre...
La force physique devient le paramètre "limite" de ces projets un peu fous !
François Gabart, un nouveau "Tabarly" ?
Gabart, un trimaran façon puzzle
Télégramme du 30 novembre 2014
Aline Merret
François Gabart est ravi de présenter les différentes innovations qui seront présentes sur son trimaran de 100 pieds, ci-contre la maquette du cockpit qui sera en grande partie fermé. (Photo Alexis Courcoux)
Le nouveau projet Macif est audacieux.
Les premières pièces de la future machine de François Gabart, un trimaran de 100 pieds, sont sorties des moules. La mise à l'eau devrait avoir lieu en juin. Des foils, un cockpit fermé, une cellule de vie à l'arrière : ce multi devrait surprendre. À peine rentré de Guadeloupe avec un nouveau titre en poche (vainqueur de la Route du Rhum en Imoca), François Gabart enchaîne. « C'est un départ lancé », sourit Jean-Bernard Le Boucher, responsable du programme mer Macif. En effet, il y a un an, le Charentais avait annoncé un nouveau cap : celui du trimaran de 100 pieds.
Jeudi, le vainqueur du dernier Vendée Globe a dévoilé quelques éléments de son futur 100 pieds « Macif M100 ».
Entre la coque centrale et la barre d'écoute construites chez Multiplast à Vannes, les flotteurs et bras de liaison construits chez CDK à Port-la-Forêt, les pièces du puzzle prennent forme. Tout cela sera assemblé dans quelques semaines chez CDK à Keroman à Lorient. « C'est la première fois depuis 1987 et le multi d'Olivier de Kersauson qu'on lance une construction d'un trimaran entièrement pensé pour un solitaire.
Celui-ci sera un peu plus grand et, surtout, devrait aller trois fois plus vite », lâche l'architecte Vincent Lauriot-Prévost.
« Cinq millions d'euros par an sur cinq ans » Pour en arriver là, « on a doublé le budget sur ce projet par rapport à l'Imoca », précise Le Boucher, avant d'ajouter : « On est désormais sur cinq millions d'euros par an sur cinq ans, pour l'amortissement du bateau, c'est-à-dire le fonctionnement du projet. Par contre, on ne communique pas sur le prix du bateau ». Gabart rêvait de faire un tour du monde en solitaire sur un trimaran depuis très longtemps. « C'est ça qui me fait rêver », avoue-t-il.
À 31 ans, il s'est donné les moyens d'y arriver. « Pendant mon Vendée Globe, je me disais que je voulais y revenir en trimaran. On est parti d'une feuille blanche. Il n'y a pas de jauge, pas de règles, pas de limites ni de contraintes », explique-t-il, à part une contrainte budgétaire et de temps. « C'est vrai que c'est intéressant cette liberté, passionnant même, mais en même temps compliqué. » En effet, les possibilités sont énormes, alors, il faut s'entourer des bonnes personnes.
À commencer par le cabinet d'architecte :
« On a travaillé avec François et son équipe sur le fait d'adapter la puissance de ce bateau à un solitaire. On s'est fixé une puissance de 145 tonnes/m (*). C'est une puissance entre celle de « Prince de Bretagne » de Lionel Lemonchois (70 tonnes/m) et celle de « Spindrift 2 » de Yann Guichard (200 tonnes/m) ». Ce qui surprend sur la maquette présentée, c'est la « finesse » des flotteurs et de la coque centrale. Antoine Gautier, responsable du bureau d'études, explique : « Jusqu'à présent, on s'est beaucoup focalisé sur l'hydrodynamique. Là, on a voulu améliorer l'aérodynamique. Toute la traînée qu'il y avait hors de l'eau. On a donc misé sur le fait de réduire les volumes avec des coques très fines et de réduire la surface de développé pour être encore plus léger. Il faut jouer sur la géométrie pour optimiser la structure ».
Et qui dit plus léger, dit plus rapide.
