Soins de proximité ? Qui va payer ?

Santé, le cabinet médical de Quiberon risque de disparaître
Télégramme du 3 décembre 2011

Maison ou pôle de santé, la question agite tous les professionnels de santé. L'échéance est proche: le 1erjanvier 2013, si rien n'est fait, le service radiologie, par manque de repreneur, risque de fermer, tout comme le laboratoire d'analyses. Des disparitions qui se feraient au détriment des 7.398habitants de la presqu'île et des milliers de vacanciers. Selon la majorité des professionnels de santé, l'urgence actuelle est de trouver un terrain pour construire une structure adaptée, avec médecins, laboratoire, radiologue, infirmiers, kiné, diététicienne, etc. «Et pourquoi pas faire venir des spécialistes? Cela éviterait des complications, explique une infirmière. La population vieillit. C'est important de donner la possibilité, à ceux qui le souhaitent, d'être maintenus àdomicile au maximum. Se rendre àAuray pour une prise de sang une fois par an, ça va... Mais à 80 ans, c'est au minimum une fois tous les quinze jours!».

Laboratoire : des locaux actuels pas adaptés
Pour poursuivre son activité, le laboratoire d'analyses doit obtenir, en 2012, la norme Iso 9001 (système de management de la qualité), mais aussi et surtout la norme Iso15189 pour le 1erjanvier 2013. À défaut, il leur faudra au moins prouver qu'ils se sont engagés dans cette voie de certification, puis poursuivre les efforts pour l'obtenir avant 2016. Or, la configuration actuelle du laboratoire ne lui permettra pas d'obtenir cette dernière accréditation. Le docteur Annie Le Goff, qui y travaille, a mis en place une enquête de satisfaction sur les locaux actuels (accueil, prélèvement, rendu et remise des résultats, contacts téléphoniques): «L'analyse des centaines de réponses indique clairement que les locaux manquent de confidentialité et ne sont pas adaptés. Et ce qui inquiète par-dessus tout, c'est l'éventuelle fermeture du laboratoire».

Les craintes du radiologue
Quant au docteur Benoît, radiologue, il est catégorique: «Il faut absolument maintenir et même développer l'offre de soins existante. L'éloignement hospitalier et le voisinage des îles nécessitent des soins immédiats et urgents!». Alors qu'il devrait être en retraite depuis plus d'un an, il continue, faute de repreneur, «dans l'intérêt collectif». Mieux, il a même mis en place récemment, une première en Bretagne, un système de téléimagerie entre un hôpital public (Belle-Île) et un cabinet privé. L'adhésion au réseau Télé santé Bretagne lui permet d'effectuer un diagnostic à distance. Il renvoie la balle dans le camp des élus: «La municipalité doit construire ce pôle, c'est l'urgence! Si rien n'est fait, le cabinet fermera, seul restera le manipulateur, les radios seront transmises à un centre d'interprétation, au détriment des malades et des blessés. Ce sera une très grosse perte de temps».

Cabinet médical, une réponse pour le premier semestre 2012
Télégramme du 3 décembre 2011

Yves Chelin, adjoint à la solidarité et au logement, a organisé trois réunions depuis janvier avec les professionnels de santé et le cabinet Hippocrate, chargé de l'étude du projet. Il fait le point sur la situation.

Selon les professionnels de santé, il y a eu peu d'avancées: le laboratoire d'analyse et le cabinet d'imagerie médicale sont sur le point de disparaître. Que fait la municipalité pour répondre àleurs attentes?
Le constat est là. La presqu'île est isolée, à50kilomètres de Vannes, la population vieillit, les médecins généralistes aussi... Face à ça, il faut impérativement garder le laboratoire d'analyses et le cabinet de radiologie. Si ce site n'est pas attractif, on n'attirera pas de jeunes médecins. Consciente des difficultés, une étude de faisabilité est en cours, avec le projet de mise en route en 2013. Nous voulons permettre à certains spécialistes (cardiologie, ophtalmologie, dermatologie) de suivre leurs clients.

Comment la commune accompagne-t-elle ce projet ?
La commune interviendra dans la recherche de terrains. Des négociations sont en cours, mais le projet immobilier doit être porté par les professionnels de santé. Pour le futur bâtiment, plusieurs solutions sont possibles: un bailleur social, la municipalité, les professionnels de santé, un pôle permettant d'agrandir la structure. Nous travaillons en bonne collaboration avec l'ensemble des professions de santé et nous leur fournirons une réponse pour le premiersemestre 2012.