Santé, centralisation à Lorient et à Vannes ?
22/06/2013
Comme dans les grandes entreprises, l'investissement porte sur les grands projets !
En léger décalage, Lorient et Vannes modernisent leur plate-forme hospitalière. A Vannes, les spécialistes se rassemblent dans le nouveau quartier de Tétenio, proche de la clinique Océane...
Cette modernisation et concentration des "spécialités" à Vannes laissent quelques îlots conservateurs dans la vieille ville ou intra-muros ! Bref, à l'image d'une zone industrielle, le "quartier médical" de Vannes attire désormais les patients du Morbihan et donc ceux de la presqu'île...
Les "réseaux", généralistes vers spécialistes, se modifient donc en fonction de l'investissement public (Sécurité sociale) et de l'investissement privé à Tétenio !
Chez les généralistes, les "soutiers de la médecine libérale", le goût de l'investissement immobilier n'est plus ce qu'il était. La concentration à Quiberon ne semble pas être une nécessité, avec le développement des communications directes par Internet entre généralistes, spécialistes et plate-forme hospitalière...
Ce qui "cloche" aujourd'hui est plutôt le mauvais travail en commun avec les officines pharmaceutiques ! Le chacun pour soi est dérisoire, lorsque la prise en charge financière est assurée par la Sécurité Sociale. Et aujourd'hui une grande partie du travail de "boutiquier" pourrait être assuré par un organisme départemental automatisé...
Si sur la presqu'ile les généralistes vont manquer, on souffre d'un trop plein de pharmacies !
Urgences à Lorient, un médecin va renforcer le service de nuit
Télégramme du 22 juin 2013
Le service des urgences était saturé à Bodélio. Il l'est aussi au Scorff. Pourquoi ?
À Bodélio, les locaux posaient problème. Très rapidement, on a fait face à des réclamations dans le nouvel hôpital. Ce qui n'est pas admissible. On ne voulait surtout pas reproduire sur Scorff ce que l'on a connu à Bodélio. Le service avait été organisé pour mieux faire face à l'activité, notamment avec l'arrivée d'un médecin de régulation. Un service d'hospitalisation est aussi directement connecté aux urgences. C'est une évolution très positive. Après il y a deux filières, une « longue » et une « courte ». En fait, très rapidement, l'activité des urgences a bondi de 20 % sans que l'on en connaisse véritablement les raisons. Le service a été saturé. Résultat, les équipes ont été débordées alors que l'on s'était organisé pour ne plus l'être. On va explorer plusieurs voies, et notamment celle de l'origine géographique des patients.
Quelles solutions pouvez-vous apporter ?
En juillet, les équipes vont être renforcées en première partie de nuit avec un médecin supplémentaire (deux médecins et deux internes actuellement), surtout pour la filière courte. On va ouvrir ce poste sur la base du volontariat à l'ensemble des praticiens, y compris à l'établissement de Quimperlé. C'est un outil de cohésion. Le brancardage a été renforcé. On va aussi travailler sur la fluidité entre le service des urgences et les services d'hospitalisation. De la même manière, une nouvelle organisation va être mise en place sur la filière de la petite orthopédie en lien avec le service orthopédie et le centre médico-sportif ainsi que sur la gériatrie. Tout cela devrait concourir à désengorger les urgences.
L'accès à l'hôpital était un des enjeux. Comment se passe cette desserte ?
Le flux des ambulances fonctionne et se régule. Des consignes de stationnement devront néanmoins être rappelées. Se pose le problème de l'arrêt de bus que les usagers souhaiteraient plus proche. C'est un objectif de la ville qui implique de redéfinir aussi la fréquence de rotation. Les traversées Lorient-Lanester par le parking compliquent parfois la fluidité du site. C'est un aspect que l'on va étudier.
Hôpital de Lorient, les services peuvent être fiers
Télégramme du 22 juin 2013
Jean-Yves Le Drian et Marisol Touraine. Peut-être François Hollande. L'inauguration de l'hôpital du Scorff, lundi 1er juillet, sera à la mesure du défi relevé par les services lors du déménagement. Retour avec Thierry Gamond-Rius, le directeur.
Comment a été vécu ce déménagement par les services ?
Sur le fond, ce déménagement peut être regardé comme un point final à la réorganisation de l'hospitalisation publique sur le territoire de santé de Lorient. Si le CHBS a aujourd'hui un volume d'activités qui lui donne sa place dans la région, c'est du fait de la fusion avec Hennebont, de la récupération de l'activité de l'hôpital militaire, des rapprochements avec Quimperlé, de la fermeture de la maternité du Ter... Un comité de suivi a été en place. J'ai rencontré les différents acteurs de l'établissement et je crois pouvoir dire qu'ils sont fiers de travailler au Scorff. Ce ne sont pas des mots en l'air. Les équipes sont dans la construction et la participation. Désormais, l'idée est déjà de se projeter sur le projet médical et sa dimension territoriale en favorisant les coopérations et les complémentarités. Le tout au service des patients.
