La perte du sens marin...
23/08/2014
Le CrossA d'Etel, au secours de vacanciers "inexpérimentés"...
La mer ne s'achète pas avec des billets de banque ou une carte plastique... Les réflexes des marins d'occasion manquent de professionnalisme et de lecture de la météo locale, pourtant très accessible aujourd'hui en baie de Quiberon !
Le coup de vent du 10 août 2014 a fait des dégâts avec des pointes à 45 nœuds...
Spationav et l'AIS facilitent aujourd'hui les opérations du CrossA. Il faut souhaiter une généralisation de l'AIS sur tous les bateaux de plaisance et l'obligation pour les sportifs solitaires de porter un téléphone mobile sous housse d'étanchéité...
Sémaphore de Kernavest et CrossA d'Etel, un point fort pour la baie de Quiberon !
Crossa-Etel, août 2014, très mouvementé
Télégramme du 23 août 2014
Vincent Varron
A gauche, Sébastien Roux, directeur du Crossa-Etel. A droite, les postes VHF (au mur) ont été remplacés par un système informatique, avec dispositif tactile pour sélectionner facilement les émetteurs sur la façade atlantique..
La première quinzaine d'août a été très intense pour les veilleurs du Crossa-Etel. Un nombre d'interventions record sur le département du Morbihan, rendu possible grâce à une nouvelle technologie de pointe et une organisation sans faille.
On se croirait dans l'Enterprise, le vaisseau de Star Trek. La salle des machines du Crossa-Etel est commandée nuit et jour par des veilleurs, où palpitent sur les écrans des milliers de signaux en provenance de l'océan. Des bips électroniques retentissent, comme les voix des gens de mer, à la fois proches et lointaines, émettant par radiocommunication, quelque part, entre la Pointe de Penmarc'h (29) et la frontière espagnole. La zone géographique où le Crossa-Etel a pour mission de prendre en charge la surveillance et la sûreté de la navigation maritime, ainsi que la coordination du sauvetage en mer.
« On vit ici un peu comme sur un navire »
Plusieurs milliers de km² d'eau passés au peigne fin par quelques hommes aux yeux rivés sur des merveilles d'électronique. SPATIONAV, par exemple, un outil de surveillance et de sécurité maritime avancée, qui intègre les données de 70 radars ainsi que des informations issues de systèmes d'identification automatique (AIS) le long des côtes. Ou, depuis 2013, le système MARYLIN, permettant d'analyser en temps réel toutes les données d'une situation, et améliorant la coordination avec l'ensemble des acteurs de la sécurité maritime. Mais travailler au Crossa-Etel n'en reste pas moins une aventure humaine. « On vit ici un peu comme sur un navire, 24 h sur 24, en travaillant par quarts. Il y a des cuisiniers, des chambres, un parc... », révèle Sébastien Roux.
« Une opération toutes les 7 minutes ! »
Le directeur du Crossa-Etel achèvera bientôt son premier été ici. Rien à voir avec le Cross Antilles-Guyane où il officiait auparavant, pour celui qui vient d'essuyer deux semaines très mouvementées.
Le 10 août par exemple, un record ! Des vents de NW, 30 Nd, avec des rafales à 45 Nd et un ciel bleu comme un piège. « Une opération toutes les sept minutes ! On est intervenu 79 fois, entre 8 h et 20 h. Les gens n'ont pas regardé la météo ». À l'accoutumée, le Cross gère de 20 à 40 opérations par jour à la belle saison, mais la première quinzaine d'août n'a laissé aucun répit aux 67 employés qui se relaient ici. « Des semaines qui sont sorties de l'ordinaire, plus chargées que les années précédentes. » Bilan, depuis le début de l'été, 1.000 opérations, environ 3.000 personnes assistées, et quatre décès ont été recensés.
« Une perte du sens marin »
Les interventions concernent surtout les pratiquants de loisirs nautiques : des kite-surf et des planches à voiles qui partent au large, des dériveurs qui ne resalent plus... En plaisance, des pannes moteurs et des lignes de mouillages qui lâchent le plus souvent, entraînant les bateaux à la dérive et à la côte. Dans l'ensemble, beaucoup trop d'imprudence, selon Sébastien Roux. « On a le sentiment que les consignes de sécurité ne sont pas respectées. Il y a une perte du sens marin, certainement dû au développement des loisirs. En mer, on se sent en liberté et on oublie vite que le moindre accident peut être dangereux ». Pire, le Cross peut être sollicité par ineptie ou incivilité. Le cas d'un voilier ayant perdu sa bouée et son feu à retournement dans la nuit, par exemple. Et dont le clignotement du feu attirera l'attention d'un autre navigateur, qui le signalera au Cross. Une telle situation justifiant tout à fait la probabilité d'un homme à la mer, l'intervention d'urgence et les recherches seront déclenchées... Et pourtant : « On a retrouvé le bateau dans le port, son propriétaire était bien conscient d'avoir perdu la bouée et le feu, mais n'avait pas pensé à le signaler... »
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