Des foils et un cockpit fermé Évidemment, depuis la dernière Coupe de l'America, une porte s'est ouverte vers les « bateaux volants ». « On aura bien entendu des foils mais pas pour faire voler le bateau, plutôt pour le stabiliser en longitudinal et soulager le flotteur sous le vent. Dans les cinq ans qui viennent, je ne pense pas qu'on réussira à faire un tour du monde en solitaire sur un bateau qui vole, mais ça arrivera. »
En juin 2015 à Port-la-Forêt
« D'ailleurs, pour tester les foils et choisir entre un foil classique en L ou un foil en T, on a acheté un Diam24 que l'on a trafiqué. On a fait notre choix, c'est la dernière chose que l'on a validée », précise Gabart. Ce sera un T. Les volets sur les safrans seront fixes. « Tous ces détails allégeront le bateau et permettront d'aller plus vite, tout en sécurisant le trimaran. Et plus c'est léger, plus ça va vite. Et la vitesse passe par la puissance », ajoute le skipper. Le petit tour à Port-la-Forêt a permis de découvrir la maquette du cockpit qui sera en grande partie fermé et la cellule de vie placée à l'arrière du cockpit. « On a tout regroupé au maximum.
Fermer le cockpit permettra de manoeuvrer en évitant les embruns et le vent.
En plus, en termes de sécurité, si le bateau se retourne, ça permet de rester à l'abri. Il sera possible d'atteindre sans souci des vitesses de 30 noeuds. Mais ce qu'il faut, c'est être capable de tenir une vitesse moyenne élevée et pas uniquement de faire des pointes. » Après 18 mois, le trimaran de 100 pieds devrait être assemblé et toucher l'eau en juin 2015. Il rejoindra alors son port d'attache... Port-la-Forêt. (*) Ce sont les voiles qui permettent de déplacer cette puissance et les voiles, c'est la force humaine. Il fallait donc une surface de voile possible à manipuler pour un seul homme.
Né le 23 mars 1983 à Saint-Michel-d'Entraygues (Charente); vit à Port-la-Forêt (29). 2014 : vainqueur de la Route du Rhum - Destination Guadeloupe en Imoca. 2013 : abandon sur la Transat Jacques Vabre avec Michel Desjoyeaux (démâtage); vainqueur du Trophée Azimut 2013 avec Michel Desjoyeaux; vainqueur de la Rolex Fastnet Race 2013 avec Michel Desjoyeaux. 2012 : vainqueur du Vendée Globe 2012-2013 en 78 jours, 2h16'40''. 2011 : vainqueur de la Transat BtoB; 4ede la Transat Jacques Vabre avec Sébastien Col. 2010 : champion de France de course au large en solitaire; vainqueur de la Cap Istanbul; 2ede la Solitaire du Figaro. 2009 : vainqueur Sélection Skipper Macif; 2ede la Transat Jacques Vabre avec Kito de Pavant. 2008 : vainqueur du classement bizuth de la Solitaire du Figaro; Skipper espoir Région Bretagne en Figaro Solo. 2004 : champion du monde jeunes Tornado. 2001 : préparation olympique Tornado avec Equipe de France jeunes. 1997 : champion de France Optimist.
MACIF M100 EN BREF
Architecte : VPLP. Chantiers : CDK technologie (maître d'oeuvre); Multiplast (sous-traitant coque centrale et barre d'écoute). Longueur : 100 pieds (30 m). Largeur : 21 m. Tirant d'air : 35 m. Tirant d'eau max : 4,50 m. Déplacement : 14,5 tonnes. Nombre de dérives : 3 (1 dérive; 2 foils). Surface de voiles au près : 430 m². Surface de voiles au portant : 650 m². En complément « Un tour du monde en solitaire me fait rêver » La construction de ce multi de 100 pieds a des objectifs précis : le tour du monde en solitaire contre des adversaires fin 2017 et la Route du Rhum 2018 avec quelques tentatives de records, entre-temps, pour optimiser le bateau et « apprendre », précise François Gabart. « J'ai fait les courses qui me faisaient rêver (Vendée Globe et Route du Rhum). C'est génial de participer à ces courses mythiques mais c'est aussi très excitant d'être là au départ de nouvelles épreuves. Et un tour du monde en solitaire avec plusieurs multis sur une même ligne, ça me fait rêver », lance le skipper de « Macif », des étoiles plein les yeux.
Plaisirs variés
Le projet est dans les cartons et avance a priori. Peut-être que pour la première édition, ils seront peu nombreux mais après... « Et puis, on a pensé ce bateau pour du solitaire mais si des courses en double, ou même en équipage réduit, se mettent en place, on s'adaptera et on ira », conclut celui qui va participer aux courses d'avant-saison en Diam24. Pour ne pas arrêter de naviguer en compétition. Le Tour de France ? « Ce n'est pas prévu pour l'instant, mais on verra. »
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