Femmes enceintes, handicapés et amortisseurs de voiture...

Ralentisseurs, pas tous dans les clous...
Télégramme du 14 octobre 2013

Selon Auto Plus, 30 % des ralentisseurs seraient hors normes (*). Difficile à vérifier. Mais qui n'a jamais pesté contre ces aménagements destinés à « casser » la vitesse, qui brisent aussi, parfois, le dos et les amortisseurs ?

Ah, ces ralentisseurs... Nombreux sont les témoignages pour dénoncer, ici ou là, qui un stabilisateur décroché de sa caravane, qui une béquille de remorque qui frotte, qui un « spoiler » arraché en franchissant un « gendarme couché ». Voire pour signaler un « dos-d'âne » particulièrement abrupt à proximité d'un hôpital, à Brest : « Merci pour les malades transportés en urgence... ». Est-il réellement possible de concilier sécurité routière et confort ? De faire ralentir les autos - puisque les conducteurs ne le font pas d'eux-mêmes - tout en évitant de secouer les occupants ? « Ce sont souvent les mêmes qui se plaignent de la vitesse excessive et qui tirent à boulets rouges contre les ralentisseurs », confie un élu morbihannais. À Langueux (22) où certains de ces aménagements sont bien raides, Michel Bougeard, adjoint à l'urbanisme et aux travaux, a tranché : « La différence se fait au niveau de la rampe d'accès. Si on veut vraiment casser la vitesse, il n'y a pas d'autre choix qu'une rampe d'un mètre. Ça fait tousser mais s'il y a un accident près d'une école, on pourra au moins se dire qu'on a fait le maximum. Si on passe à deux mètres, ce n'est pas efficace, les gens ralentissent à peine ».

Pas de solution idéale
Pour autant, l'élu reconnaît qu'il n'existe pas de solution idéale : « Il faut respecter les normes mais aussi l'environnement et le voisinage. Un ralentisseur, ça occasionne du bruit pour les riverains. Souvent, les gens en demandent la pose, mais pas à côté de chez eux. En tout état de cause, on n'installe pas ce genre d'aménagement par hasard. On procède à des comptages et analyses de vitesse au préalable. L'idéal serait d'installer plutôt des chicanes mais on manque souvent d'emprise en ville ».

« Pas tous aux normes »
Cela dit, si un « dos-d'âne » se doit d'être dissuasif, certains sont particulièrement « casse-reins ». Sont-ils vraiment aux normes ? À l'instar de nos confrères d'Auto Plus, il est permis d'en douter. Pour cet ex-agent de l'ex-Équipement, aucun doute : un certain nombre ne sont pas conformes, qu'il s'agisse de la hauteur (10 cm), de la pente de la rampe (de 7 à 10 %) ou, souvent, de la localisation. « Il est interdit d'installer un ralentisseur à moins de 200 m de l'entrée d'une agglomération. Or, on en trouve souvent à moins de 50 m. La DDE, qui était maître d'oeuvre pour les communes, en a fait démonter ou mettre aux normes. Aujourd'hui, les collectivités sont moins conseillées ». Dans les Côtes-d'Armor, les maires ont, toutefois, récemment bénéficié d'une formation par les services du conseil général sur la réglementation. Merci pour les femmes enceintes, les personnes qui souffrent d'un handicap et les amortisseurs des autos. Ça aussi, c'est de la sécurité.

* Enquête effectuée dans 23 communes de la région parisienne et en « province ».