La liberté d'écrire ?
21/09/2011
Ecrire "à l'ancienne" ou écrire "dans notre temps" ?
La photographie numérique a fait naître et multiplier de nombreux talents ! La facilité et la qualité des nouvelles prises de vue rendent accessibles le "photo-reportage" familial avec l'édition à la demande de "livres-photo" de haute qualité.
De même la généralisation des outils informatiques pour rédiger et inscrire "en numérique", le partages d'espace de stockage sur le Net et la diffusion des "e-books" et "tablettes" créent une "chaîne de lecture" à faible coût !
Mais ce qui est possible pour le plus grand nombre ne doit pas masquer les chances du succès : le talent !
C’est la nature même des livres qui est en train de changer
Le Monde.fr du 19 septembre 2011
Contrairement à ce qu'on aurait pu passer, le Graal de la numérisation des livres ne repose pas sur le fait de rendre disponible tous les livres qui ont été édités par le passé, comme nous le laissait penser le projet de numérisation de Google. Le passage par le numérique consiste avant tout à faire naître de nouvelles formes de livres. La numérisation ne consiste pas à redonner naissance à des formes anciennes, mais avant tout à faire naître et se multiplier des formes nouvelles - même si celles-ci ne sont pas forcément particulièrement innovantes.
Le numérique, en proposant une nouvelle place de marché et de nouvelles formes de distribution, plus accessibles à de nouveaux entrants et moins coûteuses que le livre traditionnel, propose de renouveler considérablement le marché du livre. Si le livre traditionnel ("homothétique" comme le décrivait le rapport Zelnik) est parfois encore hésitant à se rendre au numérique, ce n'est pas le cas de nouvelles formes, qui proviennent d'autres acteurs que les acteurs de l'édition traditionnelle.
Certes, ces nouvelles formes ne dominent pas encore les ventes, même si parfois elles s'immiscent dans les classements des meilleures ventes au format numérique. Mais elles se disséminent déjà dans tous les tuyaux de diffusion, faisant apparaître de nouveaux contenus et aussi bien sûr, de nouveaux auteurs. Nous avions déjà souligné le boom de l'auto-édition et de l'édition personnalisée... Il faut lui ajouter, le boom de l'édition purement numérique et ses nouvelles formes : des formes courtes le plus souvent, vendues à des prix inférieurs à ceux du livre de poche, mais finalement très adaptées à ces nouvelles places de marchés. Aux Etats-Unis ces nouveaux entrants s'appellent par exemple Atavist ou Byliner. En France on pense à Publie.net, à Walrus Studio, à NumerikLivre... (voire la liste des pures players recensés par Lorenzo Socavo, même si il s'y mêle un peu tout...).
Comme le rappelle le New York Times, ce sont aujourd'hui des groupes de presse qui font leur entrée sur ce marché et viennent vendre eux-mêmes des livres au format électronique, qu'ils soient des compilations d'articles par auteur ou sujet, des nouvelles ou de brefs essais (le New York Times avec Open Secrets ; le Huffinghton Post avec How we won ou Great Recession, utilisant les services de BookBrever ; mais c'est également ABC News, Politico, le New Yorker, le Boston Globe ou encore Vanity Fair qui s'essayent à ce marché...). En France, Owni a lancé les siens. InternetActu.net s'apprête également à s'y lancer en partenariat avec Publie.net dans le cadre de la collection Washing Machine que je dirigerais... Et je suis persuadé que bien d'autres acteurs de la presse traditionnelle ou pure players vont suivre à mesure que les supports seront accessibles et que les ventes de livres numériques vont commencer à frémir.
Les Single d'Amazon jouent un rôle central dans cette stratégie (voir les conditions du Label Single expliquées par eBouquin.fr) en offrant une place de marché structurée pour ces formats courts, avec des partenariats prestigieux, comme les TEDbooks. On peut supposer que bien d'autres partenaires seront demain intéressés à proposer leurs contenus sous ces nouveaux formats, à la recherche d'un potentiel nouveau marché ou cherchant juste à rendre leurs contenus accessibles à d'autres formes de lecture électronique que la lecture en ligne... Cours en ligne, somme d'articles de blogs, varia de papiers de recherche, fan fictions... : les agrégats imaginables sont multiples.
Comme le dit Jon Meacham éditeur chez Random House et à Newsweek : "Nous pensons que la nature du livre est en train de changer. La ligne de séparation entre les articles et les livres devient toujours plus ténue."
Le numérique brouille les questions. Ce n'est pas tant la numérisation du patrimoine qui est en jeu, que la recherche, pour bien des acteurs, de nouveaux modèles économiques et d'accès. L'arrivée des supports et des plateformes permettent d'envisager à de nouveaux entrants d'accéder à la vente unitaire...
Je ne suis pas sûr qu'elle rapporte beaucoup d'argent à tous ces acteurs, notamment pour beaucoup par manque de stratégie. Mais je suis convaincu que l'essentiel de l'explosion des volumes du livre au format numérique ne sera pas le fait du livre "homothétique", mais bien de l'arrivée de nouveaux livres. De livres "spam", comme le dénonçait Virginie Clayssen avec raison, mais d'abord et avant tout de nouvelles formes de livres, qui n'ont pas le papier pour origine ni comme but ultime. Cela signe surtout l'arrivée de nouveaux auteurs et de nouveaux contenus dans des formes de plus en plus nativement ou exclusivement numériques.
A nouveau, ce qu'annonce le numérique, ce n'est pas la disparition de la culture livresque, mais bien son explosion.
1 commentaire
"Mais ce qui est possible pour le plus grand nombre ne doit pas masquer les chances du succès : le talent !"
n'était ce pas déja la condition sine qua non au succès ?
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