Nouvel hôpital signifie nouvelle organisation ?
On avait retenu la formule d'un hôpital centré autour du patient. Avec deux priorités : simplifier l'accès des usagers et recentrer les équipes de soins sur leurs métiers. On a spécialisé certaines fonctions (hôtelières, bio-nettoyages...), professionnalisé les brancardiers et revu les circuits logistiques. Ce changement de fonctionnement a été important. À cela, il faut ajouter les changements de systèmes informatiques et de téléphonie. La réorganisation des secrétariats médicaux est d'ailleurs toujours en cours. Tout se met en place.
Quels sont les bénéfices de ce nouvel établissement ?
Tous les établissements qui ont déménagé ont constaté un effet positif sur leur activité. Le principal apport est la constitution de pôles de dimension médicale. À Bodélio, tous les services étaient dispersés. La cohérence sera un atout décisif. Exemple avec le pôle B qui rassemble la gastro-entérologie, la cancérologie et la chirurgie digestive. La gériatrie est connectée à l'orthopédie. La qualité de prise en charge sera meilleure. On va s'atteler à notre projet médical. Les points forts de l'établissement, on les connaît : l'activité de cancérologie (radiothérapie, hématologie), la cardiologie interventionnelle. Sur la chirurgie, on doit trouver notre place sur le territoire. Il faut conforter l'ORL et l'ophtalmologie. Il faut développer l'activité programmée de l'orthopédie et de la chirurgie digestive. L'innovation réside aussi dans le fait que l'on a conçu le plateau technique comme ouvert au territoire, y compris à des équipes privées. On doit ouvrir une réflexion sur la chirurgie pédiatrique.
Quel est le rapport entre l'hôpital et la médecine de ville ? Faut-il l'améliorer ?
La médecine de ville est demandeuse de relations directes et simplifiées avec les équipes médicales. L'hôpital public a toujours eu du mal à établir des liens. Et pas seulement à Lorient. Le nouveau mode de financement des hôpitaux à l'activité impose de revoir cette relation. Ce n'est pas qu'une nécessité économique car la société évolue. L'hôpital a de plus en plus de charges ambulatoires. Quand un médecin de ville a devant lui un patient et qu'il souhaite avoir un rendez-vous ou un avis médical, il ne doit pas passer par une multitude d'interlocuteurs. Notre taux de retours téléphoniques n'était pas satisfaisant. Nous avons envoyé un courrier aux médecins de ville pour leur indiquer les numéros de téléphones directs des médecins dans chaque discipline. On a surtout mis en place une plateforme téléphonique qui, par son volume et sa polyvalence, permet de répondre également aux demandes du public.
Quelle est la situation budgétaire de l'hôpital ?
Nous avons vécu une période transitoire en travaillant sur deux sites. Nous avons parallèlement beaucoup investi dans la formation. Autre élément, l'hôpital a dû faire face à une augmentation significative de l'absentéisme. Pour ces raisons, le déficit structurel est de 4 M€ (sur 220 M€) en 2012. L'hôpital a obtenu un accompagnement l'an passé, mais l'établissement, en contrepartie, s'est engagé à résorber son déficit sur deux exercices (2 M€ par an).
Les syndicats pointent souvent un déficit de personnel...
La question ne se pose pas ainsi. Pour répondre à l'absentéisme, on avait dimensionné des pools de remplacement. Ce dossier est aujourd'hui en voie de résolution avec moins de 2.000 jours d'absence. On a également travaillé avec les partenaires sociaux sur la prime et la surprime de service pour mieux valoriser le « présentéisme ». Conséquence, le budget s'en ressent et on a réussi à renforcer les équipes. Je tiens à rappeler aussi que les surcoûts d'amortissement, liés aux frais financiers des emprunts du nouvel hôpital, sont financés par une dotation de 10 M€ pendant vingt ans. Notre responsabilité est d'assurer l'équilibre financier pour le reste. Donc ces mesures ne sont pas destinées à payer l'hôpital car nous avons des crédits affectés pour cela.
Quels sont les autres dossiers à venir ?
Sur Kerbernès (220 lits en gérontologie), on sait qu'il faudra dix ans pour avoir un nouveau bâtiment. On va engager des travaux dans les deux années qui viennent pour améliorer la situation. La réflexion globale devra ensuite être menée avec Kerlivio. Dès le mois de juillet, on va mettre en place la direction commune avec les hôpitaux de Port-Louis et Riantec. L'idée est d'assurer la cohérence de la stratégie d'hôpital public. On parlera désormais d'une seule voix.
Propos recueillis par Régis Nescop
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