Drames ici et ailleurs
24/11/2010
Transports Le Gal, grève à rebondissements
Télégramme de Brest du 23 novembre 2010
Négociations à haut risque aux Transports Le Gal. La société, en cessation d'activité, fait l'objet d'une offre de reprise du groupe Malherbe. Inquiets, les grévistes exigent des garanties. Hier à 22h, ils ont voté la levée de la grève.
Dimanche soir. Le personnel des Transports Le Gal se met en grève (la première depuis 30 ans) et s'installe devant les grilles pour une longue nuit. Ils ne sont que 30 à 22 h mais au fil des heures d'autres chauffeurs se joignent au mouvement. Jean-Michel Robert, délégué CFDT, abat ses cartes: il exige un rendez-vous avec Alain Samson, Pdg du Groupe Malherbe à l'origine de la seule offre de reprise de l'entreprise Le Gal, pour obtenir des garanties sur l'emploi et les conditions de travail chez Malherbe. Il demande la reprise de 75 et non 66 des 125 salariés.
Lundi, 6 h. Les salariés sont toujours là. Xavier et Anthony, conducteurs, ont les traits tirés: «On a dormi trois heures et la nuit a été froide. Mais le moral est bon».
8 h. Christian Le Gal, directeur, arrive et dialogue en vain avec les grévistes. Il ne comprend pas le mouvement: «Il y a eu communication: les salariés ont vu Malherbe il y a quinze jours et il a été clair. Au tribunal, il n'y a eu aucune remarque des salariés... Les rendez-vous, ils les auront. Pas besoin de faire grève. D'autant plus que le tribunal de commerce ne se prononce que mercredi». Au téléphone, on rassure les clients... L'enjeu est important: sur le parking, les camions chargés attendent et la société n'a pour seul actif que son portefeuille clientèle que Malherbe se propose de racheter de même que l'enseigne.
10 h. Maître Sophie Gauthier, administrateur judiciaire, arrive et rencontre Christian Le Gall. Elle va à la rencontre de Jean-Michel Robert mais ce dernier exige de la rencontrer accompagné de Jean-Paul Le Dantec, secrétaire régional CFDT Transports et lui demande de patienter plus d'une heure. Celle-ci s'étonne: «On est en plein contexte procédural et il n'y a pas eu de préavis. Il y a une inquiétude mais le cadre légal pour répondre aux observations c'est le comité d'entreprise de lundi prochain. Attention à ne pas porter préjudice, il faut laisser à l'entreprise toutes ses chances».
14 h 45. Averse! Les salariés se replient dans les garages avec les représentants syndicaux et l'administrateur. Au fil des heures se crée un clivage: d'un côté les jusqu'au-boutistes partisans de la poursuite de la grève et de l'autre ceux qui voudraient reprendre le travail. Car la poursuite du mouvement jusqu'à mercredi fait peser un gros risque: le retrait de Malherbe et la liquidation pure et simple des Transports Le Gal.
16 h. Les syndicats entament une longue négociation avec Alain Samson par téléconférence.
19 h. Malherbe propose: le maintien des contrats comme définis à l'origine (169 h) avec paiement des heures supplémentaires s'il y a lieu, une plage horaire plus large pour les sédentaires (8h-20h) la journée de grève payée, la priorité aux courses de 300km, et limiter le national aux régions Est et Rhône Alpes... Les contrats seraient repris pour trois ans. 42chauffeurs seraient gardés pour les longues distances et douze pour les courtes distances, selon une source proche des négociations.
20 h. Les salariés votent à bulletin secret pour la poursuite de la grève (48 pour et 30 contre). Le point d'achoppement: les heures supplémentaires. Christian Le Gal rappelle Alain Samson qui apporte des précisions: 186 h pour les longues distances et 180 pour les courtes. Renégociations...
22 h. Les grévistes votent la levée de la grève. Les négociations se poursuivent ce matin.
Thalasso de Quiberon, nouveau débrayage du personnel hier matin
Télégramme de Brest du 23 novembre 2010
Vendredi 19novembre, 70 employés de l'institut de thalassothérapie de Quiberon avaient débrayé deux heures, pour protester contre leurs conditions de travail. Hier, le personnel a à nouveau cessé le travail, de 9h à midi. Car «malgré quelques avancées sur les salaires, des décisions sur la modernisation et le travail du dimanche, rien n'a été signé», rapporte Colette Lebail, déléguée CFDT, à l'issue d'une réunion entre la direction et une délégation du personnel gréviste.
