Droit ou Coup de force ?
10/12/2011
La "politique" locale est trop soumise à des groupes de pression, qui sont violents !
La profession d'ostréiculteur se porte très mal ! Résultat, fermeture de chantiers et bâtiments délaissés, qui polluent le paysage... Que de bassins immondes en béton subsistent bien après le départ des exploitants...
La loi "littoral" interdit aujourd'hui toute nouvelle construction dans la bande des 100 mètres et il est "normal" que de futurs résidents s'installent dans ces bâtiments abandonnés au bord de l'eau.
La "politique" fait à Plouharnel une intrusion étonnante dans une affaire banale. Gégé est fatalement au courant de la mutation et du raccord à l'égout. Mais il change de "cheval", car quelques gros bras, électeurs à Plouharnel, tentent par la force d'empêcher la poursuite des travaux. 2014 n'est plus très loin et l'étendard d'une drôle de loi (le changement de destination d'un chantier ostréicole) est brandi.
Quelle que soit l'issue de cette affaire on peut se poser quelques questions : la défense d'une profession ne passe pas par des coups de force, qui devraient être condamnés, notamment par les élus locaux... l'avenir de cette côte est dans le partage entre "chantiers" et habitat privé selon le futur PLU de Plouharnel et en tenant compte du récent PPRL... La "propriété privée", qui est le point fort de notre Droit Civil, doit être protégée en priorité par nos élus de la République... et non bafouée par quelques écervelés de la "Côte"...
Plouharnel, le chantier ostréicole n'est pas une maison
Télégramme du 7 décembre 2011
Face à la baie de Plouharnel, un couple a entrepris de réhabiliter un chantier ostréicole désaffecté depuis 15 ans. Au nom du métier et de la loi, les ostréiculteurs s'y opposent.
À l'écart des axes routiers, la zone ostréicole du fond de la baie de Plouharnel est un petit paradis. Un jeune couple de Carnacois y a trouvé son rêve: un bâtiment les pieds presque dans l'eau, avec une vue imprenable sur la baie, que monsieur a figé en fond d'écran sur son téléphone. «Nos enfants ont hâte de venir habiter ici», confirme madame.
Action symbolique vendredi
Mais il y a un hic: le bâtiment en question est un ancien chantier ostréicole. Or, une loi interdit le changement de destination de ces chantiers, y compris lorsque ceux-ci figurent sur le domaine privé -par opposition au domaine public maritime- ce qui est le cas. «Il y a deux ans, lorsqu'on a acheté, on nous a précisé qu'on ne pourrait pas toucher au bâtiment», reconnaît monsieur. De fait, le couple n'a pas sollicité de permis de construire. À l'extérieur, il s'est contenté, depuis quelques semaines, de changer les huisseries. Et aussi de poser les fondations d'une future terrasse. Mais à l'intérieur il a entrepris de transformer le rustique chantier en véritable maison d'habitation, avec réseaux, cloisons, escalier tout neuf, etc. «La salle de bain a même été livrée ce matin», fustigeait, hier, Sébastien Lemoine, le président du syndicat des ostréiculteurs de Carnac, bien décidé à s'opposer à ce changement de destination. Avec quelques ostréiculteurs de la baie, ils ont programmé pour vendredi une action symbolique consistant à empêcher les ouvriers d'accéder au chantier. Déjà, lundi matin, un énorme bloc de granite de «deux ou trois tonnes» barrait l'accès...
«Le maire a fait le nécessaire»
Les autorités publiques sont sur la même ligne que les ostréiculteurs. Hier après-midi, l'adjoint au maire, Michel Perrin, s'est rendu sur le chantier, en compagnie de gendarmes de Carnac. «Le maire a fait le nécessaire», indique l'adjoint. «Une lettre recommandée est partie». Cerné et un peu désemparé, le couple met en avant son rêve et s'éloigne du terrain juridique pour brandir une forme de bon sens. «Ce chantier, il était à vendre depuis 15 ans, aucun ostréiculteur n'en voulait. On nous a laissé acheter et nous raccorder au tout-à-l'égout et maintenant...». En face, les ostréiculteurs ont la loi pour eux. Et une autre forme de bon sens qu'on peut ainsi résumer: une zone ostréicole n'est pas une zone résidentielle. Et il est d'autant plus important de sanctuariser l'estran que la période est difficile et la spéculation immobilière florissante.
• Benoit Siohan
Plouharnel, le coup de colère des ostréiculteurs
Télégramme du 10 décembre 2011
À Plouharnel, les ostréiculteurs s'inquiétaient de l'aménagement d'un ex-chantier en habitation par un couple de particuliers. Ils ont manifesté devant la propriété, hier.
Comme annoncés (Le Télégramme du 7décembre), une quinzaine d'ostréiculteurs du secteur de la baie de Quiberon étaient présents, hier, dès 8 h, devant la maison en rénovation à Plouharnel. Maison ? C'est ce qu'ils contestent. Car le lieu est en fait un ancien chantier ostréicole. Le but de ce rassemblement matinal était d'empêcher les ouvriers d'accéder au chantier. Ouvriers, qui ne sont pas venus. Devant la propriété, un tas de coquilles d'huîtres a été, déposé. «Tout ce qu'on demande, c'est que la loi soit appliquée. Sur les actes de vente, les choses sont claires. Même les ostréiculteurs, depuis une quinzaine d'années, ne peuvent plus aménager un local ostréicole pour en faire un lieu d'habitation. Les chantiers doivent rester des chantiers, sinon c'est la mort de la profession à court terme», explique Sébastien Lemoine, président du syndicat des ostréiculteurs.
Le procureur saiside l'affaire depuis jeudi
Quelques heures après, le groupe a appris que le préfet a enclenché une procédure à la suite de la lettre recommandée envoyée par la mairie et du syndicat des ostréiculteurs. Le procureur est, depuis jeudi, saisi de l'affaire. Du côté des ostréiculteurs, c'est la satisfaction:«Si on laisse faire ici, ajoute Yvon Morice, on ne pourra plus s'opposer ailleurs. D'autres chantiers ont été rachetés dans le secteur. Pour le moment, il n'y a pas de travaux, mais on sera vigilant».
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