Et le nucléaire ?
28/04/2012
Dans un univers économique fluctuant, les bons choix d'investissement doivent être calculés !
La "politique" avec ses slogans à l'emporte-pièce masque souvent les questions de fond !
Les "centrales" à gaz ont cet avantage d'être construites rapidement (3 ans environ), à proximité d'un port gazier et de pouvoir "fonctionner à la demande" avec beaucoup de souplesse.
Mais le "diable" se loge toujours dans les détails. Pourquoi a-t-on voulu indexer le prix du mètre-cube de gaz sur celui du baril de pétrole ? Parce que les producteurs et les compagnies d'exploitation des gisements gaziers sont en général des exploitants de puits pétroliers, parce que les Etats, dont dépendent les gisements, veulent leur part de la rente (Norvège, Grande Bretagne, Algérie et Moyen Orient).
Résultat : la rentabilité des investissements gaziers est inversement proportionnel à la "pénurie" pétrolière mondiale et à la pression du Cartel des producteurs.
Le calcul économique a beaucoup de mal à aboutir à des résultats pertinents dans une ambiance de fluctuation permanente des cours !
Le "nucléaire" est moins souple, mais les prévisions sont valables sur période moyenne ! Les "écolos" seront cette fois-ci d'accord !
Centrale au gaz, quelle rentabilité aujourd'hui
Télégramme du 28 avril 2012
Les débats enflent autour de la rentabilité des centrales au gaz. La cherté du gaz, dont le prix est indexé sur celui du pétrole, pourrait entraîner la fermeture de plusieurs sites en Europe. En France, une centrale a été placée sous procédure de sauvegarde. Mais DirectÉnergie soutient que le projet de Landivisiau(29) est viable.
Il y a un mois et demi, la centrale électrique à gaz combiné de Pont-sur-Sambre (Nord), gérée par le groupe Powéo, a été placée sous procédure de sauvegarde. Inauguré il y a trois ans, cet outil d'une capacité de 412mégawatts (MW), comparable à celui de Landivisiau (450MW), n'est plus rentable. Parce que son gestionnaire avait signé un contrat d'approvisionnement en gaz dont le prix était indexé sur celui du pétrole qui, comme chacun le sait, ne cesse d'augmenter. D'après le quotidien Les Échos, qui a repris l'information dans son édition de mercredi, la centrale (300M€d'investissement) aurait perdu plusieurs dizaines de millions d'euros.
Des sites menacés de fermeture
D'autres sites européens sont frappés de la même manière. D'après UBS, la banque d'investissements suisse, les compagnies européennes pourraient fermer jusqu'à 10.000 MW de capacité d'ici à 2014. «Dans ce contexte, je m'étonne qu'on continue à soutenir un projet comme celui de Landivisiau, commentait, hier matin, le conseiller régional UDB, ChristianGuyonvac'h. Le modèle économique ne tient pas debout. Surtout quand on sait que le prix de l'électricité sur le marché européen a baissé et que la consommation a chuté». La faute à la crise financière et économique, selon les analystes. «Ce scénario n'était pas du tout envisagé dans le cadre du pacte électrique breton dont il faut revoir la copie».
Une rémunération à la capacité
Pour ChristianGuyonvac'h, qui est aussi membre du collectif d'opposants à la centrale Gaspare, seule une tarification à un prix «démentiel» permettrait à Direct Énergie, propriétaire du site, de s'en sortir. Contacté hier, Xavier Caïtucoli, P-dg de Direct Énergie, a expliqué qu'il n'était pas inquiet «même si des incertitudes planent sur les premières années de fonctionnement. Le contrat signé à Pont-sur-Sambre était défavorable. Le tribunal de commerce l'a reconnu et l'a annulé. Pour ne pas retomber dans ces travers, un projet de rémunération à la capacité est dans les cartons. Il porterait sur la capacité à répondre à une forte demande. Une sorte d'assurance pour le réseau qui ne connaîtrait pas de black-out». D'ores et déjà, Direct Énergie a obtenu le versement d'un montant annuel fixe de 40M€ annuels versés par le Service public de l'énergie qui viendrait en sus de la facturation de l'énergie produite.
4.000heures par an
Le contrat de fourniture de gaz n'ayant pas été signé, XavierCaïtucoli ne sait pas quelle en sera la teneur. L'objectif pour son groupe étant d'obtenir, bien entendu, un prix non indexé sur celui du pétrole. Xavier Caïtucoli annonce, aussi, que la centrale de Landivisiau est prévue pour fonctionner 4.000heures par an (*), soit 166journées pleines. On est bien loin de la feuille de route du pacte électrique breton qui prévoyait une unité d'appoint fonctionnant quelques jours par an pour écrêter les pics de consommation. Dominique Ramard, conseiller régional chargé du dossier, en convient. «Le potentiel de la centrale nous permettra de réguler la tension sur toute la région, d'apporter un appoint quand les énergies renouvelables ne produiront pas. Mais elle nous permettra aussi d'envisager sereinement une augmentation de la consommation. C'est un outil de transition énergétique». Reste qu'il aurait été préférable d'annoncer la couleur tout de suite.
* Le seuil de rentabilité d'un tel outil est fixé à 5.000 heures annuelles par l'Agence internationale de l'énergie.
• Didier Déniel
1 commentaire
Etant donné qu'il n'y a pas (ou presque pas) de minerai d'uranium en France, l'idée largement répandue de notre indépendance énergétique liée au nucléaire est totalement fausse.
Nous sommes entièrement dépendants des pays fournisseurs, situés pour beaucoup au Sahel dont la stabilité politique n'est pas garantie.
Quant à la pénurie, elle viendra, comme pour toutes les sources d'énergie fossile.
J'espère n'avoir pas proféré de slogan à l'emporte-pièce...Le débat est ouvert
L'avenir est sans aucun doute, que cela plaise ou non, dans le passage aux énergies renouvelables et surtout aux économies d'énergie.
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