Pressions
«Aucune reconnaissance salariale, aucun respect de la personne: le débrayage, c'est le seul moyen de nous faire entendre, estime un employé, assurant: Nous aimons notre entreprise, nous lui donnons tout. Et la qualité des soins est d'ailleurs unanimement reconnue par les clients». «En 26ans de bons et loyaux services, mon salaire a augmenté de 190€ seulement. Vous trouvez cela normal?» tempête une employée. Une hôtesse d'accueil ajoute: «Avec 31ans d'ancienneté, plus le travail du dimanche, je gagne 1.000€ par mois», déplore une hôtesse d'accueil. «Respect du personnel, arrêt des pressions sur le lieu de travail, hausse des salaires, reconnaissance de la personne»: ces revendications étaient soutenues hier matin par l'ensemble des personnels de l'institut, soit plus de 70personnes, rejoints par des cadres et des agents de maîtrise. Selon les grévistes, le mouvement a aussi reçu quelques encouragements de la part de curistes. Quelle sera la suite? Tout dépendra de la prochaine rencontre entre les syndicats et la direction, qui n'a pas souhaité réagir.
Pourquoi le travail disparaît-il en France ? Pendant ce temps les "chinois" travaillent...
Dans ces deux conflits proches de nous, que peut-on constater ?
La "crise" lamine les résultats économiques des entreprises en raison de la chute des commandes ou la perte de clients et de la hausse des coûts salariaux !
Alors remettre en cause des "années de prospérité" et d'emploi facile à la Thalasso, c'est très "frustrant" ! Mais la concurence, n'est plus seulement en France, elle se retrouve désormais sur les rives de la méditerranée, avec des prix moins cher !
Dans le transport routier, les grandes entreprises sont en concurence directe avec les "petits" et leur deux camions, qui tournent jour et nuit, avec les chauffeurs "polonais", qui ne réclament pas d'heures supplémentaires... Et les contrats filent vers ceux qui sont moins cher !
Aujourd'hui, le marché est piloté par la "demande", qui peut facilement comparer les prix des prestations. Les entreprises, qui ne sauront pas s'adapter pour "x raisons", sont condamnées.
Et "nos pleureuses syndicales" diront, c'est la "faute au patronat" !
3 commentaires
Explication trop simpliste et lapidaire pour être réelle et sérieuse. Ce n'est pas aussi "simple" que vous semblez le croire (Hélas)
La Thalasso fait parti du groupe Accor.
Chiffres d'affaire au 30 juin 2010: 2849 millions d'Euros.
Capitalisation boursiére au 31 juillet 2010:5666 milions d'Euros.
Les employés sont exploités,1000 Euros par mois ,aprés 30 ans d'ancienneté est un véritable scandale,vu les bénéfices fait par le groupe.
Que peuvent faire c'est derniérs,pas grand chose,s'ils se plaignent,on leurs diras qu'il y a une liste d'attente,pret a prendre leurs places.
Cruel dilemme ,se battre au risque de perdre son emploi ou dire amen et tout accepter?
De jeunes méres de famille font tous les jours plus de 8o km pour venir au travail,je suis entiérrement d'accord avec eux pour qu'ils obtiennent les revendications demandées
M. Jeanbart,
Les "années de prospérité" et "d'emploi facile" à la Thalasso, c'est dans vos rêves.
Les syndicats ne sont pas des "pleureurs".
Ce sont des partenaires sociaux reconnus, indispensables et incontournables que cela vous plaise ou non.
Face à une direction arrogante qui, d'une part, mégote sur les augmentations, les primes du dimanche, traite ses employés comme des pions interchangeables, etc.... et qui, d'autre part, décide de fermer l'établissement pour au moins 5 mois de travaux (20 à 25 M.€ !) mettant 300 salariés en formation ou au chômage technique (indemnisé à 75%), que feriez-vous?
Suivre la loi du marché et aller bosser en Tunisie pour 300€?
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